Jean-Claude Reding: «La trajectoire budgétaire définie par le gouvernement n’est pas la bonne.» (Photo: Julien Becker )

Jean-Claude Reding: «La trajectoire budgétaire définie par le gouvernement n’est pas la bonne.» (Photo: Julien Becker )

Monsieur Reding, quel est l’événement qui vous a le plus marqué dans votre secteur d’activité au cours de ces derniers mois?

«C’est la politique économique européenne qui peine à sortir de la crise, sans être capable de créer de nouveaux emplois et nous sortir du marasme, confirmé par le taux de chômage actuel. À mon sens, l’approche des pouvoirs politiques ne va pas dans le sens de l’investissement dans l’économie, mais d’une baisse du pouvoir d’achat quasi généralisée dans tous les pays membres. Le Luxembourg s’en sort relativement bien, mais la croissance économique est moindre que ce qu’elle pourrait être et nos capacités ne sont pas optimisées. En outre, la santé de nos pays voisins risque d’impacter notre économie. Je pense par exemple au secteur artisanal. C’est pour cela que je crois que la trajectoire budgétaire définie par notre gouvernement n’est pas la bonne. Il n’est pas judicieux de rajouter de l’impôt pour arriver à un équilibre budgétaire et donc de rajouter une pression fiscale supplémentaire.

Quelles sont les activités à venir de la CSL?

«Mis à part nos activités connues, nous avons prévu d’agir plus particulièrement sur deux domaines. En premier lieu, aider les institutions telles que l’Adem afin d’identifier et d’accompagner les personnes en déficit de formation. L’objectif est de leur apporter les qualifications et les compétences nécessaires à un nouvel emploi. Dans cet ordre d’idée, nous allons continuer à développer nos offres de formations continues et les adapter aux réalités du terrain. Notre deuxième axe concerne le bien-être au travail. Nous avons constaté une dégradation des conditions des salariés. La pression augmente sur leurs épaules et il nous faut donc intervenir pour sensibiliser les acteurs et inverser cette tendance. Enfin, nous suivons de près les changements législatifs en cours d’élaboration et notamment la proposition de loi sur la gestion des âges. Dans cette optique, nous avons développé en collaboration avec une université allemande une boîte à outils destinée aux délégués du personnel ainsi qu’aux services RH afin de les sensibiliser à l’activité des seniors.

Quelles sont les observations que vous avez pu faire quant à l’évolution des besoins des entreprises?

«Il est difficile de connaître les besoins réels des entreprises au Luxembourg par manque d’analyses détaillées en ce domaine. De manière générale, on constate un besoin accru en main-d’œuvre de plus en plus qualifiée d’où l’importance des formations professionnelles continues. On constate également un besoin croissant en personnel œuvrant dans les domaines de la santé et du social.

Quel type de manager êtes-vous? Quelles sont vos principales qualités? Et vos principaux défauts?

«J’estime qu’il est prétentieux de se juger soi-même. Cela me rappelle le système de l’autocritique maoïste.

Si vous aviez dû exercer un autre métier, qu’auriez-vous aimé faire?

«Jeune étudiant, j’étais intéressé par l’histoire pour finalement m’orienter vers le droit. Aussi, j’aurais aimé travailler dans le secteur juridique, en droit social ou droit du travail, ou exercer en tant qu’instituteur.

Comment voyez-vous la CSL dans cinq ans?

«Nous nous sommes fixé des orientations qui se résument aux points suivants: étendre nos activités en formation continue, développer une expertise économique et sociale notamment dans des domaines manquant d’analyses fiables, accompagner et appuyer les délégués du personnel afin qu’ils gagnent en compétences en leur qualité d’interlocuteurs. En effet, il ne s’agit pas d’être seulement revendicatifs, il faut aussi se prévaloir de compétences et de maîtrise des sujets abordés.»