Installée actuellement à Londres, l’Autorité bancaire européenne est demandée par de nombreuses villes européennes, selon son directeur exécutif. (Photo: Abe)

Installée actuellement à Londres, l’Autorité bancaire européenne est demandée par de nombreuses villes européennes, selon son directeur exécutif. (Photo: Abe)

Le déclenchement, mercredi, de l’article 50 du traité de Lisbonne donnant le coup d’envoi officiel du Brexit n’en finit plus d’avoir des conséquences. À côté des annonces des départs de sociétés liées au secteur financier jusqu’à présent basées dans la City figurent également les ambitions des États pour accueillir différentes institutions. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’annonce officielle, réalisée jeudi par le gouvernement luxembourgeois, de vouloir héberger le nouveau siège de l’Autorité bancaire européenne (ABE), connue principalement pour la conduite des tests de résistance des banques européennes.

Basée à Londres depuis sa création, en 2011, l’instance indépendante en charge de la surveillance du secteur bancaire européen n’a en effet d’autre choix que de quitter le Royaume-Uni. Une obligation qui a attisé les convoitises, puisqu’«un grand nombre de capitales et autres villes européennes» ont exprimé leur volonté d’être le nouveau point de chute de l’ABE et des 170 personnes qui y travaillent, selon les propos tenus par Adam Farkas, son directeur exécutif dans un entretien accordé à l’Agence France-Presse.

Des synergies avec d’autres acteurs financiers pourraient être explorées.

Xavier Bettel, Premier ministre

Luxembourg se retrouve donc en compétition avec Amsterdam, Dublin, Vienne ou bien encore Paris. Pour tenter de tirer son épingle du jeu, le pays entend profiter des réflexions en cours au sein de la Commission, organisme de tutelle de l’ABE, pour mener une réorganisation du système de supervision financière de l’UE. Actuellement répartie entre l’EBA, l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma) basée à Paris et l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (Eiop) à Francfort, cette supervision pourrait aboutir à ce que Xavier Bettel qualifie de «synergies».

Dans un courrier transmis mercredi soir à Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, le Premier ministre indique qu’«en transférant son siège vers le Grand-Duché, l’Autorité bancaire européenne bénéficiera de tout l’écosystème qui existe au Luxembourg en tant que capitale européenne et de son rôle de place financière internationale. Des synergies avec d’autres acteurs financiers déjà installés au Luxembourg, tels que la Banque européenne d’investissement, le Fonds européen d’investissement ou encore le Mécanisme de stabilité européen, pourront par exemple être explorées.»

Un bon accès aux transports et un important écosystème financier.

Adam Farkas, directeur exécutif de l’ABE

Dans son courrier, il rappelle également que le traité de Lisbonne renvoie à une décision de 1965 qui précise que «les gouvernements des États membres sont disposés à installer ou à transférer à Luxembourg d’autres organismes et services communautaires, particulièrement dans le domaine financier, pour autant que leur bon fonctionnement soit assuré. Le ministère des Finances, contacté par Paperjam.lu, indique que «seules deux exceptions ont eu lieu à cette décision.

À savoir l’installation de la Banque centrale à Francfort et l’Autorité bancaire européenne à Londres, toutes les deux faites avec l’accord du Luxembourg et au titre de dérogations exceptionnelles.» De son côté, le directeur exécutif de l’ABE indique que le choix dépendra principalement de deux critères: «Un bon accès aux transports et un important écosystème financier.» Deux éléments dont dispose le Grand-Duché.