«Une politique spécifique est nécessaire pour maintenir la compétitivité de notre industrie, car elle a un rôle à jouer dans notre économie», estime Paul Schockmel. (Photo: Maison moderne / archives)

«Une politique spécifique est nécessaire pour maintenir la compétitivité de notre industrie, car elle a un rôle à jouer dans notre économie», estime Paul Schockmel. (Photo: Maison moderne / archives)

Monsieur Schockmel, pourquoi l’innovation est-elle importante dans le secteur de l’automobile?

«Dans notre domaine, il y a plusieurs éléments qui justifient l’innovation. D’abord, les consommateurs demandent en permanence plus de confort, de sécurité et de performance. Ensuite, le secteur de l’automobile est l’un des plus réglementés. Ces deux choses font que les composants qui sont dans les voitures doivent constamment être améliorés. On a observé que les performances financières des fournisseurs de pièces peuvent être de 4% à 5% plus élevées chez ceux qui innovent. Donc, soit vous décidez d’investir dans le processus de fabrication pour baisser vos prix de production, soit d’innover dans vos produits pour être à la pointe. Chez IEE, c’est cette deuxième variante que nous avons choisie.

Comment qualifieriez-vous l’industrie luxembourgeoise dans son état actuel?

«Ce qui est sûr, c’est que l’industrie luxembourgeoise est méconnue, à la fois par les Luxembourgeois et à l’étranger. Mais elle existe. Elle est passée par des changements structurels, certes, mais elle est aujourd’hui très diverse et particulièrement sous-estimée. Je pense qu’il faut mener une politique spécifique pour que notre industrie continue d’être performante, car elle a un rôle à jouer dans notre économie. D’une part sur la balance commerciale et ensuite sur la recherche et développement (R&D, ndlr). Il ne faut pas oublier que le secteur automobile est le premier contributeur privé dans ce domaine.

Le Luxembourg propose-t-il un bon environnement pour les industriels?

«Il y a tout d’abord un avantage géographique stratégique. Dans un rayon de 300km, on trouve au moins 50 usines automobiles. Ensuite le multilinguisme du pays fait que nous pouvons servir nos clients dans leur langue et c’est un gros avantage dans ce secteur où le relationnel est primordial. Enfin, il y a un facteur de stabilité politique et économique qui influe beaucoup sur le climat des investissements. Bien sûr, il y a aussi des désavantages, comme le coût salarial et le manque de personnel qualifié.

Mais le plus gros problème, c’est que le Luxembourg n’est pas connu pour son patrimoine industriel. Du coup, les potentiels investisseurs étrangers intéressés par l’Europe ne vont pas penser automatiquement au Luxembourg. Nous devons devenir visible, d’où l’idée de créer l’Ilea (Industrie luxembourgeoise des équipementiers de l’automobile, ndlr) en 2002 et le cluster automobile en 2014.

L’économie circulaire est-elle une démarche compatible avec vos activités?

«Le secteur automobile demande de toute façon une économie circulaire car les voitures sont des produits lourds et difficiles à transporter. Au Luxembourg, on trouve déjà des fournisseurs de deuxième ou troisième rang, mais il n’y a pas tout. Il existe aussi une tendance à recycler les pièces métalliques. C’est le remanufacturing. Cela a débuté depuis plusieurs années, mais ce n’est pas forcément encore très connu. Chez IEE, ce n’est de toute façon pas possible, car nous avons beaucoup d’éléments électroniques et de pièces plastiques. Mais nous travaillons au recyclage de nos produits, car la demande de nos clients, les constructeurs, est forte à ce niveau-là.»