«Untitled», l'une des œuvres de l'artiste contemporain Jean-Michel Basquiat, exposée au Cleveland Museum of Art. (Photo: Licence CC)

«Untitled», l'une des œuvres de l'artiste contemporain Jean-Michel Basquiat, exposée au Cleveland Museum of Art. (Photo: Licence CC)

Il parlait déjà l’année dernière de signes de surchauffe du marché de l’art, alors que les experts internationaux continuaient de vanter la bonne rentabilité de ces placements.

«La bulle spéculative a éclaté», a cette fois indiqué Roman Kraüssl, spécialiste des investissements alternatifs en se basant sur l’indice 2016 du marché de l’art qu’il a établi pour Manager Magazin.

Selon celui-ci, les prix des œuvres d’art contemporain et d'après-guerre ont baissé de 21% en 2016. Alors qu’entre 2009 et 2015, ils avaient plus que doublé.

«Dans le secteur des beaux-arts, le volume total des ventes aux enchères a diminué de 29% en 2016 alors que le nombre de tableaux vendus excédait celui de 2015», indique un communiqué de l’Université du Luxembourg. «Le prix moyen par œuvre a chuté de 160.000 dollars à 108.000 dollars.»

Des signes de reprise

«L’année 2016 a marqué l’effondrement du marché de l’art», constate Roman Kräussl dans le même communiqué, affirmant que les «prix actuels dépassaient légèrement le seuil critique de spéculation».

Cette analyse radicale n’est pas forcément partagée dans le domaine. Le rapport Tefaf (The European Fine Art Foundation), l’un des plus suivis sur le marché, indiquait que les prix avaient baissé de 8,6 % sur l’ensemble du marché de l'art en 2016, et qu’ils avaient augmenté de 4% sur les œuvres d’art contemporain et d'après-guerre.

«Ce que l'étude ne peut relater, ni aucune autre, ce sont les ventes effectuées sur le marché privé, qui a pris énormément d'ampleur ces dernières années», explique Aymeric Thuault, le directeur du cabinet de conseil Link Management. «Cela s'explique par une prudence accrue des vendeurs en 2016, qui ont préféré la confidentialité des ventes privées au risque de ravalement – public –  en maison de vente.»

Pour Nadège Mougel, expert-conseil en œuvre d’art et fondatrice du cabinet Mona Art Consulting, Roman Kraüssl dramatise un peu la situation.

«C’est vrai qu’il y a eu une baisse des transactions au niveau global, mais les objets de prestige ne diminuent pas en termes de cote», explique-t-elle. «Le marché de l’art est tellement fluctuant qu’il est difficile de parler de l’éclatement d’une bulle spéculative. D’ailleurs, celle-ci est toujours une réalité pour certains artistes contemporains, qui continuent de voir leur cote augmenter.»

Et de citer la vente d’une œuvre du peintre américain Jean-Michel Basquiat, vendue pour 110,5 millions de dollars en mai par la maison de ventes aux enchères Sotheby’s à New York. Alors que le principal record de l’artiste était de 57,3 millions de dollars.

Des signes de reprise sont toutefois observés sur le marché global, mais ceux-ci sont timides, selon le Roman Kraüssl. «Achetez un Basquiat quand il vous plaît, mais pas exclusivement pour la création de richesse», conclut-il.