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Indrojit Sen de la Chambre de commerce belgo-indienne<br>Photo: Jelle Van Seghbroeck 

Forte d’un taux de croissance économique exceptionnel – 9,4% entre 2006 et 2007–, soute-nue par sa production industrielle, ses services et ses investissements à l’étranger, l’Inde voit
\nses entreprises poursuivre l’acquisition de leurs concurrents étrangers, notamment belges.
\nA l’ordre du jour: la reprise du constructeur d’autobus Van Hool par le groupe Hinduja.
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C’est depuis 2006 que déferle une véritable vague indienne; les entreprises du sous-continent dépensent cette année-là la somme record de 23 milliards de dollars pour prendre le contrôle de groupes étrangers. Ce montant n’atteignait pas cinq milliards en 2005. Jus-qu’à ce jour, l’un des achats les plus spectaculaires reste celui du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus par Tata Steel, en janvier 2007, pour
10,6 milliards d’euros, la plus grande opération internationale jamais réalisée par un groupe indien. Le milliardaire Vijay Mallya et son groupe United Breweries se sont offert, en avril, le distillateur de scotch écossais Whyte and Mackay pour 869 millions d’euros.

Quant à l’OPA lancée par Mittal Steel sur le sidérurgiste européen Arcelor (implanté en Wallonie, au Luxembourg, en France et en Espagne), en janvier 2006, elle s’élevait à
18,6 milliards d’euros avant d’être relevée, en mai 2006, à 25,3 milliards d’euros. Elle débouche actuellement sur la naissance du groupe ArcelorMit-tal. Sur le plan juridique, la fusion devrait être terminée à la fin de cette année, avec l’absorption, par Arcelor, de la société ArcelorMittal basée au grand-duché.

Sociétés belges

Manifestement, les entreprises belges suscitent l’intérêt. Quelques exemples, non exhaustifs. En mars 2005, Jubilant Organosys basée à New Delhi acquiert la pharmaceutique PSI (Gand) pour dix millions d’euros. Trois mois plus tard, All Cargo Movers (Mumbai) achète la société de logisti-que anversoise Eculines pour quelque neuf millions d’euros. Toujours en juin, Matrix (Hyderabad) débourse 260 millions d’euros pour acquérir Doc-pharma (Hassrode). En mars 2006, Suzlon Energy (Pune), numéro cinq mondial de l’énergie éolienne, s’empare de Hanssen Transmission (Lom-mel) pour 465 millions d’euros. Dans le même temps, Ranboxy (Gurgaon) rachète la pharmaceutique Ethimed (Vilvoorde) pour 50 millions d’euros. En août, Raymond Mumbai conclut une joint-venture avec UCO (Gand) en investissant 190 millions d’euros. La Global Green Company, basée à Banga-lore, rachète Intergarden Group (Alost) pour 50 millions d’euros. L’ensemble de ces acquisitions, commente Indrojit Sen, de la Chambre de commerce belgo-indienne, représente plus d’un milliard d’euros d’investissements de sociétés indiennes dans des entre-prises belges. Ce mouvement semble se poursuivre en 2007.

Comment expliquer l’intérêt des sociétés indiennes pour la Belgique? Tout d’abord, par le phénomène plus général du boom des investissements indiens à l’international. En 2007, ces derniers devraient être supérieurs aux inves-tissements étrangers dans le sous-continent.

Autre facteur: «A la fin 2006, rappelle Indrojit Sen, la Belgique et l’Inde ont décidé de renforcer leur collaboration politique, scientifique et économi-que, spécialement dans le domaine de l’énergie». Rapprochement qui doit beaucoup à la tournée indienne effectuée en novembre 2006 par le Pre-mier ministre Guy Verhofstadt et le ministre des Finances, Didier Reynders. Parmi les attraits belges, figurait alors le nouveau
système des intérêts notionnels qui permet
aux entreprises de payer moins d’impôts en déduisant de leurs revenus imposables un montant égal à l’intérêt qu’elles auraient payé sur leur capital dans le cas d’un financement de dette à long terme. Les deux pays ont passé un accord en vertu duquel les Indiens travaillant en Belgique ou les Belges travaillant en Inde peuvent conserver leur propre système de sécurité sociale. Elément favorable: la Belgique est un pays familier pour les Indiens, très présents dans le milieu diamantaire anversois (2.500 des 8.000 Indiens actifs en Belgique travaillent à Anvers). Qui plus est, la Belgique est très active dans des secteurs qui présentent
un grand intérêt pour les entrepreneurs indiens: la pharmacie, la chimie et l’énergie. Pour l’Inde, la Belgique est la troisième destination d’investissements, après les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

L’investissement indien en terres belges se poursuit. Le fabricant d’éoliennes Suzlon, qui a racheté Hansen Transmissions l’année dernière, a in-vesti 140 millions d’euros dans la société flamande. L’entreprise Vivek Harsh International investit de deux à trois millions d’euros à Hermalle (Liège) pour la création d’un centre de distribution de la pierre et du marbre. La société indienne Connexus, présente à l’aéroport de Liège-Bierset, y étend ses activités (nouvelles liaisons cargo avec l’Inde et Istanbul, importation de vêtements et du cuir) et y lance un certain nombre de call centers, ta-blant sur la disponibilité de trilingues et des salaires belges inférieurs de 25% à ceux qui sont appliqués à Francfort, où la firme indienne est égale-ment présente.

«Au niveau mondial, poursuit Indrojit Sen, les investissements indiens au premier semestre 2007 ont atteint un montant record de 50 milliards de dollars, contre 28,2 milliards pour l’ensemble de l’année 2006». Au top de ces opérations figurent l’acquisition de Corus par Tata Steel pour 12,2 milliards de dollars et celle du producteur d’aluminium canadien Novelis par Hindalco Industries pour six milliards de dollars.

Depuis plusieurs mois, l’entreprise de construction d’autobus Van Hool entretient des contacts avec le groupe Hinduja qui pourraient déboucher sur une reprise complète de Van Hool, où travaillent 4.369 personnes. Le groupe indien appartient aux quatre frères Hinduja, issus de l’une des fa-milles d’affaires les plus riches et les plus importantes du monde. Leur empire industriel s’étend sur
50 pays, dans les secteurs du pétrole, de l’immobilier, des télécoms et du cinéma.

Le groupe contrôle déjà une entreprise de construction de bus, Ashok Leyland, cotée aux bourses de Londres et de Mumbai. Le groupe indien a été mis en contact avec le constructeur de bus Van Hool par le banquier d’affaires Christian de Marnix d’ABN Amro Belgique, qui avait déjà vendu en son temps le géant du tapis Balta Industries.

Van Hool, dont le siège se trouve à Lierre, est un des plus importants constructeurs indépendants d’autobus, d’autocars et d’autres véhicules lourds. Suite à une concentration accrue dans le secteur et d’un problème de succession, la vente de l’entreprise semble inéluctable. A moins que la famille à la tête de la société en décide autrement.

Bangalore, la Silicon Valley indienne

Véritable Mecque de l’informatique mondiale, Bangalore, ville du sud de six millions d’habitants, est la vitrine de l’Inde technologique. Elle abrite les géants indiens de l’informatique Infosys (qui semble vouloir racheter le groupe Capgemini) et Wipro, et offre des services informatiques et des centres d’appels en communication avec le monde entier, via des opérateurs pratiquant un anglais à l’accent neutre, baptisé global ac-cent.

Les entreprises qui s’y installent bénéficient d’un environnement très attractif: du personnel hautement qualifié et des services à des coûts extrê-mement compétitifs. Chaque année, l’Inde diplôme trois millions d’étudiants, dont 350.000 ingénieurs. Reconnus pour leur capacité de travail, d’adaptation et leur ingéniosité, les diplômés de la région de Bangalore (40.000 par an) sont formés à travailler en anglais et s’«exportent» très ai-sément.