Jean-Paul Olinger et Fernand Kartheiser sont en désaccord au sujet des langues officielles. (Photo: Maison Moderne)

Jean-Paul Olinger et Fernand Kartheiser sont en désaccord au sujet des langues officielles. (Photo: Maison Moderne)

Pour: «Nous avons tout à y gagner» selon Jean-Paul Olinger

Depuis sa création en 963, le Luxembourg est un pays multiculturel, qui a connu tour à tour les influences d’autres peuples européens. Aujourd’hui, sa population est constituée de plus de 48% d’étrangers, issus de plus de 170 nationalités. Sa capitale compte en outre parmi celles qui accueillent le plus d’institutions européennes.

La langue anglaise est ainsi déjà bien implantée dans notre pays. Dans l’usage, elle est presque une langue administrative reconnue, la première utilisée dans la finance – notre principal secteur économique – et dans les multinationales établies sur notre territoire. Par ailleurs, la plupart des Luxembourgeois la parlent.

Pour rappel, selon la loi de 1984 sur le régime des langues, qualifier de langue administrative, signifie que le citoyen a la possibilité de formuler ses requêtes administratives dans cette langue, l’administration devant se servir pour sa réponse «dans la mesure du possible» de la langue choisie par le requérant. 

De ce fait, sa reconnaissance comme langue administrative offrirait un grand nombre d’avantages.

Contrairement aux autres langues couramment parlées au Luxembourg, l’anglais est la langue mondiale des affaires, des échanges internationaux et des sciences.

Le pays serait plus attractif pour intégrer les talents étrangers, indispensables au développement de notre économie, et pourrait se targuer d’être le seul du continent européen à compter l’anglais parmi ses langues administratives, ce qui représenterait un sérieux atout, notamment en vue du Brexit et des échanges commerciaux à l’échelle mondiale.

Permettre d’échanger plus facilement en anglais avec notre administration constitue d’une part une ouverture, un pont entre chacun de nous pour une intégration positive, et d’autre part un levier fiable et dynamique pour exploiter au mieux cette richesse culturelle. Nous avons tous à y gagner.

Contre: «Déjà de grands problèmes pour maintenir le trilinguisme» selon Fernand Kartheiser

L’ADR reconnaît évidemment l’importance de l’anglais dans le monde contemporain. Dès lors, il est en faveur d’un renforcement de l’enseignement de l’anglais partout où cela s’avère à la fois utile et faisable. Toutefois, l’anglais ne saurait devenir une langue administrative du Luxembourg, qui en compte déjà trois.

La situation géographique et l’Histoire du pays permettent au Luxembourg de participer pleinement aux espaces culturels roman et germanique. L’enseignement du français et de l’allemand, langues particulièrement belles et riches, ne saurait donc être diminué, voire remis en question. En plus, le Luxembourg a une langue et une culture propres qu’il s’agit de valoriser ce qui, pour l’ADR, constitue une priorité absolue.

Le système éducatif a déjà de grands problèmes pour maintenir l’actuel trilinguisme fonctionnel du pays à un niveau tant soit peu acceptable. En plus, ses capacités d’ouverture à l’anglais sont limitées. Les élèves plutôt anglophones trouvent d’ailleurs plusieurs écoles offrant des formations qui leur sont adaptées.

La composition démographique du Grand-Duché n’impose pas le choix de l’anglais comme langue officielle, en dépit de son indéniable importance dans les milieux économiques. 

La langue de la législation est actuellement le français avec toutefois quelques rarissimes apparitions de textes en anglais. L’ADR se prononce pour un développement progressif de la langue luxembourgeoise comme langue de la législation.

Sur le plan international, la langue française, forte de la Francophonie, a une importance non négligeable. D’autre part, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne relativise quelque peu la prédominance linguistique actuelle de l’anglais au niveau de l’Union.