C’est un cas rare dans les festivals internationaux: le jury et le public du Luxembourg City Film Festival ont plébiscité le même film: «Land of Mine» de Martin Zandvliet, qui a aussi été choisi par le jury jeune. Le film, inspiré de faits réels, se passe au Danemark à la fin de la guerre. Un groupe de prisonniers de guerre allemands est envoyé de force au Danemark afin de désamorcer une partie des deux millions de mines qui ont été placées sur la côte danoise par les forces nazies. On suit ces jeunes garçons et le sergent qui les encadre dans cette dangereuse et déchirante aventure.
Un choix classique
«Tous les films que nous avons vus étaient intéressants, et beaucoup d’entre eux témoignaient, sous des angles divers, de la complexité du monde d’aujourd’hui. Le film que nous avons choisi, à l’unanimité, l’a été tout d’abord par ses très grandes qualités cinématographiques. C’est un film classique, parfaitement réussi. Il est magnifiquement joué, parfaitement écrit, parfaitement réalisé, parfaitement éclairé. Mais en plus il finit bien et montre, sans du tout être ni complaisant ni faussement gentil, que l’humanité a la possibilité de déminer les traumatismes de son passé», a ainsi déclaré le jury au cours de la cérémonie.
Certes, la tragédie est racontée avec précision, tension et un jeu de comédien tout à fait maîtrisé. C’est intéressant historiquement parlant, c’est bien filmé et plein d’empathie, les jeunes garçons sont beaux et touchants, observés souvent de très près... Un film parfait pour un Prix du public. Mais que le jury international ait choisi le même film étonnera les cinéphiles plus avertis, surtout que la compétition comportait des films plus audacieux tant dans leur approche formelle que dans leur thématique.
Parallèlement à ce Grand Prix, doté de 10.000 euros par Orange Luxembourg, le Prix de la critique, décerné par des membres de l’Association luxembourgeoise de la presse cinématographique, est allé à «The Here after Magnus von Horn». «Avec des images brutes, une palette chromatique froide, une composition minimaliste, des dialogues rares, justes, efficaces et un grand souci de vérité, ce film évite démonstration ou voyeurisme en nous plaçant à l’écart des événements, dans une maîtrise de la tension dramatique quant au passé du personnage principal, qui finit par renforcer le sentiment d’impuissance du spectateur. Nous avons voulu récompenser un film qui a su traiter de sujets sensibles et nécessaires - l’oppression, la violence latente, la complexité des sentiments adolescents, et l’aliénation - avec force, sans mélodrame, dans une simplicité crue et nue», a souligné le jury de critiques.
20.000 spectateurs
Le jury documentaire a choisi de récompenser «Mallory» de Helena Trestikova «pour le regard plein de force et de clairvoyance que l’auteure jette sur un personnage de femme qui fait partie de la réalité qui nous entoure, mais que trop souvent nous refusons de voir. Une femme magnifique qui, en dépit des malheurs et des traumatismes, parvient toujours à se relever». Un prix de 5.000 euros offert par BGL BNP Paribas accompagne ce titre.
Le festival aura battu son record de l’année dernière avec, avant même les dernières projections du week-end qui permettent de (re)voir les lauréats, 20.000 participants. La progression la plus remarquable se situe au niveau des séances tout public, qui enregistrent une progression de plus de 1.000 spectateurs (10.605 contre 9.600 en 2015). Il était facile de constater, au fil de la semaine, un gonflement significatif des fréquentations, tant au niveau des films en compétition que des séances spéciales. La seule ombre au tableau restera la programmation jeune public, qui a enregistré un nombre spectaculaire de désistements de dernière minute (3.800 contre 4.500 en 2015). Cela conduira l’équipe organisatrice à revoir en profondeur sa politique de réservations dès l’an prochain.
Le programme des dernières projections est ici.