Pour sa campagne des élections sociales 2019, l’Aleba mise sur des mesures «réalistes» qui se veulent «proches des attentes des salariés de la Place». (Photo: Anthony Dehez / archives)

Pour sa campagne des élections sociales 2019, l’Aleba mise sur des mesures «réalistes» qui se veulent «proches des attentes des salariés de la Place». (Photo: Anthony Dehez / archives)

Si elle a officiellement hérité de la liste n°3 pour les élections sociales, l’Aleba entend bien rester le premier syndicat de la Place. Si les scores obtenus en 2013 lui ont permis de revendiquer quelque 700 délégués dans les entreprises et de conserver sa représentativité sectorielle, il s’en est fallu de très peu pour que ce ne soit plus le cas. Aux élections de la Chambre des salariés, l’Aleba avait recueilli 50,39% des suffrages du secteur financier, gardant d’un cheveu sa capacité à signer seule une convention collective.

Une réalité qui pousse Roberto Scolati et Laurent Mertz, respectivement président et secrétaire général de l’Aleba, à lancer cette campagne avec l’ambition «non seulement de maintenir, mais aussi de renforcer» l’emprise du syndicat sur les salariés du secteur. Aussi bien en nombre de sièges à la Chambre des salariés qu’en nombre de représentants dans les banques, assurances et autres acteurs du secteur. Pour y parvenir, tous deux misent sur un programme qui se veut «extrêmement concret» et «réaliste», décliné en cinq thèmes et 20 engagements.

Lutte «sans concession» contre l’outsourcing

Mais alors qu’OGBL et LCGB ont présenté une liste de revendications qu’ils souhaitent voir appliquer à l’ensemble des entreprises, l’Aleba adopte une approche différente, faisant la distinction entre revendications générales non négociables et celles qui pourraient être facultatives, en fonction de la taille et de la situation des entreprises.

Si parmi la seconde catégorie figurent les mesures destinées à arriver à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle et celles vouées à mettre en place la parité et la diversité sur la Place, la première regroupe toutes les exigences en matière d’emploi, de contrats collectifs ou de bien-être. Autrement dit, des mesures pour lesquelles l’Aleba s’engage à lutter «sans concession» contre l’outsourcing, à «négocier (...) des conventions collectives qui tiennent compte de la réalité des salariés» ou à «faire reconnaître (...) le burn-out comme maladie professionnelle».

Près de 10.000 faux cadres sur la Place.

Laurent Mertz, secrétaire général de l’Aleba

Pour marquer encore plus sa différence – et étendre son influence –, le syndicat souhaite non seulement «élargir la définition du secteur financier aux PSF, aux Big Four ou aux fiduciaires», mais aussi négocier une première convention collective «inspirée de celle des banques» pour le secteur des fonds d’investissement et pour «les actuels hors-convention». Autrement dit, les «faux cadres».

«Tant que la loi ne fait toujours pas de différence entre les top managers, les middle managers et les conventionnés, nous aurons toujours ce problème», estime Laurent Mertz, qui chiffre à «près de 10.000» le nombre de salariés sortis de la convention collective, «selon une étude menée par nos délégués en début d’année». Interrogé sur les détails de cette étude pas encore rendue publique à ce jour, le secrétaire général s’est refusé à en dire plus, se contentant d’indiquer que le chiffre de 30% des effectifs de la Place avancé par l’OGBL «n’est pas faux en soi».

Dans une réponse parlementaire publiée en février 2017, Pierre Gramegna (DP), ministre des Finances, et Nicolas Schmit (LSAP), ministre du Travail, affirmaient que 17% des salariés de la Place avaient le statut de cadre, contre 15% au niveau européen. Deux fois moins, donc, que ce qu’affirment les syndicats. L’Aleba assure qu’elle présentera cette étude «prochainement».