Lakshmi Mittal  (Photo: ArcelorMittal)

Lakshmi Mittal  (Photo: ArcelorMittal)

Depuis la fusion annoncée en juillet 2006, l’occupation du terrain médiatique par ArcelorMittal est quasi permanente. Il ne se passe pas une semaine – et parfois c’est même une journée – sans que le numéro un mondial de l’acier n’annonce une opération industrielle aux quatre coins de la planète. Les dernières annonces n’ont, en revanche, pas été spécialement heureuses, entre adaptation du plan de croissance existant, augmentation des arrêts de production temporaires et, pour finir, annonce d’un programme de 9.000 départs volontaires pour réaliser jusqu’à un milliard de dollars d’économies.

Rien de très enthousiasmant donc, et au moment où nous clôturons cette édition, les détails concernant l’impact de ce plan pour le Luxembourg ne sont pas encore connus, même si la presse belge croit savoir que 118 emplois administratifs seront délocalisés de Bruxelles vers… Luxembourg.

Le défi de la gestion en ces temps de crise est de taille pour le géant de la sidérurgie, et cela n’est pas pour déplaire à Lakshmi Mittal, 58 ans, à la tête de cet empire fort – pour l’instant – de plus de 326.000 personnes dans le monde. «Nos valeurs – Qualité, Leadership, Durabilité – demeurent la pierre angulaire du groupe quel que soit le contexte économique. Nous devons continuer à prendre des décisions rapides dans le meilleur intérêt de l'entreprise et maintenir notre avantage concurrentiel. Nous sommes optimistes quant à l’avenir à moyen et à long terme, au regard, notamment, des perspectives de croissance sur les marchés émergents. Mais nous sommes face, aujourd’hui, à un environnement économique et des défis sans précédent».

Et pour faire face à ce défi, il entend bien s’appuyer sur l’ensemble des forces vives de son groupe, à qui il accorde volontiers un blanc-seing. Et pas question, donc, en dépit des vents mauvais qui soufflent sur l’économie, de changer son mode de management. «J'aime donner aux gens la possibilité de relever des défis, d’exprimer pleinement leur potentiel et de rester ainsi toujours motivés. Nous prônons l’esprit d’entreprise et nous voulons que nos employés soient entreprenants, qu’ils aient confiance en leurs propres capacités et qu’ils fassent preuve d’audace».

La force du groupe

De l’audace, Lakshmi Mittal, lui-même, n’en a pas manqué lorsqu’il a fallu se lancer dans cette gigantesque opération de fusion, initialement vue d’un très mauvais œil du Luxembourg. Sa force de persuasion a fait le reste et son travail ne s’est certainement pas arrêté le jour de la signature de l’accord. «Depuis la fusion, je maintiens un contact étroit avec le gouvernement, en particulier le premier ministre Jean-Claude Juncker et le ministre de l’Economie Jeannot Krecké et je suis très reconnaissant pour le soutien continu qu'ils nous offrent. Nous sommes aussi dans un dialogue permanent concernant les questions sociales, dans le cadre de notre plan ‘Luxembourg 2011’, qui vise à investir davantage dans nos usines de Luxembourg pour améliorer notre compétitivité. Au cours des dix dernières années, nous avons investi plus d’un milliard d'euros au Luxembourg».

La présence du siège social du groupe sur les bords de la Pétrusse constitue, à elle seule, une raison pour M. Mittal de venir régulièrement au Luxembourg, dont il apprécie «l’ouverture d’esprit» et «la richesse multiculturelle qui fait qu’on s’y sent chez soi». Du reste, le rôle du Luxembourg au sein du groupe a toujours été mis en avant et ne s’est pas démenti avec la transformation du «château» de l’avenue de la Liberté, devenu «l'Université ArcelorMittal» où seront formés tous les employés du groupe à l’échelle mondiale.

Pour autant, ses responsabilités de numéro un d’un groupe ayant une présence internationale dans 27 pays différents empêchent M. Mittal de venir aussi souvent qu’il le souhaiterait. Il eut tout de même l’occasion d’assister en 2007 à un concert à la Philharmonie et honora de sa présence la réception du Nouvel an de la Fedil, en janvier dernier où il prononça un discours sur la justesse d’un modèle économique «global». «Nous voulons qu’ArcelorMittal soit un groupe dont le Luxembourg peut être fier, déclara-t-il ce soir-là. Une société capable de renforcer la réputation mondiale de ce pays au travers de l’impact de nos opérations dans le monde entier».

Evidemment, ArcelorMittal est capable d’avancer même sans la présence physique de son leader. Tout l’art de diriger réside souvent dans celui de savoir déléguer. Et sur ce plan-là, Lakshmi Mittal pense être entouré des bonnes personnes. «Je suis très chanceux d'avoir de très bons collègues, que ce soit au conseil d’administration du groupe ou au comité de direction. Je dis d’ailleurs toujours que nous avons la meilleure équipe de gestion dans toute l'industrie de l'acier».