Le grand patron d’ArcelorMittal ne tarit pas d’éloges sur le Grand-Duché, où il a maintenu le siège social de son groupe, leader mondial de la sidérurgie.
Avec une fortune estimée à 28,7 milliards de dollars par le magazine américain Forbes, Lakshmi Mittal est, actuellement, la 5e plus grosse fortune mondiale et première européenne en tenant compte du lieu de résidence. Certes, le magnat indien, fondateur de ce qui est, aujourd’hui, le leader mondial incontesté de l’industrie sidérurgique, est domicilié à Londres. Il est, du reste, le seul des dix premiers de ce Top 100 à ne pas résider au minimum dans la Grande Région. Mais son influence sur l’économie luxembourgeoise ne souffre évidemment d’aucune discussion.
Car même si c’est à son fils, Aditya, que l’on doit la genèse du plus délirant feuilleton politico-économique jamais vécu par le Grand-Duché, et qui a vu, en 2006, la fusion par acquisition du groupe Arcelor par Mittal Steel, c’est bel et bien lui, Lakshmi, qui tient fermement les rênes du premier employeur privé du pays, fort de plus de 6.000 salariés.
«Il est plus facile de plaider notre cas à l’étranger autour d’un grand groupe, si l’on peut dire que nous sommes la terre choisie par Mittal pour y loger le siège d’ArcelorMittal et le conserver. Cela contribue largement à la crédibilité du ‘site’ luxembourgeois», estime Norbert Becker, le président du jury de cette édition du Top 100.
«Nous voulons qu’ArcelorMittal soit un groupe dont le Luxembourg peut être fier», avait déclaré M. Mittal, lors de la réception de nouvel an de la Fedil, en janvier 2008. En dépit de quelques tourments «cycliques» qui ont été parfois socialement compliqués à gérer, le groupe semble néanmoins être parvenu à atteindre cet objectif et entend bien poursuivre sur sa lancée, crise économique ou pas. «Nous avons vécu la pire crise économique depuis 1918 et nous n’en sommes pas encore tout à fait sortis, nous explique-t-il. Nous sommes dans une période continue de grande volatilité des marchés financiers et de lente croissance de la demande. Mais l’expérience vécue a été très utile et a montré au monde que la consolidation dans l’industrie sidérurgique, qui a créé des leaders mondiaux comme ArcelorMittal, fonctionne. En fait, ce modèle a sauvé l’industrie d’une autre période prolongée de faillites.»
Modèle gagnant
En matière de consolidation, ArcelorMittal a du répondant, et a toujours affiché une certaine boulimie dans l’élargissement de son périmètre d’action. Dernière opération en date: le rachat annoncé, début novembre, de la société minière canadienne Baffinland, pour un montant de quelque 308 millions d’euros. Plus tôt dans l’année, le groupe avait annoncé la signature d’un protocole d’accord avec son partenaire turc Dayen pour la construction d’une usine de production d’acier dans le nord de l’Irak.
Mais Lakshmi Mittal reconnaît volontiers que la seule structure – certes solide – du groupe n’aurait pas été suffisante, en tant que telle, pour passer au mieux cette tempête économique. «Les gouvernements du monde entier ont réagi rapidement et de manière appropriée à la crise économique, avec des plans de relance et bon nombre d’autres mesures, constate-t-il. J’espère qu’ils continueront à le faire. Le gouvernement du Luxembourg a joué un rôle important ici, et je tiens à le remercier aujourd’hui.»
L’historique château de l’avenue de la Liberté n’abrite plus le siège administratif du groupe, désormais localisé dans un bâtiment ultra-moderne du boulevard d’Avranches, d’où est pilotée la très grande majorité des fonctions administratives de l’ensemble du groupe. «Le Luxembourg s’est révélé être un véritable atout dans cette période difficile, estime Lakshmi Mittal. Nos employés y sont extrêmement passionnés par l’entreprise et s’engagent pour son succès. Leur patience et ce qu’ils ont réalisé tout au long de cette année en témoignent. Je tiens sincèrement à les remercier également pour leur soutien continu et leur souhaite une prospère année 2011.»
Même si les dernières prévisions quant aux performances attendues pour le dernier trimestre de l’année restent prudentes, le groupe n’en affiche pas moins des performances financières remarquables, avec un résultat net pour le troisième trimestre 2010 de 960 millions d’euros, en forte hausse de 48% par rapport au troisième trimestre 2009 et des prévisions pour le dernier trimestre de l’année d’un Ebitda compris entre 1 et 1,4 milliard d’euros.