Plus de 85.000 frontaliers prennent l’A31 chaque jour pour se rendre au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

Plus de 85.000 frontaliers prennent l’A31 chaque jour pour se rendre au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

«Si cela se confirmait, ce serait regrettable et problématique.» Le ministère de la Mobilité et des Travaux publics s’interdit de commenter la politique menée chez nos voisins. Contacté mardi matin par Paperjam, la porte-parole du ministère de François Bausch, Dany Frank, rappelle quand même que «le Luxembourg s’est déjà engagé dans la mise à deux fois trois voies sur l’A3, dont la troisième voie serait réservée pour le covoiturage et le bus.»

Le Luxembourg a même décidé d’y consacrer une enveloppe plafonnée à 356 millions d’euros depuis décembre 2017.

La semaine dernière, dans une réponse parlementaire, le ministre avait confirmé que les travaux du premier des cinq tronçons pourraient commencer au début de 2020. Le chantier doit démarrer entre la Croix de Gasperich et les stations-service de Berchem parce que cette partie est le point de jonction entre trois autoroutes (A1, A6 et A3). Les quatre parties, à terminer d’ici 2025, sont «Croix de Bettembourg-Zoufftgen et Dudelange-centre», «Livange et le viaduc», «Croix de Bettembourg» et «Livange-Croix de Bettembourg».

130.000 frontaliers en 2030

De quoi gagner 50% de la capacité d’évacuation de cet axe surchargé qu’empruntent chaque jour 85.000 frontaliers français en plus du trafic normal et du trafic international de camions. Surtout que la fréquentation de l’A3 va encore augmenter: le développement de l’Eurohub et du centre CFL multimodal de Bettembourg mettra de nouveaux camions sur cette autoroute et le nombre de frontaliers français devrait atteindre 130.000 en 2030.

Pendant la durée des travaux, la vitesse doit être réduite à 70km/h – elle est de 48km/h aux heures de pointe – mais les deux voies actuelles dans les deux sens seront maintenues les jours de semaine pour ne pas compliquer encore la situation.

Voir le projet de l’A31 bis remis sous la pile des priorités, comme l’écrivent nos confrères du Républicain lorrain, rendrait les travaux luxembourgeois sans impact sur les bouchons que connaît le Luxembourg matin et soir.

800 millions d’euros à trouver

«L’agence de financement des infrastructures de transport française (AFITF) n’a plus d’argent», assure Bertrand Pancher, député de la Meuse, chez nos confrères. «Il lui manquera cette année 200 millions d’euros de redevance radars et 300 millions d’euros après les concessions faites aux ‘gilets jaunes’. Sans parler des 200 millions d’euros versés à Écomouv’ après l’abandon du projet de l’écotaxe.» L’établissement public dirigé par Christophe Béchu depuis l’an dernier était tout juste parvenu à l’équilibre en 2017 avec des recettes de plus de 2,35 milliards d’euros.

Le coût de la totalité de l’A31 bis, de Toul à la frontière luxembourgeoise, est estimé à près de 2 milliards d’euros dont 800 millions d’euros pour la partie nord. L’État français avait annoncé au début de la concertation vouloir contribuer au projet pour 400 millions d’euros sur la période 2023-2032. Le reste pourrait être apporté par un péage (620 millions d’euros espérés).

Les dernières étapes de la concertation publique de ce projet vieux de 40 ans auront lieu le mercredi 27 février à Metz et le 1er mars à Laxou, mais cette nouvelle portion d’autoroute entre Toul, à l’ouest de Nancy, et la frontière luxembourgeoise continue de diviser à la fois sur son tracé et son financement.

L’A31 bis – ou l’extension de l’A31 – fait pourtant partie du protocole de coopération signé en mars dernier à Paris entre les deux ministres des Transports. Du côté de la préfecture du Grand Est, le service de presse était surpris de cette annonce. «Le préfet Jean-Luc Marx est très attaché à ce que ce dossier reste prioritaire», commentait-on mardi après-midi.