Gaston Reinesch, gouverneur de la BCL, était reçu mercredi par le formateur. (Photo : Christophe Olinger / archives)

Gaston Reinesch, gouverneur de la BCL, était reçu mercredi par le formateur. (Photo : Christophe Olinger / archives)

Initialement fixé à 9 heures, le rendez-vous du formateur du gouvernement Xavier Bettel et des délégations des trois partis en lice pour le pouvoir avec le gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg (BCL) Gaston Reinesch pour parler finances publiques a été reculé à la fin de la matinée.

Gaston Reinesch avait fourni ses «vues» de la situation financière dans le Bulletin de la BCL paru quelques semaines avant les élections anticipées. Le bilan était sévère, les exigences pressantes au futur exécutif pour qu’il endigue «au plus vite» des déficits de l’administration centrale et impose «un objectif budgétaire à moyen terme plus exigeant», passant par un excédent structurel d’au moins 1% du PIB et complété par des réformes des pensions (celle qui a été entamée en 2012 ne permet pas d’assurer la soutenabilité du système) et des soins de santé.

Autre point mis en exergue dans le Bulletin, la vente de la participation de l’État de 34% dans BGL BNP Paribas qui permettrait de diluer la dette publique (à 22% du PIB, contre 26% sans cette vente). Mais, message de Gaston Reinesch: vendre oui, mais dans le soucis de l’intérêt général et en évitant les conflits d’intérêt.

Équité fiscale

Le gouverneur de la BCL avait insisté dans le bulletin sur les inégalités croissantes dans la population et demandé de «passer au crible» les différents transferts sociaux, d’abord pour en maitriser la progression, ensuite pour les redistribuer positivement.

Le «criblage» doit aussi se faire en matière fiscale, selon la BCL, et s’appuyer «sur une comparaison systématique entre contribuables des taux d’imposition moyens et des taux d’imposition marginaux», bref faire le rapport entre le taux d’affichage officiel et ce que les ménages et entreprises paient vraiment sur leurs fiches d’impôts. Tout ça «dans un esprit d’efficience et d’équité» garantissant «une progressivité adéquate». Pour la BCL, il s’agit de se faire «une idée claire sur les taux d’imposition effectifs».

Incontournable TVA

Le passage en revue du taux de TVA est un incontournable: les trois partis se sont engagés à ne pas toucher aux taux, alors que le Premier ministre sortant en avait fait son cheval de bataille et l’avait fait acter dans la dernière actualisation du programme de stabilité du Luxembourg, la chiffrant à 0,8% du PIB. Une hausse d’un point de TVA rapporterait 0,4% de hausse du PIB. La BCL jugeait nécessaire une réflexion sur une refonte du régime de TVA «la plus appropriée en termes économiques et sociaux». 

La question qui tue: l’index

Dernier sujet qui fâche, l’indexation. C’est là que les programmes électoraux des trois partis de la future coalition divergent le plus, les verts et les socialistes prônant la défense de l’index, voire l’abandon de sa «manipulation», les libéraux étant plutôt enclins à un remodelage du système pour encourager les créations d’emploi. La BCL s’était inquiétée que l’indexation des salaires aux prix ait alimentée, entre 2000 et 2012, «près de 80% de la variation cumulée du coût salarial nominal moyen» et demandé au prochain gouvernement de prendre des mesures pour «pallier cette situation». «Il est inexact d’affirmer que l’indexation n’a pas d’impact préjudiciable sur la compétitivité», indiquait le Bulletin. Tout en se gardant bien découper des têtes: «Il ne résulte cependant pas forcément de ce constat», soulignait la BCL, «qu’il faille abolir le mécanisme d’indexation».