Camille Groff: «Les clients sont plus sensibles aux prix et attendent un retour sur investissement.» (Photo: Julien Becker)

Camille Groff: «Les clients sont plus sensibles aux prix et attendent un retour sur investissement.» (Photo: Julien Becker)

Monsieur Groff, avez-vous observé des changements dans votre secteur ces derniers mois?

«En période de crise, certains clients revoient à la baisse leur budget, même si des secteurs comme les télécoms, très concurrentiels, maintiennent un haut seuil de présence. On observe une relance, après un gel partiel ou total des campagnes de communication. Pour notre part, sur cinq pitchs réalisés en 2012, nous en avons gagné trois, ce qui, au bas mot, compense les diminutions de budgets d’autres clients. De ce fait, notre agence a continuellement vu croître son chiffre d’affaires, et ceci malgré cette crise. Cependant, et de manière générale, les clients sont devenus plus sensibles aux prix et attendent un retour sur investissement. Aujourd’hui, nous pouvons le mesurer, entre autres avec des outils comme Google Analytics ou les statistiques Facebook. Ce réseau permet aussi d’orienter une campagne vers un public défini.

Le métier est donc en pleine mutation...

«Il est devenu plus complexe. Aujourd’hui, on parle de 360°, d’une communication intégrée incluant les médias classiques, le web, le digital mobile et le street marketing. Avant, le travail était plus compartimenté. Maintenant, tous les intervenants (commerciaux, stratèges médias, créatifs, etc.) participent à la définition de la stratégie. Cela ne va pas s’arrêter. Les solutions que nous proposons sont de plus en plus pointues et les clients s’attendent à un haut niveau de qualité.

Je pense également que le budget général publicitaire va encore augmenter dans les années à venir. Toutes les agences pourront tirer leur épingle du jeu si tant est qu’elles opèrent les ajustements nécessaires afin de répondre à la complexité du marché.

Ces évolutions orientent forcément vos besoins RH...

«La clé du succès des agences passe par la qualité des collaborateurs. Aujourd’hui, un bon account doit également connaître le monde de la communication, le marché, les spécificités du client; il doit être à même de répondre aux demandes de ses interlocuteurs. Aussi, pour des postes de conseiller, nous nous tournons vers des profils de type bac+4 ou bac+5 qui se prévalent également de compétences transversales.

Par ailleurs, si recruter un Luxembourgeois (notamment pour ses capacités linguistiques) est un problème récurrent, nous avons tout de même réussi à engager une jeune talentueuse que nous allons continuer à former dans les années à venir.

Que pourrait-on modifier pour améliorer les performances du secteur?

«La complexité a conduit à – au moins – doubler le temps de travail de tous les intervenants liés au développement d’une stratégie de communication. Le revers de la médaille, c’est que, historiquement, les accounts étaient rémunérés en partie sous forme de commissions. Or ceci ne suffit plus pour rétribuer à sa juste valeur leur travail et plus généralement tous travaux de conseil, une part croissante de notre activité.

Un décalage s’observe donc entre les tarifs pratiqués et les frais des agences. À terme, cela peut mettre à mal la pérennité de certaines d’entre elles. L’idéal serait de facturer, pour une stratégie, le conseil au même titre que la création. Car ces deux éléments sont interdépendants. Et cette interaction permet, justement, de développer des solutions tailor-made.»