Le vice-Premier ministre luxembourgeois, Étienne Schneider, et son homologue turque, Mehmet Simsek, lors de la visite de travail de ce dernier le 23 septembre 2016. (Photo: Ministère de l'Économie et du Commerce extérieur)

Le vice-Premier ministre luxembourgeois, Étienne Schneider, et son homologue turque, Mehmet Simsek, lors de la visite de travail de ce dernier le 23 septembre 2016. (Photo: Ministère de l'Économie et du Commerce extérieur)

Les attentats et le coup d’État manqué ne doivent pas détériorer les bonnes relations économiques avec le Luxembourg, assure Ali Erdal, le conseiller commercial de l’ambassade de Turquie à Luxembourg. «En 2015, le total des échanges commerciaux avec le Luxembourg a atteint les 224 millions de dollars, le plus haut niveau depuis 10 ans. En 2016, nous sommes à 182 millions de dollars pour les 11 premiers mois de l’année», a-t-il indiqué à Paperjam.lu.

La visite de travail du vice-Premier ministre turc, Mehmet Simsek, le 23 septembre dernier, avait déjà été un signal dans ce sens. Il avait d’ailleurs été convenu de maintenir l’organisation pendant le premier trimestre 2017 de la Joint Economic and Trade Commission (Jetco) en Turquie.

Les vols de Turkish Airlines vont recommencer à augmenter.

Ali Erdal, le conseiller commercial de l’ambassade de Turquie à Luxembourg

Après un fort déclin durant la crise, les relations commerciales entre le Luxembourg et la Turquie ont repris une pente ascendante depuis 2010, notamment grâce à des efforts diplomatiques importants. Le symbole de ce nouvel élan a été l’ouverture par Turkish Airlines d’une ligne entre Istanbul et Luxembourg en juin 2013. Sept vols par semaine ont d’abord été proposés aux voyageurs, avant que la compagnie réduise la fréquence à quatre allers-retours hebdomadaires.

«Il s’agit d’un programme pour les mois d’hiver, mais Turkish Airlines va augmenter de nouveau le nombre de vols hebdomadaires à sept durant l’été», corrige M. Erdal. Le diplomate dresse un constat identique pour les vols touristiques prestés depuis le Luxembourg, qui ont été beaucoup diminués ces derniers mois. «Nous sommes confiants qu’après l’hiver, ils recommenceront à augmenter», dit-il.

Risque commercial élevé

Pour les investisseurs luxembourgeois, le constat est plus modéré. «Les événements tragiques et très médiatiques qui frappent la Turquie n’ont pas d’effet immédiat sur le milieu des affaires», note Jeannot Erpelding, le directeur des affaires internationales à la Chambre de commerce. «Mais un sentiment de prudence règne dans le milieu des affaires luxembourgeois.»

CFL Multimodal, qui travaille avec la société turque Mars Logistics, explique n’avoir connu aucune perturbation ces derniers mois: «Mars Logistics est un des plus grands clients de la plateforme multimodale de Bettembourg. Ses transports continuent à raison de 5 allers-retours (à 37 semi-remorques) par semaine.»

La Turquie reste un pays intéressant.

Jeannot Erpelding, le directeur des affaires internationales à la Chambre de commerce

À l’instar de la Russie, la Turquie est encadrée par l’ODL, le guichet unique du gouvernement destiné aux exportateurs, dans une situation neutre en ce qui concerne le contexte politique, mais possède un «risque commercial» élevé.

«La Turquie reste un pays intéressant pour les entreprises luxembourgeoises, avec un fort potentiel, mais le chemin à faire est encore long. Et cela était déjà valable avant la vague d’attentats et le coup d’État manqué», conclut M. Erpelding.

En 2016, le Luxembourg a été le cinquième investisseur étranger en Turquie, avec quelque 8,8 milliards de dollars d’IDE, juste derrière les Pays-Bas, les États-Unis, l’Autriche et la Grande-Bretagne. On compte aujourd’hui 442 entreprises luxembourgeoises opérant dans ce pays, selon l’ambassade de Turquie.