Paperjam.lu

 

La 3D luxembourgeoise brille sous les feux de la rampe depuis quelques mois, notamment par le biais du long métrage en "3D avec rendu 2D" d'Oniria, Tristan & Iseut, que Thierry Schiel et Sophia Kolokouri font connaître aux quatre coins de la planète (voir paperJam 12.2001 page 018). Du côté des applications professionnelles, on n'est pas en reste: il devient possible de vraiment proposer des solutions 3D.

Mature

La 3D on-line n'est plus forcément synonyme de plug-ins et de téléchargements hyper lents. La technologie a évolué, et les machines des utilisateurs aussi d'ailleurs. Qu'il s'agisse de 3D off-line ou on-line, le niveau de la technologie a monté d'un cran (voire plus), et les coûts de fabrication ne sont plus aussi faramineux qu'avant, tout en demeurant toutefois élevés.

Michel Ury, manager de MUM, créée en avril 2000 et qui se partage entre webdesign, programmation e-commerce, multimédia et 3D, est confiant en l'avenir de la 3D off-line, mais aussi en celui de la 3D en ligne, qui est plus récente. "On croyait que c'était trop lourd, que ça ne pouvait pas fonctionner. Pourtant, à la SI Expo en 2000, nous avions déjà présenté la modélisation de notre atelier en 3D. En synergie avec nos partenaires grand-ducaux, anglais et américains, nous nous orientons de plus en plus vers la 3D pour la publicité, l'industrie, le e-commerce, ? Nous avons par exemple des démos de concepts cars, à visualiser sous différents angles, dont on change l'intérieur, l'extérieur et explique le travail de la suspension,?".

Jos Andries et Luc Schengen,  associés producteurs chez In-Visible, société de production audiovisuelle, depuis 1988, tracent les grands axes de l'évolution des coûts et performances de la 3D: "en 1993, lors de notre 1er projet 3D en interne, les softs d'un prix abordable  n'étaient pas à niveau. A partir de 1998, les résultats sont devenus dignes de réalisme et, actuellement, on a un facteur de rendu qui est 5 à 10 fois plus rapide, ce qui fait baisser les coûts. En outre, le prix des logiciels a nettement chuté. Il y a quelques années, on pouvait payer environ 50.000 Euro, alors qu'on se situe aux alentours de 5.000 Euro actuellement. Tout cela concourt à ce que la 3D ne soit plus de la science-fiction'.

Stéphane Beugnet, infographiste et responsable de la section 3D d'In-Visible, insiste sur un autre point: plutôt que de mettre en avant la technologie, "l'important est de trouver le meilleur moyen de visualiser quelque chose, et de n'avoir recours à la 3D que si cela met en avant le message à faire passer, et ce de manière ergonomique". C'est ainsi qu'In-Visible, allant de l'avant, a créé pour l'EPT un projet pilote qui a été dévoilé lors de la dernière Foire d'automne et dans lequel le terme "multimédia" prend toute son ampleur.

Le futur Musée de la Forteresse est ainsi présenté on-line via l'utilisation des technologies de streaming 3D et vidéo, la haute définition d'images et le rich media. Une fois installé le plug-in Viewpoint (3 minutes avec un modem 56 K), l'internaute peut voir les différentes parties du musée en 3D temps réel. La texture de l'objet s'affiche vite et progressivement pour atteindre un rendu proche du photo réalisme. On peut changer les angles de vues de l'objet à volonté, ou déclencher des animations 3D  synchronisées avec des explications vidéos streamées qui, à leur tour, synchronisent une page HTML avec des sous-titres.

Autre atout mis en avant par Stéphane Beugnet, le côté "multi-supports" de la 3D qu'il est possible d'exploiter: "On peut faire du full 3D, du mélange réel-virtuel en fixe, en animation, ? La 3D est un hub sur lequel on rentre des données qu'on traite avant de les ressortir pour Internet (petites images optimisées ou temps réel), l'impression (images haute résolution), la vidéo, le DVD, le CD-Rom,?".

Du côté des techniques, on a également le choix. Par exemple, pour l'animation de personnages, on peut définir les "affluents" ? telle partie du corps, en bougeant, influence telle autre partie du corps ? ou encore réappliquer l'animation d'une véritable personne en motion capture.

Publicité

Une des applications professionnelles les plus évidentes semble la publicité. Pourtant, Paul Thiltges, manager d'idPROD (et de PTD Studio) ? spécialisée en 2D mais qui travaille la plupart du temps la 3D avec des prestataires de services comme Broadcasting Center Europe, pour la modélisation, idPROD s'occupant du finissage ?, tempère cet enthousiasme. "Nous faisons de la 3D depuis environ 5 ans, y compris dans le domaine de la publicité. Mais les budgets de la pub au Luxembourg sont modestes et il faut faire avec. Ce sera toujours moins cher, même avec une équipe, de choisir la vidéo plutôt que la 2D et, a fortiori, la 3D. Mais on peut animer plus facilement et rapidement qu'avant. Je propose la 3D quand je vois qu'il n'y a pas d'autre technologie qui permet de faire ce dont le client a besoin'.

C'est ce que l'on veut avec le spot TV en 3D pour le billet Black Jack de la Loterie Nationale. Anselme Pau, producteur chez idPROD, explique le choix de la 3D: "il fallait une ambiance casino. Cela n'aurait pas été très esthétique qu'une personne montre le billet en vidéo, il fallait quelque chose de plus percutant. En plus, si nous avions dû aller filmer dans un vrai casino, cela nous aurait pris plus de temps, et nous aurions dû obtenir des autorisations". Et de conclure: "on peut tout faire en 3D, mais on ne doit pas tout faire. Esthétiquement, pour communiquer un message concernant des aliments, il vaudra mieux les filmer? ce sera plus appétissant. Tout comme il sera plus parlant de présenter l'activité d'une foire en vidéo".

Pas toujours facile de travailler sur un personnage ou un objet en 3D lorsqu'il n'a pas été initialement conçu en fonction. Luc Schengen se rappelle d'une publicité haute résolution en 3D créée par In-Visible pour le cinéma: "Il s'agissait d'un personnage GSM pour LuxGSM. Nous avons donc dû réfléchir à son existence animée, définir ce qu'il pouvait faire ou pas. Ensuite, nous avons modélisé le GSM, nous l'avons animé avec toutes ses touches en veillant à ce qu'il garde exactement le même aspect que ce qui existait déjà en print. Il faut prendre en compte        la 3D le plus tôt possible avec l'agence, que la 3D fasse partie du concept".

Toujours dans le domaine des personnages, In-Visible travaille sur la transposition 3D de la mascotte d'une grande marque luxembourgeoise. Alors qu'elle existe en 20 positions, la 3D peut en proposer sans restrictions. Il faut encore les choisir, en fonction de ce que le personnage peut ou ne peut pas faire (marcher, rouler à vélo,?), de ce qu'il est ou n'est pas (nerveux, joyeux?). Le personnage 3D peut être représenté en différents rendus (wire-frame, hyper-réaliste, cartoon,?).

On peut travailler sur les déclinaisons selon les différents supports: la résolution sera plus basse qu'en print s'il doit figurer en temps réel sur le Web. Et tout cela à partir du même personnage de départ, comme l'explique Stéphane Beugnet: "ajouter de la résolution est plus facile en 3D. En partant du personnage, on change les paramètres selon la nature du but final de la présentation'.

Pour le Musée d'Histoire Naturelle, In-Visible va, à l'aide de la technologie Zoomview, superposer des images aériennes  à une carte topographique, et permettre aux internautes un zoom très performant. Une autre manière de communiquer pour le musée.

Industrie

Le monde industriel semble une valeur sûre pour la 3D. Montrer ce qui se passe à l'intérieur d'une machine est plus simple et performant à réaliser en 3D qu'en vidéo, comme l'explique Anselme Pau: "filmer l'intérieur d'une machine peut être très ardu lorsque l'environnement ne le permet pas: la machine se situe dans un environnement sombre, ou poussiéreux, ou son fonctionnement est trop complexe. Nous conseillons alors la modélisation 3D".

Il y a deux ans, idPROD a réalisé un film d'industrie pour Alcatel, qui avait pour but de faire comprendre leur know-how et leur technologie en matière d'aiguillage de trains à leurs clients et prospects. "Ce film n'a pas été fait par des ingénieurs pour des ingénieurs, mais pour des décideurs. Il fallait donc transformer ce qui pouvait sembler trop compliqué en matière attractive, compréhensible et susceptible de montrer l'essentiel des avantages", ponctue Anselme Pau. Ce qui aurait été nettement plus difficile en vidéo, puisqu'il aurait fallu bloquer des rails, demander des autorisations?, sans être assurés de la météo!

In-Visible travaille sur la simulation d'accidents, les procédés de fabrication, bref, une explication didactique difficile à filmer. Jos Andries commente un film qu'In-Visible a réalisé pour feue l'Arbed: "il fallait que des gens extérieurs à l'Arbed appliquent un de leurs procédés brevetés. Le film tente de tirer le meilleur parti de la vidéo, des graphismes intégrés ? comme les sous-titres - et de la 3D, qui n'intervient qu'en cas de besoin, pour expliquer le processus qui permet d'étanchéifier les joints. La 3D élimine d'abord tout ce qui peut parasiter l'image, mais permet surtout de maîtriser parfaitement le point de vue et l'échelle temporelle des événements, de façon à faciliter l'explication'  donc la compréhension'.

Pour la société toulousaine Abrisud, In-Visible travaille sur un projet exclusivement 3D, qui a pour but de différencier un abri de piscine par rapport à la concurrence, en montrant, par exemple, que des joints spécifiques sont destinés à lutter contre l'humidité,? On comprend bien que de telles explications soient plus digestes qu'un texte ou que des photos, et certainement plus claires que des prises de vues réelles. Stéphane Beugnet ajoute que la 3D autorise une simulation impossible à réaliser sans son concours, tout comme la représentation des objets en transparence: "nous avons simulé la collision d'un ballon avec l'abri invisible en donnant un poids à ce ballon. L'ordinateur a calculé son inertie, ses rotations, ses rebonds'".

 

Architecture

Archigraphie vient de naître (voir le témoignage de Felipe Antunes, p. 125), et In-Visible met également quelques cartes dans le domaine. In-Visible a travaillé sur les plans d'un architecte pour le réaménagement de la place Guillaume. Stéphane Beugnet: "au lieu d'arriver face au jury avec des plans et une maquette à déchiffrer, on a tout sur un seul support: des images fixes, animées, et on peut simuler en temps réel une déambulation sur la place depuis différents points de vues, un vol d'oiseau, une vision depuis une fenêtre précise, la montée des marches,? Ce n'est pas le réalisme absolu, mais cela donne une bonne idée, au premier coup d'?il, de l'intégration dans l'environnement. Cela aide aussi à l'aménagement, puisque nous pouvons simuler la taille d'un arbre à plusieurs âges".

A partir des plans informatiques de l'architecte sous forme filaire, In-Visible a pu recréer assez rapidement sa construction. Le plus gros du travail consistait à reproduire tout l'environnement de la place et des textures à partir de multiples photos, avant de faire  une mise en lumière de la scène en fonction de la position du soleil véritable à tel moment de l'année. Une mise en lumière qui a eu son importance: "Pendant le projet, l'architecte s'est rendu compte que son bâtiment était trop sombre à l'intérieur. Il a donc mis du verre sur le toit. Sur ses plans, il ne pouvait pas le voir, parce que le soleil n'était pas simulé".

Jeux

MUM a déjà lancé le jeu "Hot Ball' pour Everyday.com, et s'apprête à dévoiler, lors de la Foire de printemps, "Paper Boy", un jeu crée pour l'EPT, dans lequel le joueur se déplace dans une ville et dans le temps et doit récolter des produits de la poste, tandis que les cartes SIM cachées dans le monde virtuel assurent le déplacement dans le temps. Michel Ury commente: "les grands analystes prétendent que le marché du jeu va connaître un des développements les plus intéressants. Les projets off-line sont complexes, chers, et il existe des sociétés internationales spécialisées dans ce domaine".

C'est pourquoi les projets de MUM en termes de jeux 3D se situent dans celui du temps réel. L'aspect ludique en séduit en effet plus d'un sur le Web, mais les temps de chargement en refroidissent également plus d'un.

Pas de problème de ce côté-là pour MUM, qui a, avec la technologie américaine Wild Tangent, "travaillé sur la légèreté des objets et des textures, pour que le jeu fonctionne aussi sur un modem 56 K". Evidemment, c'est encore mieux si l'on dispose d'une ligne à haut débit, mais Michel Ury insiste: "la 3D fonctionne aujourd'hui sur des bas débits. Nous pouvons néanmoins augmenter la qualité des textures, les détails et les capacités de jeu avec des connexions ISDN ou DSL'. Mais tout le monde n'est pas encore équipé avec de telles connexions".

Ces jeux pourraient bien être disponibles off-line, puisque, toujours selon Michel Ury, "si on sait créer de la 3D pour le Web, on sait le faire en off-line également. On ne pourrait jamais réaliser l'entièreté du film Final Fantasy pour Internet, car les animations sont bien trop complexes et détaillées!".

 

Web: now?

Pour en revenir au Web, beaucoup prédisent un futur radieux au couple e-commerce ? 3D (voir à ce sujet le témoignage d'In-Visible à la p. 126), avec un catalogue d'objets transposables off-line. Michel Ury table également sur une 3D présente dans le m-commerce, et sur PDA. Les professionnels   portent aussi leurs espoirs sur la 3D temps réel, au niveau des jeux mais aussi de la création de mondes virtuels de type shopping centers, ou encore la transpositions de musées réels en virtuel (voir In-Visible et l'EPT).

MUM vient de mettre en ligne le site de Luxembourg Air Rescue, qui présente de manière interactive quelques modèles 3D:  l'hélicoptère et le LearJet. Ils peuvent être visualisés dans tous les sens, et MUM a prévu une alternative en mini films en MPEG pour les internautes qui ne disposent pas de carte graphique 3D. Des vues à 360° de l'intérieur des appareils, avec leurs équipements médicaux sont également présentées. De même qu'une panoplie d'instruments médicaux adaptés à la mobilité sont visibles en 3D. Michel Ury: "ces instruments ont été reconstruits en temps réel, on peut bien sûr les visualiser sous différents angles, zoomer? ou les regarder en MPEG. Le but est de montrer aux clients potentiels les équipements du Luxembourg Air Rescue? et prouver qu'ils sont aux avants postes de la technologie". Un hélicoptère sur sa base de départ s'envole dans une animation 3D, tandis que le LearJet s'envole, toujours avec la même technologie.

 

? and tomorrow

Une des applications les plus révolutionnaires est celle dont parle Paul Thiltges avec tant d'entrain, basée sur le projet "Embedded Entertainment". Le producteur suit depuis sept ans de très près les travaux du Tchèque Michal Hlavac, surdoué à la tête d'Ingeeni Studios, qui travaille en collaboration avec le MIT Media Lab. Son cheval de bataille? L'intelligence artificielle, appliquée sur Internet via un personnage 3D streamé. Le futur est donc à notre porte, et Paul Thiltges explique: "une marque peut donner un code à ses clients, code qui leur servira, une fois sur le site web de la marque, à accéder à un personnage virtuellement vivant et unique, une fois qu'ils auront téléchargé le logiciel, qui ne pèse qu'environ 400 K".

Ce personnage est un exemple très concret de l' "AI" appliquée à l'"edutainment". En effet, les utilisateurs ? on se situe ici dans la sphère du marketing et de la fidélisation de l'enfant ? ne jouent pas pour le simple plaisir de jouer, mais pour apprendre. Ils peuvent donc apprendre à leur personnage à rouler à vélo, à bien se comporter dans la circulation,? Le personnage parle ? pour l'instant, les interactions autonomes n'existent pas encore, mais le personnage peut "parler" grâce aux expressions de son corps ? marche, joue, et modifie son comportement en fonction du feed-back donné par l'enfant.

Ce feed-back est basé sur les 3 axes de la théorie du comportement: bon/mauvais (le personnage demande à l'enfant s'il doit traverser au feu rouge, l'enfant clique alors sur le bouton rouge, correspondant à "mauvais"), renfermé/ouvert, rempli d'énergie/sans énergie (triste, heureux,?).

Paul Thiltges continue: "on crée un environnement virtuel où les personnages ont une autonomie, que même ceux qui ont créé la base ne peuvent contrôler, puisque son cerveau s'enrichit uniquement sous l'effet de l'enfant. Bien sûr, ceux qui détiennent la technologie peuvent imposer des limites infranchissables (violence,?). Chaque personnage est donc différent, et peut évoluer grâce aux nouveaux codes donnés par la marque, qui offrent un supplément au jeu (une mission,?) et induisent la complexification de son caractère".

On comprend ainsi les enjeux sur l'interactivité. Les études montrent que le caractère unique des jouets est la raison principale de l'attachement des enfants à ces mêmes jouets. Et Paul Thiltges de sortir de sa poche un argument qui pèse lourd dans la balance: "il y a tellement de marques dans le monde, qu'un tel projet permet de se démarquer de la concurrence en fidélisant mieux les enfants, de manière à la fois ludique et éducative". Michal Hlavac ne développe pas sa technologie à l'ombre de son laboratoire, mais en s'ouvrant au marché afin d'améliorer sa plate-forme grâce aux besoins réels de ses clients. Un grand client italien a déjà signé. Reste à idPROD Luxembourg à adapter le produit au marché luxembourgeois.

3D et architecture: Felipe Antunes, Archigraphie

"Fin 2001, j'ai créé Archigraphie, spécialisée dans la visualisation architecturale en 3D. J'ai travaillé pour un cabinet d'architectes avant de suivre une formation en 3D en Allemagne qui s'est clôturée par un stage de 3 mois dans une société spécialisée dans la visualisation architecturale en 3D à Berlin. Là-bas, comme en France, il y a une grande demande de la part des architectes, promoteurs et agences immobilières, qui ont compris que la 3D peut leur permettre de mieux vendre leur bâtiment ou leur projet, visualiser la transformation d'un bâtiment, faire des études de variantes de couleurs, matériaux, objets et volumes.

Le Luxembourg commence à suivre la tendance. Certaines communes veulent déterminer l'impact qu'aura un nouvel immeuble sur l'environnement dans lequel il va être inséré et exigent une image de synthèse avant de décider de donner ou non un permis de construire.

Concrètement, je reçois les plans ou esquisses des architectes, si nécessaire je vais sur place prendre les différentes mesures, faire des photos, vérifier les hauteurs, puis je crée le modèle 3D à l'aide du logiciel SoftImage. Les éléments spécifiques au projet comme les baies vitrées, les seuils de fenêtres, les piliers ou encore la toiture sont développés individuellement pour chaque projet. Ensuite, j'attribue les différentes couleurs, les matériaux, en accord avec le client. Dès lors peut commencer le "rendering" (calcul de l'image avec les différents matériaux, lumières et ombres portées).

C'est à ce moment que les grosses différences de qualité entre les logiciels deviennent visibles. A ce stade, le client peut intervenir pour ajuster les différentes couleurs de matériaux ou encore les vues finales désirées. Bref, pour éviter toute mauvaise surprise dans la composition finale. La dernière étape consiste à créer une atmosphère plus agréable à l'image en insérant des personnages, du mobilier, des arbres ou des buissons à partir de bibliothèques d'images et d'objets 3D. Le bâtiment est maintenant prêt à être incrusté dans une photographie existante afin de visualiser l'impact dans l'environnement final.

Une fois la visualisation 3D prête, le client choisit souvent une présentation sous forme de print: il veut pouvoir toucher, avoir une impression qui reproduit fidèlement les couleurs choisies. Mais on peut aussi opter pour une visualisation animée sur écran d'ordinateur, CD-Rom, cassette vidéo VHS, une version du bâtiment de nuit, simuler la vision d'un piéton montant la rue ou, dans le cas d'une visualisation 3D intérieure, simuler le passage d'une pièce à l'autre.

Pour la résidence Ruben à Rodange, ce qui était important pour la commune était de "voir" les hauteurs de corniches et de toitures, de pouvoir visualiser le débordement de la toiture par rapport au bâtiment existant, ainsi que les différents volumes et la masse du projet. La visualisation a été décisive pour l'émission du permis de construire. Histoire de ne pas faire d'erreur: il arrive que l'on ne remarque des défauts qu'une fois le chantier bien avancé, ou que le client se rende compte qu'il n'avait pas bien compris une des idées de l'architecte.

Faire machine arrière engendre des coûts faramineux! Autant tirer parti de la 3D, qui permet une visualisation photo-réaliste plus immédiate que le déchiffrage de plans pour non spécialistes".

3D, e-commerce et technologie: In-Visible - Jos Andries, Stéphane Beugnet et Luc Schengen

En dehors des applications audiovisuelles et architecturales de la 3D, la WEB-3D a focalisé notre attention ces derniers mois. Grâce à la modélisation d'objets en 3D sur le Web, exit les images minuscules parfois mal détourées sur les sites de e-commerce! En lieu et place, on va trouver un objet détaillé, dans un rendu hyper réaliste, pour un poids équivalent. Ainsi, l'internaute voit vraiment ce qu'il va acheter, et cela peut éviter de nombreux retours de marchandise au site.

Par exemple, la 3D permet, à partir d'un modèle de tasse, de créer une composition et animation compliquée de tasses non seulement photo réaliste, mais aussi interactive: le visiteur peut changer la couleur ou le motif, zoomer sur des détails.

Pour un GSM, le futur client peut voir comment on installe la batterie, les principales fonctionnalités sont expliquées en rollover tandis qu'il peut continuer à 'tourner autour' de l'objet pour vérifier son ergonomie. On peut aussi expliquer grâce à la 3D comment monter un meuble, à l'aide d'un montage fictif. C'est mieux que de la vidéo: pendant que l'animation s'effectue, l'internaute choisit son angle de vue ? nous en prédéfinissons tout de même pour celui qui n'ose pas cliquer - et peut rejouer les plans pour mieux les appréhender,?

Notre souci dans la création de sites web est que la 3D et les éléments audio-visuels streamés deviennent des parties naturellement et sobrement intégrées dans l'interface proposée à l'internaute, et non dans une fenêtre affichant la signature de tel ou tel plug-in. Nous venons de mettre au point une technologie intermédiaire entre la 3D et la photo, qui fonctionne sur toutes les plate-formes, sans aucun plug-in, player flash, java ou activeX. Il faudra juste télécharger les objets. Gyrovista utilise le standard HTML et des scripts pour représenter les objets, tourner autour et zoomer. Elle permet aussi les ombres et réflections que l'on ne peut avoir avec les moteurs de rendu en temps réel. C'est intéressant si le client n'a pas besoin de plus d'interactivité que la rotation de l'objet sous quelques angles de vue. C'est moins onéreux et, quand on part de photos,  Gyrovista permet un gain de temps, voire de pallier l'impossibilité de représenter des objets très complexes, impossibles à rendre en temps réel par les PC actuels. Les deux technologies se complètent, il faut les choisir en fonction des besoins du client".