Gentille romance entre un hacker et une veuve, le film ne marquera probablement pas les esprits par son intérêt artistique. Si l’intrigue est banale, le mode de distribution choisi par les producteurs l’est beaucoup moins. «No Postage Necessary» sortira courant juin, non pas en salle, mais directement sur internet par le biais de la technologie blockchain.

Ce procédé numérique de stockage et d’échange de données assure une parfaite protection contre le piratage dans un environnement totalement décentralisé, reposant sur un réseau de partage de type pair-à-pair. La distribution s’effectuera sur le site d’échange de vidéos Vevue, qui utilise sa propre cryptomonnaie pour les paiements. 

Concrètement, avant de pouvoir visionner l’œuvre, les internautes devront se procurer la monnaie numérique Vevue – sorte de jetons digitaux – sur des sites spécialisés de type Kraken ou Coinbase. Une fois la transaction validée, un jeton (token) est émis et ajouté à la blockchain qui contient les précédentes transactions.

Ni contrainte ni intermédiaire

L’ensemble est protégé par chiffrement et permet la traçabilité, la protection contre la copie numérique et le respect des droits d’auteur. Ce procédé est révolutionnaire à bien des égards. Ainsi, le mode de fonctionnement dénué d’organe de contrôle échappe aux puissants studios d’Hollywood. Les réalisateurs peuvent se rêver en producteur et en distributeur et mener leur projet de bout en bout, sans contrainte ni intermédiaire. Ils ont de plus l’assurance que leur œuvre ne sera pas dupliquée sur les sites de téléchargement illégal. Selon la MPAA (Motion Picture Association of America), environ 710 millions de films et séries ont été partagés illégalement sur internet en 2014. Autre avantage de taille de la blockchain, la possibilité de se financer par le même procédé.

Est-ce à dire que l’industrie cinématographique est à l’aube d’une révolution? Jeremy Culver, le producteur, scénariste et réalisateur de «No Postage Necessary», en est persuadé: «Nous espérons que cela va signifier un changement dans la manière dont les contenus sont partagés et consommés.» Rentabilité oblige, ce précurseur propose néanmoins son film sur des plateformes de distribution dématérialisée plus classiques comme iTunes et Amazon. On peut être geek et pragmatique!