Serge Cammaert et Philippe Havaux, aux commandes de la banque Delen Luxembourg. (Photo: Banque Delen)

Serge Cammaert et Philippe Havaux, aux commandes de la banque Delen Luxembourg. (Photo: Banque Delen)

Dans le plus pur style de la gestion patrimoniale, la banque Delen fait preuve d’une discrétion qui en deviendrait suspecte. Et pourtant, les gestionnaires de la banque belge, présente au Luxembourg depuis tout juste 30 ans, affirment n’avoir jamais eu autant les coudées franches que depuis la fin du secret bancaire.

«Nous n’avons jamais pratiqué la structuration vers les destinations offshore, expliquent Philippe Havaux et Serge Cammaert, directeurs de la filiale luxembourgeoise. Aujourd’hui, le modèle de la banque privée dans le pays est celui que nous avons toujours pratiqué. Nous avons enfin pu déployer nos ailes.»

À la belle époque du secret bancaire, ils s’estimaient bridés dans leur activité. «Les gens qui frappaient à notre porte dans l’espoir de trouver un avantage fiscal nous trouvaient trop peu agressifs. Heureusement, aujourd’hui, la demande a fortement évolué.»

Se concentrer sur ce que l’on sait faire

Depuis son arrivée au Luxembourg, il y a trois décennies, la banque d’origine anversoise a misé sur deux activités: un, la banque privée axée sur la gestion discrétionnaire et le service patrimonial; deux, la gestion des fonds patrimoniaux du groupe, pour lequel elle joue le rôle de banque dépositaire.

Une banque de niches donc, qui ne prétend pas s’éparpiller. «Nous nous concentrons sur ce que nous savons faire, et rien d’autre. Nous ne proposons d’ailleurs pas nos fonds à l’extérieur, ils sont réservés à nos clients, expliquent les deux responsables. Ça permettrait sans doute de gonfler les actifs sous gestion, mais nous y perdions en contrôle et en service.»

Cette sagesse managériale est approuvée au plus haut niveau par les actionnaires, le holding Ackermans & van Haaren (78,75%) et la famille Delen (21,25%). «Notre plus grand défi est de résister aux modes. Regardez les dégâts qu’a faits la bulle internet au début des années 2000», insistent Philippe Havaux et Serge Cammaert.

Notre plus grand défi est de résister aux modes.

Philippe Havaux et Serge Cammaert, directeurs de la banque Delen Luxembourg

Au Luxembourg, Delen emploie 47 personnes – sur un total de 380 pour le groupe – et gère 1,5 milliard d’euros d’actifs sur un total de 30 milliards. Elle sert deux types de clients: ceux des pays limitrophes qui veulent diversifier leurs avoirs sur une base géographique, et les clients luxembourgeois et de la Grande Région à la recherche d’un service de banque privée.

Satisfaite de son évolution, la banque ne se sent pas contrainte de grandir par acquisition. Elle l’a fait en 2005 avec la reprise de la Banque Ippa. «Nous sommes aux aguets, nous regardons un dossier par an, mais nous sommes très sélectifs. Notre croissance interne est suffisante. Mais si une opportunité se présentait, nous aurions le soutien et les moyens de la part de notre actionnaire.»

Enfin, au niveau des défis pour les 10 prochaines années, le duo Havaux-Cammaert pointe la digitalisation et la difficulté de trouver le personnel adéquat. «Au niveau de l’informatisation, notre président Jacques Delen est un passionné. C’est lui qui nous pousse dans cette voie, et nous sommes donc déjà bien équipés. Notre application est reconnue dans le marché.» Il n’y a pas de secret: sur 380 employés, pas moins de 80 sont actifs dans le développement informatique.