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S'il y a bien un sujet qui passionne les foules avides d'indicateurs et autres tendances IT, c'est celui du e-commerce. Quelle est la part des sites webs luxembourgeois qui pratique la vente en ligne? Les entreprises utilisent-elles Internet pour effectuer leurs achats?

Evidemment, dès que l'on accole e-commerce et Luxembourg, on pense au programme eLuxembourg. Dans le ?Tableau de bord d'indicateurs eLuxembourg? de mai 2001, l'auteur insiste: Il est important que les PME ne prennent pas de retard dans ce processus (ndlr: usage du commerce électronique, échanges interentreprises ? c'est-à-dire B2B, ? sur lequel l'Europe est déjà en retard par rapport aux Etats-Unis).

Mais où en sommes-nous concrètement actuellement? Des éléments de réponse tout de suite, et quelques éclaircissements grâce à Heliview.

Et le transactionnel'

Au Luxembourg, la majeure partie des sites web demeure encore et toujours ?informationnelle?, c'est-à-dire qu'il s'agit pour la société de se présenter sur Internet, de façon plus ou moins complète et complexe. Pour 72% des entreprises qui possèdent un site web, Internet se limite (encore?) à cette fonction de visibilité et de communication.

Seules 16 entreprises luxembourgeoises sur 100 ont mis en place un site transactionnel, tandis que 12% vont plus loin, avec un site totalement intégré avec les systèmes internes (le back-end ? c'est-à-dire une application PHP/MySQL/... qui donne la possibilité de gérer un petit site web? voire un site de taille moyenne - en mode dynamique, et d'autres solutions e-business telles que le back office et le legacy system), de solutions ?end-to-end' (voir Graphique 1).

Un site web sur deux est hébergé chez un Internet Service Provider à l'extérieur de l'entreprise plutôt que d'être installé en son sein.

Par comparaison, les chiffres avancés dans l'étude ?Commerce électronique et Internet dans les entreprises du Grand Duché de Luxembourg? (Chambre de Commerce et du CRP Gabriel Lippmann - novembre 2000 - février 2001) et l'enquête ?Luxembourg Business in the Digital Economy? du CEPROS (novembre 2000) étaient respectivement de 8% (mise en place d'activités de commerce électronique) et 21% (fonctionnalité de vente en ligne mise en place) pour la première étude et 10,7% (de sites qui réalisent une partie de leur chiffre d'affaires par le commerce électronique) pour la seconde.

Quel que soit le pourcentage qui se rapproche le plus de la réalité, le e-commerce est encore rarement effectif au Luxembourg, bien qu'il soit sur toutes les lèvres. L'étude de la Chambre de Commerce ajoute d'ailleurs que 35% des entreprises ne planifient aucune activité de e-commerce dans le futur (20% n'ayant pas répondu à la question'), et que, dans les 3 ans, 31% estiment qu'elles mettront en place une telle fonction. Bien sûr, tous les produits et services ne se prêtent pas à la vente en ligne, ou du moins difficilement (voitures, par ex.). En outre, certains freins existent encore: les problèmes d'organisation logistique, la sécurité des paiements, la généralisation du haut débit ? à laquelle est liée la cryptographie - que l'on attend toujours, la protection des données,? et le cadre légal favorable (lois sur le commerce électronique et la protection des données à caractère personnel) n'a pas l'air de réveiller les professionnels.  ?

? Dans quelques mois, les résultats que nous avons actuellement entre nos mains pouront être comparés à ceux de l'étude actuellement menée par le STATEC, à laquelle les sociétés seront obligées de répondre. Espérons que les chiffres du STATEC nous rendront le sourire.

Actuellement en tout cas, et pour reprendre le ?Tableau de bord d'indicateurs eLuxembourg?, on peut conclure qu'il reste encore un long travail d'information et de sensibilisation des entreprises au potentiel que peut représenter Internet pour leurs activités.

Nos voisins européens semblent plus avancés que nous, mais encore faut-il voir les réalités qui se cachent sous l'appellation ?e-commerce?: certains limitent le concept à la transaction via le Web, d'autres considèrent que le remplissage d'un formulaire disponible sur le Web mais à faxer est déjà du e-commerce'  (voir Graphique 2).

Et les achats sur le Web?

A peu près une compagnie connectée à Internet sur 3, à savoir 32,9%, a néanmoins acheté des produits ou services via Internet lors de l'année écoulée. Par rapport à l'année dernière, l'augmentation est de pas moins de 20%. Selon le nombre d'employés et le type d'activités, le pourcentage peut varier (voir Graphique 3).

Ces 33% sont sans commune mesure avec les pays européens traités dans l'étude de la BNP Paribas, comme en témoigne le Graphique 4.

Hypothèse parmi d'autres pour expliquer cet état de fait: la petitesse du territoire luxembourgeois, qui implique de nombreux échanges avec l'étranger, et pas toujours avec nos voisins directs ? belges, français, allemands. Le Web facilite peut-être l'achat hors territoire de produits que l'on ne trouve pas ?

? sur le sol luxembourgeois ou à proximité: l'entreprise qui désire les acheter visite le site web sur lequel se trouve le produit qu'il recherche et, s'il a confiance, le commande. 

Ou encore, pour ce qui concerne les achats sur des sites webs luxembourgeois, peut-être justement que la petitesse joue en faveur d'un climat de confiance (on commande sur le site d'une entreprise click and mortar que l'on connaît ?physiquement? depuis long-temps).

Les 45,5% d'entreprises de plus de 250 employés font également penser que les banques, particulièrement habituées aux procédures hightech, n'hésiteraient pas à acheter sur le Web?

Certains vont plus loin'

Certes, la proportion de sites web transactionnels n'est pas (encore?) bien élevée, surtout par rapport à d'autres pays européens.

Pourtant, on peut dire que le Luxembourg n'est pas à blâmer en ce qui concerne les entreprises présentes sur Internet avec une stratégie bien définie.

Les chiffres d'Heliview vont en ce sens puisque, sur 100 compagnies possédant une connection Internet, 23,5 ont créé une entité séparée qui regroupe les activités de développement de leurs activités web, plutôt que de les intégrer dans les activités traditionnelles: At three out of 4 companies with an Internet connection, the Internet activities are part of the normal company activities. Already 1 out of 4, therefor, claims to have those activities in a separate entity (voir Graphique 5).

Sans trop de surprise, ce sont les entreprises de plus de 250 employés qui tiennent le haut du pavé en la matière, et on imagine que ce sont les mêmes qui possèdent déjà (sic) un site intégré?