Pierre Gramegna: «La politique monétaire de la BCE doit être accompagnée de mesures budgétaires et structurelles durables.» (Photo: ministère des Finances)

Pierre Gramegna: «La politique monétaire de la BCE doit être accompagnée de mesures budgétaires et structurelles durables.» (Photo: ministère des Finances)

Présidence italienne oblige, les ministres des Finances européens se sont rencontrés ce week-end, non pas à Rome, mais à Milan. Plusieurs arènes leur ont permis de s’exprimer sur les sujets du moment. À l’Eurofi Financial Forum (du 10 au 12 septembre), organisé par le think tank de Jacques de Larosière (ancien président de la Berd), à la réunion Asem dans le cadre du dialogue Asie-Europe (les 11 et 12) et bien sûr à l’Ecofin (le 13), précédé la veille de l’Eurogroupe, on a parlé relance par l’investissement et rigueur budgétaire.

Pierre Gramegna a ainsi représenté le Grand-Duché et apporté son eau au moulin en rappelant la nécessité d’effectuer de nouveaux investissements publics et privés dans les infrastructures ou encore la recherche et l’innovation, mais aussi de soutenir des réformes structurelles pour rendre les entreprises européennes plus compétitives et encourager l’emploi.

L’intéressé est également revenu entre les lignes sur l’importance des politiques de relance (notamment monétaire) dans un cadre budgétaire sain: «Je suis satisfait que nous ayons pu trouver un large consensus sur le fait que pour sortir de la crise, la politique monétaire de la BCE doit être accompagnée de mesures budgétaires et structurelles durables au niveau des États. J’ai pu féliciter dans ce contexte le président de la BCE, Mario Draghi, pour les mesures prises début septembre par la Banque centrale européenne pour contrecarrer la faible croissance dans une grande partie de l’Eurozone.»

Relance par l’investissement… et 300 milliards

En toile de fond, la volonté de plusieurs États membres de faciliter l’investissement, notamment par la levée de fonds auprès de la BEI, basée à Luxembourg. Celle-ci a déjà vu son capital augmenter en 2013 pour démultiplier sa puissance de frappe.

Elle pourrait recevoir de nouveaux fonds, publics et privés, et être invitée à participer à des financements plus risqués. Le futur président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a fait part dans son programme de la volonté de lever 300 milliards d’euros dans le cadre d’un grand plan de relance européen. La BEI a été chargée de remettre un rapport comprenant des projets d'investissement, avec des mesures concrètes, particulièrement dans les secteurs de l'énergie, des transports et de l'économie numérique. L’Allemagne et la France, notamment, soutiennent l’initiative.

Mais cette dernière est visée par les ministres de la zone euro pour ne pas respecter le pacte de croissance et de stabilité en matière de déficit budgétaire… Le ministre français des Finances, Michel Sapin, successeur de Pierre Moscovici (en passe d’accéder au portefeuille des affaires économiques, financières et fiscales à la Commission européenne), a d’ailleurs récemment indiqué que le retour à la norme, un déficit de 3% du PIB, ne serait non pas comme prévu atteint en 2015, mais en 2017. Ce qui n’a pas manqué d’irriter ses pairs.