Martin Vogel: «Le législateur européen fait souvent reposer les responsabilités sur les sociétés de gestion.» (Photo: Luc Deflorenne)

Martin Vogel: «Le législateur européen fait souvent reposer les responsabilités sur les sociétés de gestion.» (Photo: Luc Deflorenne)

Monsieur Vogel, qu’est-ce qui a le plus marqué votre secteur d’activité ces derniers temps?

«Nous avons observé l’apparition de nombreuses nouvelles lois et réglementations qui ont entraîné des responsabilités et des devoirs plus importants pour les sociétés de gestion. J’ai également pu constater que lorsque le législateur européen ne sait pas identifier clairement les responsabilités, il les fait souvent reposer par défaut sur les épaules des sociétés de gestion. C’est le cas, par exemple, pour l’évaluation des investissements dans les fonds alternatifs ou encore la maîtrise de la provenance des fonds dans la lutte contre le blanchiment.

Sur quels piliers comptez-vous appuyer votre croissance?

«Nos activités sont multiples. Toutefois, notre corps de métier reste la gestion collective des fonds d’investissement (Ucits et fonds alternatifs) au Luxembourg. Nous donnons de la substance aux fonds d’investissement basés au Luxembourg. Nous exerçons également la supervision et le contrôle par rapport à l’ensemble des tiers auxquels nous avons délégué une partie des activités. De manière plus générale, nous nous appuyons sur la situation du Luxembourg qui continue d’attirer des acteurs des fonds Ucits et alternatifs. Notre taille est aussi un atout: une société de gestion a besoin aujourd’hui d’une certaine envergure pour gérer efficacement les fonds d’investissement.

Avez-vous des difficultés pour trouver certains profils?

«Au Luxembourg, les sociétés de gestion s’arrachent deux profils particuliers: les risk managers et les professionnels de la compliance. Nous avons la chance d’avoir une bonne renommée dans le secteur financier, ce qui nous permet de recruter sans trop de mal des experts qualifiés et expérimentés. Mais, comme ils sont très sollicités, notre plus grand défi est de les fidéliser. Aussi, nous investissons beaucoup de temps et d’argent à proposer des salaires attrayants, des activités stimulantes, un cadre de travail agréable, des opportunités de formations et des possibilités d’évolution.

Quel type de manager êtes-vous?

«Je me place en première ligne et montre l’exemple: je trace la voie, je prends les décisions et j’accompagne mes collaborateurs sur le chemin tracé. Pour autant, je pense qu’il est également important d’entendre chacun des employés et de prendre en compte leurs opinions, idées et initiatives. J’estime aussi que mon devoir de manager est de m’occuper de la clientèle. Je passe ainsi beaucoup de temps à accompagner les clients existants et accueillir les nouveaux.

Quelles sont vos principales qualités?

«Je comprends bien le business et je n’ai pas peur des décisions que je sais prendre rapidement quand il le faut. Par expérience, je pense que je suis également capable de négocier et de comprendre les besoins de chaque personne, quelle que soit sa nationalité ou sa culture.

Et vos principaux défauts?

«Il m’arrive d’aller trop vite dans mes prises de décision. Je peux parfois être un peu trop exigeant. Dans ces cas, j’ai tendance à mettre trop de pression sur mes collaborateurs.

Si vous aviez dû faire autre chose, qu’auriez-vous aimé faire?

«Jeune, je voulais étudier l’histoire et le sport, mes deux centres d’intérêt, pour exercer en tant que professeur d’histoire et moniteur de ski dans les Alpes. Mais j’avais conscience que l’activité sportive est tributaire d’une bonne condition physique, aussi, j’ai préféré m’orienter vers le droit.

Comment voyez-vous votre société dans cinq ans?

«Nous avons pour objectif de devenir la société de gestion indépendante la plus importante, la plus performante et la plus respectée du Luxembourg. Nous désirons également être reconnus dans l’esprit des jeunes professionnels comme une structure de premier choix pour y débuter sa carrière.»