Les agriculteurs avaient déjà manifesté leur mécontentement mardi dernier dans les rues de la capitale luxembourgeoise. (Photo: DR)

Les agriculteurs avaient déjà manifesté leur mécontentement mardi dernier dans les rues de la capitale luxembourgeoise. (Photo: DR)

La circulation risque d’être pour le moins compliquée dans les rues de la capitale belge ce lundi matin et durant une bonne partie de l’après-midi. De nombreux tracteurs en provenance de différents pays européens sont en effet attendus fin de matinée à Bruxelles pour converger vers le quartier européen où les ministres européens de l’Agriculture seront réunis après-midi en conseil extraordinaire.

Si certains ministres, dont les belge et français, ont souhaité ces derniers jours une entrevue rapide avec leurs homologues en raison de la gronde du secteur agricole dans leur pays respectif, cette réunion est à l’initiative de la présidence du Conseil européen qu’exerce le Luxembourg jusque fin d’année.

Une surproduction en question

En tant que ministre de l’Agriculture, c’est donc Fernand Etgen qui aura la tâche de coordonner les discussions lors de cette réunion extraordinaire qui avait été convoquée le 24 juillet dernier, bien avant les dernières manifestations dans différents pays, dont celle de mardi dernier à Luxembourg.

Face à la surproduction laitière, Fernand Etgen a d’ores et déjà indiqué que la réintroduction de quotas laitiers était exclue à ses yeux, préférant la définition d’un prix du lait équitable pour les producteurs. 

«Les producteurs de lait ne manifestent pas pour obtenir des subventions, mais des réductions des quantités, ce qui sera un moyen de parvenir à un prix équitable», indique Romuald Schaber, président de l’European Milk Board (EMB) qui a lancé l’appel à manifester aujourd’hui

La surproduction laitière en Europe qui conduit à une chute des prix et donc des revenus est l’un des éléments centraux des discussions menées à Bruxelles. Les producteurs réclament donc une politique de régulation de la part de la Commission européenne, alors que la demande de la Chine où des espoirs avaient été fondés est moindre et que l’embargo russe touche toujours les produits agricoles européens. 

Le seuil de 30 cents

«Il est trop tôt pour annoncer des mesures concrètes», avait indiqué Fernand Etgen le 1er septembre en marge d’une réunion avec les producteurs laitiers, les syndicats d’agriculteurs et les laiteries du Luxembourg. Défendant une approche coordonnée sur le plan européen, le ministre luxembourgeois de l’Agriculture avait ajouté que la présidence luxembourgeoise ferait «tout son possible» pour qu’un «signal clair» soit envoyé lors du Conseil du 7 septembre. 

En pratique, c’est la Commission européenne qui a la main pour fournir des propositions concrètes et techniques.  On sait d’ores et déjà que Phil Hogan, commissaire européen en charge, sera remplacé par son vice-président Jyrki Katainen pour des raisons de santé.

Si des solutions concrètes n’émergent pas forcément de cette rencontre, un signal est attendu par tout un secteur.

«Les politiques doivent soutenir une production à haute valeur ajoutée pour le marché européen», indiquait la semaine dernière Jeff Boonen, président des Jeunes Agriculteurs, estimant que l’«idéal et réaliste» du litre «serait de 33 à 35 centimes d’euro», alors qu’il ne dépasse pas la barre des 30 centimes actuellement.