«Le cours de l’or peut diverger de son coût marginal d’extraction, car plusieurs autres variables de nature macroéconomique influencent son prix», déclare Alexandre Gauthy. (Photo: Banque Degroof Petercam Luxembourg)

«Le cours de l’or peut diverger de son coût marginal d’extraction, car plusieurs autres variables de nature macroéconomique influencent son prix», déclare Alexandre Gauthy. (Photo: Banque Degroof Petercam Luxembourg)

L’or peut être utilisé pour la fabrication de bijoux, comme investissement et à des fins industrielles de manière plus anecdotique. À travers l’histoire, l’or a aussi été employé maintes fois sous forme de monnaie. Les pièces d’or auraient été échangées pour la première fois vers 550 avant J.-C. dans une partie du monde qui fait maintenant partie de la Turquie.
Sur papier, l’or jouit de la plupart des qualités que l’on attribue communément à une monnaie. Le métal peut être utilisé comme moyen d’échange, il remplit la fonction d’unité de mesure et de réserve de valeur, il est portable, divisible, uniforme et durable. Les monnaies contemporaines telles que le dollar et l’euro ont ces mêmes propriétés. Cependant, l’offre limitée du métal rare distingue l’or des monnaies papier. En effet, il existe un nombre limité d’onces d’or dans le monde, alors que les billets de dollars et d’euros pourraient être imprimés en quantité infinie.   

Certains investisseurs jugent l’or inintéressant, car il ne distribue ni dividende ni intérêt. Du fait que l’or ne génère aucun flux financier, son prix d’équilibre est difficilement valorisable. Toutefois, le prix d’une once d’or devrait se traiter en théorie à des niveaux proches de son coût marginal d’extraction, c’est-à-dire le prix qui prévaudrait sans déséquilibre majeur entre offre et demande. On estime que le coût pour extraire une once d’or supplémentaire tournerait actuellement aux alentours de 1.000 dollars.

Le cours de l’or peut diverger de son coût marginal d’extraction, car plusieurs autres variables de nature macroéconomique influencent son prix. La première d’entre elles est le coût d’opportunité de l’or qui peut en influencer la demande. Ce dernier peut être mesuré par le taux, sans risque réel qui équivaut au rendement des obligations d’État américain ajusté de l’inflation.

Le coût d’opportunité de détention de l’or est faible.

Alexandre Gauthy, Banque Degroof Petercam Luxembourg

Ce coût «invisible» de détention du métal jaune est bas aujourd’hui, conséquence de la politique monétaire expansionniste des banques centrales de ces dernières années qui a contribué à la baisse généralisée des taux. Étant donné que le placement obligataire sans risque rapporte peu de nos jours, un investisseur qui possède de l’or ne renonce qu’à peu de rendement. Autrement dit, le coût d’opportunité de détention de l’or est faible. Dans une optique de long terme, il est probable que le coût de la dette restera écrasé par rapport aux décennies passées. L’endettement du monde développé reste à des niveaux préoccupants.

La dette élevée incite les autorités à instaurer une répression financière qui consiste à canaliser l’épargne des ménages pour financer les dettes publiques dans le but de maintenir un coût de financement abordable pour les États et assurer ainsi la soutenabilité de la dette. Cette politique s’observe depuis quelques années. Par exemple, les nouvelles régulations du secteur financier en Europe poussent les banques et assurances à détenir des dettes gouvernementales moins coûteuses en termes de fonds propres. 

L’or garde sa propriété de valeur refuge en cas de guerre, de faillite bancaire.

Alexandre Gauthy, Banque Degroof Petercam Luxembourg

Un autre élément est la sensibilité du prix de l’or aux risques financiers et géopolitiques. L’or garde sa propriété de valeur refuge en cas de guerre, de faillite bancaire, de récession et de questionnement sur la viabilité du système financier comme c’était le cas en 2008.  

Dans un contexte d’augmentation des risques pour l’économie mondiale dû à la politique protectionniste américaine, aux tensions géopolitiques croissantes et à des taux d’endettement extrêmement élevés qui nécessitent un maintien des taux à des niveaux raisonnables, l’or a toujours sa place dans un portefeuille diversifié.