L’ambiance n’a guère été joyeuse ces derniers temps au siège du groupe Saint-Paul. (Photo: Luc Deflorenne/archives)

L’ambiance n’a guère été joyeuse ces derniers temps au siège du groupe Saint-Paul. (Photo: Luc Deflorenne/archives)

«Ce n’est pas sans un pincement au cœur que les journalistes de La Voix vous proposent ce dernier numéro.» Une phrase extraite de l’éditorial de l’édition de La Voix du Luxembourg de ce matin. Ce vendredi 30 septembre constitue une date marquante pour le paysage médiatique luxembourgeois, puisque ce journal paraît pour la dernière fois dans les kiosques, presque dix ans jour pour jour après son lancement. Son éditeur, le groupe de presse Saint-Paul (également éditeur du Luxemburger Wort), avait décidé, il y a un mois, d’en cesser la publication.

«La Voix du Luxembourg a été un beau projet pour l’éditeur Saint-Paul Luxembourg et a contribué à la diversification du paysage médiatique et éditorial luxembourgeois», écrit Paul Lenert, directeur des rédactions du groupe, en page 2 de ce numéro «collector» qui propose, notamment, sur onze pages, quelques-unes des «Unes» les plus marquantes de la décennie écoulée depuis celle du 2 octobre 2001.

Discussions en cours

L’ambiance n’a évidemment guère été joyeuse ces derniers temps rue Christophe Plantin, au siège du groupe, et ce d’autant plus qu’aucune décision définitive n’a été prise quant à l’avenir de la quinzaine de journalistes de La Voix. Il est évidemment prévu que la plupart d’entre eux soient redirigés vers d’autres supports du groupe, notamment Point24 et wort.lu, sur lesquels Saint-Paul entend concentrer ses efforts. Mais il est également acquis que certains seront licenciés.

Qui et combien? Personne ne le sait encore, même si le chiffre de cinq ou six circulait avec insistance dans les couloirs ces dernières semaines. «Il y aura effectivement sans doute des licenciements, mais nous n’avons encore pris aucune décision», indique Paul Lenert, directeur général du groupe Saint-Paul, interrogé par paperJam.lu. «Nous sommes en train d’entamer les discussions. Pour l’instant, nous avons demandé à chacun d’écouler ses arriérés de congés et de jours de récupération.»

Si l’extinction de La Voix répond, d’un côté, à des exigences économiques évidentes, sa gestion humaine est bien entendu fortement empreinte du poids de l’actionnaire principal du groupe Saint-Paul, l’archevêché. Pas question de trancher aveuglément dans le vif, même si cette situation d’incertitude est pour le moins inconfortable.

Deux Wort pour le prix d’un

«Nous allons faire en sorte que les discussions aboutissent rapidement, dans l’intérêt de tous les partis présents autour de la table», précise Paul Lenert, qui tient à rendre hommage à ses équipes. «Les journalistes de La Voix ont fait un formidable travail. J’en suis très fier.» Un travail cependant pas suffisant pour empêcher la disparition pure et simple d’un titre qui affichait, lors de la dernière étude TNS Plurimedia, un lectorat de quelque 26.000 lecteurs, soit un taux d’audience de 6,2%.

Quant aux lecteurs abonnées qui bénéficiaient de l’offre «Wort + La Voix», ils recevront en compensation, dès lundi, deux exemplaires du… Wort. Pas sûr que cela les console.