OGBL et LCGB ont envoyé mercredi une lettre commune à Richard Forson, CEO de Cargolux, pour lui demander une entrevue urgente afin de connaître «tous les détails nécessaires» à cette «nouvelle stratégie». (Photo: Charles Caratini/archives)

OGBL et LCGB ont envoyé mercredi une lettre commune à Richard Forson, CEO de Cargolux, pour lui demander une entrevue urgente afin de connaître «tous les détails nécessaires» à cette «nouvelle stratégie». (Photo: Charles Caratini/archives)

Il aura fallu une interview de Richard Forson dans la presse spécialisée allemande pour que le relatif calme qui régnait au sein de Cargolux vole en éclats. Trois mois après avoir succédé à Dirk Reich, le nouveau CEO de la compagnie aérienne s’est publiquement interrogé sur la capacité de Cargolux «à survivre en tant que transporteur dans l’environnement actuel».

Faisant référence à «une concurrence extrêmement agressive» dans les colonnes de la Deutsche Verkehrszeitung, le nouvel homme fort de Cargolux évoque également la nécessité de diversifier les activités de la société «dans d’autres domaines… peut-être sans rapport avec l’aérien». Autrement dit, la nécessité de mettre en place «une nouvelle stratégie» qui va nécessiter «la prise de décisions difficiles».

Droits généreux accordés à Qatar Cargo

Des propos interprétés par les syndicats comme une menace directe sur les emplois au Findel. Dans une lettre commune que Paperjam.lu a pu consulter, OGBL et LCGB font part de leur «stupéfaction» quant à cette annonce qui «aurait des répercussions significatives pour le personnel». Rappelant que «le modèle luxembourgeois, de même que le Code du travail prévoient l’information et la consultation préalables avant toute prise de décision ayant un impact économique, financier sur la structure de l’entreprise ou sur le niveau de l’emploi», les syndicats «sollicitent une entrevue urgente» au cours de laquelle ils espèrent que Richard Forson fournira «tous les détails nécessaires» des nouveaux plans de Cargolux.

Pour justifier son annonce, le CEO avait fait référence à la politique de Qatar Airways, ancien actionnaire de Cargolux. Cette dernière profiterait d’un accord global, conclu lors du rachat de la Bil et de KBL par le Qatar, qui permettrait à la compagnie du Golfe de bénéficier de droits de décollage et d’atterrissage généreux. Des droits qu’elle a décidé d’utiliser depuis le transfert des avions de Qatar Cargo de Liège vers le Findel.

Selon les derniers chiffres de l’Administration de la navigation aérienne, établis sur les six premiers mois de 2016, les avions propriété de Doha ont effectué 300 mouvements depuis le Findel, contre 462 sur l’ensemble de l’année 2015. «Qatar Cargo concurrence frontalement Cargolux en utilisant les mêmes routes, mais à des prix bien inférieurs, car la société bénéficie de subventions directes de l’État, ce qui est interdit en Europe», note Hubert Hollerich, secrétaire central OGBL, qui dénonce lui aussi «une concurrence déloyale».