Karolina Markiewicz explique «Sublimation», projet de VR sélectionné à la Mostra de Venise. (Photo: Markiewicz-Piron)

Karolina Markiewicz explique «Sublimation», projet de VR sélectionné à la Mostra de Venise. (Photo: Markiewicz-Piron)

Bien connus pour leur relative hyperactivité, Karolina Markiewicz et Pascal Piron se sont jetés presque par hasard dans la réalité virtuelle il y a deux ans, eux qui viennent plutôt du milieu plus tangible du théâtre. Mais une série d’ateliers révélateurs et de collaborations fructueuses les ont amenés à cette prestigieuse sélection internationale...

L’apprentissage

Alors qu’ils n’éprouvent pas d’intérêt particulier pour les mondes virtuels, les artistes luxembourgeois se laissent tenter par une semaine de workshops au sein du VR Creators’ Lab à Munich en 2016, une expérience qui renverse au final toutes les idées préconçues qu’ils pouvaient alors avoir: «On pensait parler technique pure, on a en fait passé une semaine à parler d’art et de créativité», confie Karolina.

Les deux comparses apprennent ensuite à maîtriser un certain nombre de techniques en lien avec la VR (Tilt Brush, Medium, Unity, Photogrammetry…), tout en s’entourant pour chaque nouveau projet d’un directeur technique, en l’occurrence Fabrizio Palmas – spécialiste en VR et enseignant à l’université de Munich – pour «Sublimation», le tout en collaboration avec la société de production allemande INVR.SPACE.


(Photo: Markiewicz-Piron)

Les réalisations

Ce parcours initiatique a mené le duo à deux projets simultanés. Le premier est la réalisation du projet «My Identity Is This Expanse!», coproduit par Astrid Kahmke d’INVR.SPACE et par a_Bahn au Luxembourg et qui aborde le sujet de la résilience des jeunes migrants et de l’aide précieuse que peut leur apporter la poésie.

Le second est donc «Sublimation», une expérience immersive dans la tradition japonaise de la danse butô, fondée par Tatsumi Hijikata dans la confusion nippone d’après-guerre et née du besoin d’extérioriser des inquiétudes que les danses séculaires telles que le nô ou le kabuki étaient incapables d’aborder. En résulte un hypercontrôle des mouvements empreint paradoxalement d’une certaine liberté que la chorégraphe Yuko Kominami et Kevin Muhlen (pour la musique) ont réinterprétée avec Markiewicz et Piron pour «Sublimation».


(Photo: Markiewicz-Piron)

Le processus

Le participant est tout d’abord invité à assister à une introduction dans la réalité réelle, puis il est conduit dans un second espace où il est équipé d’un casque VR et de capteurs de mouvements. Il rencontre ensuite dans le virtuel un avatar blanc – les danseurs de butô se peignant traditionnellement de cette couleur – qui continue l’enseignement d’une approche chorégraphique créée par Kominami.

Le reste... ne pourra être connu que suite à la première du projet prévue à la Mostra de Venise, fin août, le but final de cette alliance entre cette danse si forte et l’art visuel à travers la réalité virtuelle étant de créer une autre perception de l’impact que l’individu peut avoir sur son monde.

La transmission

Forts de ces expériences, Karolina Markiewicz et Pascal Piron proposent à présent un atelier Tilt Brush au Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain dédié aux écoles et qui sera accessible au public dans le cadre du Luxembourg City Film Festival. Ils participent également à la biennale Multiplica aux Rotondes, en créant notamment une affiche déclinée en image fixe, films 2D et 3D de l’événement qui aura lieu du 1er au 3 mars.