Ayant décidé de revêtir le costume de monarque républicain, Emmanuel Macron vise à instaurer un climat favorable lui permettant d’appliquer «des réformes complexes», selon l’analyse de François-Xavier Bourmaud. (Photo: @emmanuelmacron/twitter)

Ayant décidé de revêtir le costume de monarque républicain, Emmanuel Macron vise à instaurer un climat favorable lui permettant d’appliquer «des réformes complexes», selon l’analyse de François-Xavier Bourmaud. (Photo: @emmanuelmacron/twitter)

Victorieux de Marine Le Pen au soir du 7 mai 2017 avec 66,06% des suffrages, Emmanuel Macron est devenu, à 39 ans, le plus jeune chef d’État européen. Fidèle à sa stratégie de rupture d’avec les pratiques en vigueur sous ses prédécesseurs, le nouveau président de la République n’a eu de cesse, au cours des trois premiers mois de sa présidence, d’agir afin d’«installer le style du monarque républicain», selon François-Xavier Bourmaud, grand reporter au Figaro et auteur d’un livre sur celui qui n’était alors que candidat à la magistrature suprême française.

Effacée par les présidences de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande - «bling-bling» pour l’une, «normale» pour l’autre -, cette attitude viserait à «réinvestir l’esprit de la  Constitution voulue par le général de Gaulle qui fait que le président se trouve au-dessus des partis». Une reprise en main «dessinée pendant sa campagne, mais dont il a réellement mis le costume dès le soir de son élection», juge le journaliste politique qui estime que «ce qui a surpris tout le monde, c’est la vitesse à laquelle il a endossé ce costume».

Car si le discours devant la pyramide du Louvre a marqué les esprits, le nouveau président n’a eu, depuis, de cesse de «multiplier les symboles qu’il a su manier avec beaucoup d’habileté», que ce soit la mise en place d’un congrès à Versailles suite aux élections législatives ou la mise en avant de ses attributs de chef des armées.

Objectif: «Ce qu’Emmanuel Macron appelle le fait de ‘renouer avec le sel des institutions’, mais en apportant une lecture moderne de la Constitution», analyse François-Xavier Bourmaud. Selon lui, la communication mise en place autour du nouveau chef de l’État à grand renfort de slogans – tels que «Make our planet great again» après la décision de Donal Trump de faire quitter les États-Unis de la COP21 – ou d’images avec les principaux dirigeants n’aurait qu’un seul but: «Créer un climat nécessaire à la mise en place de réformes extrêmement compliquées qui viendront dans un deuxième temps.»

Car si l’Élysée se démène pour donner l’impression que la France est de retour sur le plan international, reste désormais à ce que cela se traduise dans les faits. Et la première véritable épreuve du feu ne sera rien d’autre que la présentation du budget 2018, qui se fera dès la rentrée. «Sera-t-il capable de faire que la France respectera les 3% de déficit autorisé par Bruxelles? Le budget sera-t-il en équilibre ou devra-t-il faire de réelles coupes dans les dépenses publiques?», s’interroge le spécialiste.

Encensé au cours des premières semaines de son mandat, aussi bien par la presse nationale qu’internationale, Emmanuel Macron affronte désormais une nette baisse de popularité. La faute à plusieurs polémiques liées au manque d’expérience des membres de la majorité présidentielle, mais aussi à la volonté du président de la République de rompre avec des pratiques en cours durant la décennie écoulée. Notamment dans la gestion de l’armée, sous pression entre lutte antiterroriste et coupes budgétaires.

«La démission du chef d’État-major des armées a été une faute et qui traduit une défiance vis-à-vis des directeurs d’administration au sens large», analyse François-Xavier Bourmaud, qui rappelle que le président de la République s’est engagé dans «une révision des 250 postes de direction de l’administration centrale qui vise à faire de ces administrations des institutions aux ordres de l’Élysée. Et donc qui applique son programme.»

Disposant de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron affronte désormais des critiques sur la manière autoritaire dont il exerce son mandat. Des accusations que ne dément pas François-Xavier Bourmaud, mais qui trouveraient leurs origines dans «l’un de ses grands traumatismes né lors du quinquennat précédent qui est celui de la fronde». «Il a vu, quand il était secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis à Bercy, se développer au sein de la majorité un groupe d’opposants qui a empêché l’accomplissement de la politique du chef de l’État», assure le journaliste politique qui juge que «cet autoritarisme vise à éviter cette situation». Et ce, d’autant plus que «cet aspect fait partie du caractère d’Emmanuel Macron», assène-t-il.