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 (Photo: Julien Becker)

Les codes vestimentaires dans le milieu des affaires ont été fortement influencés par les businessmen londoniens qui imposèrent une tenue formelle, le costume-cravate, de couleur sombre et assorti à une paire de chaussures noires. «Londres était tellement sale à l’époque qu’il valait mieux porter des habits noirs.» L’histoire précise que sous le règne victorien, lorsque la reine perdit son mari Albert, elle décida de porter son deuil jusqu’à la fin de sa vie, auquel l’Angleterre s’associe. La Cour et le Parlement se sont mis au noir. «Dans Oxford Street, à Londres, les boutiques ne vendent plus que des plumes d’autruche noires pour les chapeaux des dames, des brassards de crêpe, des manteaux violets et des plumets noirs pour les chevaux.» Ainsi, Londres apporte le côté sombre des codes vestimentaires. Mais derrière cette face endeuillée se cache un côté extraverti à peine perceptible, presque réservé à l’intimité. «On disait du Premier ministre Churchill qu’il portait des sous-vêtements roses. De même, il n’est pas rare que les professionnels de la finance affichent une certaine exubérance avec des boutons de manchette en tête de mort ou des vestes dont le tissu intérieur est de couleur flashy.»

Après la Deuxième Guerre mondiale, le style italien gagne l’Europe et devient le pilier de la mode. «Les Italiens revisitent les tailleurs londoniens en allégeant les tissus et les coupes. Naples gagne en notoriété.» La Bella Figura répand son style dolce vita, à la fois désinvolte et naturel, et impose sa culture de la beauté. «On a l’impression que l’Italien est né dans un costume. Le costume est taillé pour mettre en valeur celui qui le porte. Il devient plus futé et flamboyant.» L’Italie fait son show… à l’inverse de sa voisine française qui veut éviter l’ostentation. Jusqu’à la Révolution française, la France était l’épicentre de la mode. La royauté déchue, Paris perd de sa candeur et de son influence. «Désormais, il est mal vu d’afficher des signes de noblesse.» Se dessine alors deux mouvements, rive droite et rive gauche, séparés par la Seine et opposant le luxe aux intellectuels. «Le dress code français devient un mix des deux modes londonienne et italienne, les costumes sont calibrés et allégés, on évite le surplus, et Paris maintient sa position de capitale du luxe.» Du côté de la rive gauche, près du quartier de la Sorbonne notamment, les intellectuels adoptent un style très décomplexé, avec des vêtements amples, des chemises col mao et des vestes non cintrées. «De ce côté-ci, la cravate est proscrite!» Un style nonchalant qui n’est pas sans rappeler celui des Autrichiens…

Vienne, qui était très influente au 19e siècle, sous le règne de la famille Habsbourg, ressasse ses heures de gloire à travers un style qui n’a guère évolué depuis, celui d’une monarchie fatiguée. «Le manteau en loden fait partie du folklore autrichien. Il est long et de couleur bleue ou verte. C’est un manteau très classique et pratique.» Vienne n’a pas influencé la mode, mais elle reste présente avec son style conservateur. «Il faut travailler en tant que marchand d’art pour que cette allure gagne en élégance.»

Aux États-Unis, la mode se définit avant toute chose pour le côté confortable du vêtement. «Large et ample. La chaussure de travail a de grands débords et est très lourde. Le style farmer et cow-boy est prédominant.» Par ailleurs, les dress codes sont très stricts. «La chemise button-down est américaine. Les créateurs se sont inspirés des fonctionnalités de l’armée. Dans cet État, la plupart des entreprises ont des codes vestimentaires, comme à l’école…»

À chacun donc sa culture, son habit et ses petits indices… avec lesquels il pourrait être judicieux de jouer dans le cadre de négociations avec des clients étrangers.