Sylvain Crépin insiste sur la «prise de conscience collective du risque que peut représenter une mauvaise gestion de liquidité». (Photo: Deloitte)

Sylvain Crépin insiste sur la «prise de conscience collective du risque que peut représenter une mauvaise gestion de liquidité». (Photo: Deloitte)

Le risque de liquidité pour les fonds d’investissement ne finit pas de faire l’actualité. Le 12 janvier dernier, le Conseil de stabilité financière publiait une série de 14 recommandations à destination des autorités financières nationales pour pallier les fragilités structurelles des activités de gestion d’actifs. Deux des quatre thèmes principaux de ces recommandations concernent la gestion du risque de liquidité et du levier, ainsi que la mise en place d’outils permettant de mieux les anticiper et de les gérer en situation de crise. Le Conseil recommande ainsi la collecte systématique du profil de liquidité et du levier des fonds d’investissement, le suivi de la cohérence de la liquidité offerte aux investisseurs et de la liquidité du portefeuille d’investissement, et promeut la disponibilité des outils de gestion de la liquidité (swing pricing, méthodes anti-dilutives, etc.) pour les fonds ouverts, accompagnés de lignes de conduite claires pour leur utilisation.

Ces recommandations résultent des travaux lancés par le Conseil en 2015 (et auxquels a participé la Place luxembourgeoise via l’Alfi) visant à évaluer les récents changements structurels des activités de gestion d’actifs, à identifier les sources de fragilités structurelles potentielles pouvant menacer la stabilité du système financier et à évaluer le rôle que des réglementations ou recommandations pourraient jouer afin d’atténuer ces risques.

S’inscrivant dans ce contexte, la CSSF a confirmé mi-janvier le reporting risk pour les OPCVM visant à collecter le profil de risque des fonds Ucits ayant un niveau d’encours supérieur à 500 millions d’euros ou ayant un levier supérieur à 2,5 fois leurs encours. Ce rapport inclut notamment une section dédiée au risque de liquidité, avec un reporting du profil de liquidité en conditions normales et stressées, ainsi que la liste des outils de gestion de liquidité autorisés selon le prospectus (swing pricing, suspension temporaire des rachats, préavis de rachats, etc.). Ce rapport semi-annuel vient compléter celui déjà en place depuis 2014 pour les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (AIFMD – Annex IV Reporting), permettant lui aussi de suivre le profil de risque et en particulier de liquidité, toutefois selon un format et une fréquence différents.

Aux États-Unis, le régulateur financier a adopté fin 2016 des mesures concernant la gestion du risque de liquidité pour les fonds d’investissement américains, avec pour objectif d’assurer un niveau suffisant d’actifs liquides en portefeuille pour satisfaire les demandes de rachats d’investisseurs tout en minimisant l’impact pour les investisseurs restants. Cette nouvelle réglementation imposera des mesures similaires à la réglementation européenne Ucits et AIFMD avec, par exemple, un programme de gestion de la liquidité et un reporting du profil de liquidité au régulateur, et la possibilité pour les fonds d’utiliser sous certaines conditions l’outil anti-dilutif swing pricing, fréquemment employé au Luxembourg, pour gérer le coût de liquidité induit par les activités de souscriptions/rachats.

Les recommandations du Conseil de stabilité financière et les mesures récentes prises par les régulateurs luxembourgeois et américain rappellent le renforcement global de la prise de conscience collective du risque que peut représenter une mauvaise gestion de la liquidité.