«Je suis persuadé que les entreprises gagneront en productivité si elles parient sur le développement durable», a soutenu le climatologue Jean Jouzel lors de l’anniversaire des 10 ans de l’IMS. (Photo: IMS)

«Je suis persuadé que les entreprises gagneront en productivité si elles parient sur le développement durable», a soutenu le climatologue Jean Jouzel lors de l’anniversaire des 10 ans de l’IMS. (Photo: IMS)

«Il n’est pas encore trop tard.» Aux nombreux messages alarmistes sur le réchauffement climatique, le scientifique Jean Jouzel répond par un appel à l’optimisme. Invité mardi à l’occasion des 10 ans de l’IMS, l’association luxembourgeoise pour le développement des politiques de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), il a rappelé que les effets liés au changement climatique n’étaient pas encore inéluctables.

«Si l’on veut maintenir l’augmentation de la température globale sous la barre des 2°C, il faut que le pic des émissions de gaz à effet de serre soit atteint en 2020 et qu’il diminue ensuite chaque année de 5%», a-t-il expliqué devant un parterre de plusieurs centaines de personnes venues assister à sa conférence. «Il nous reste donc encore trois ans pour agir.»

Connu pour son rôle actif dans le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’Onu, qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2007, Jean Jouzel est reconnu mondialement pour ses analyses de la glace de l’Antarctique et du Groenland, qui ont permis d’en savoir plus sur l’histoire du climat.

1.000 milliards d’euros par an

L’accord de Paris sur le climat, signé en 2015 lors de la COP21, constitue un grand pas en avant, selon lui, car il confère à la lutte contre le réchauffement climatique un aspect d’universalité. Et l’annonce récente du retrait des États-Unis ne remet pas en question cette logique. Mais les engagements de chaque pays dans cette direction doivent maintenant être revus à la hausse pour atteindre des objectifs plus ambitieux.

Aujourd’hui, Jean Jouzel essaie de faire passer son message au niveau politique. «Je pense que l’Europe peut prendre le leadership de cette lutte en proposant de nouveaux modèles de développement», estime-t-il. «Le problème n’est pas l’accès à l’argent, mais la façon dont les investissements sont dirigés.»

Et pour bien faire, il faudrait que Bruxelles décide d’investir chaque année 1.000 milliards d’euros, soit environ 2% du PIB de l’Union européenne, dans des projets qui visent à réduire l’émission de gaz à effet de serre. «On a bien débloqué récemment 2.000 milliards pour sauver les banques…», a-t-il d’ailleurs rappelé.

Des dirigeants visionnaires

Plus concrètement, c’est un ensemble de solutions locales qui permettront d’inverser la vapeur. Maintenant que les États se sont mis d’accord suite à la COP21, c’est au tour de la société civile et des entreprises de compléter le travail. Et Jean Jouzel d’estimer que la lutte contre le réchauffement climatique constitue une opportunité économique à saisir.

Il n’y a pas un seul secteur économique qui ne sera pas impacté par les changements climatiques, donc tout le monde gagnera à s’engager dans cette direction. «Il faut des dirigeants qui aient des visions à moyen, voire long terme, et des actionnaires qui les suivent. Je suis persuadé que les entreprises gagneront en productivité si elles parient sur le développement durable», explique-t-il.

Et de conclure sur le même ton d’optimisme: «Je dis aux jeunes que le réchauffement climatique est une opportunité à saisir pour bâtir un monde meilleur et je les invite à prendre le pouvoir et à aller de l’avant.»