Anne Pedon-Flesch: «L’attractivité d’un territoire, c’est d’abord aider l’existant à continuer d’exister.» (Photo: Andres Lejonas)

Anne Pedon-Flesch: «L’attractivité d’un territoire, c’est d’abord aider l’existant à continuer d’exister.» (Photo: Andres Lejonas)

Madame Pedon-Flesch, la région Lorraine est héritière d’un très intense passé industriel. Cela n’est-il pas parfois un peu lourd à porter?

«Non. Ce passé fait partie intégrante de l’histoire de cette région. Il faut considérer cet héritage avec tout le respect qu’il mérite. Mon père était cadre chez MMRA (Minière et Métallurgie Rodange-Athus, ndlr.) au Luxembourg. Nous avons toujours habité près de l’usine. La richesse du territoire vient de là!
La Lorraine est plus ouverte qu’il n’y paraît au travers de ce passé industriel, de la diversité de ses habitants et de sa culture. Les changements que nous avons connus depuis font partie de l’évolution en général, notamment liée à l’ouverture des frontières. Cela a demandé une adaptation, pour vivre et même pour survivre, puisque la demande était différente.
Mais même si l’activité industrielle peut paraître en baisse, nous en dépendons encore beaucoup. Regardez le secteur de l’énergie, par exemple! C’est un créneau très porteur. Il faut aller vers ce type d’activités. L’automobile, aussi, reste très présente. Du reste, en 2010, ce secteur a connu une année très positive, et c’est tant mieux, car cela a pu apporter un souffle nouveau pour les nombreux sous-traitants qui y sont liés.

Améliorer l’attractivité économique de la région fait partie des priorités des chambres de commerce et d’industrie territoriales et régionales. Comment observez-vous la chose de votre position?

«En dehors de l’aspect touristique, avec des sites remarquables comme peuvent l’être le Centre Pompidou, l’Arsenal ou encore le château de Malbrouck, l’attractivité de la région se traduit par la bonne santé de ses entreprises. Et pour qu’elles soient en bonne santé, il faut les renforcer et les aider à vivre et à survivre, en particulier en cette période de sortie de crise. Il est vrai que l’on n’est pas encore totalement sorti de cette crise, mais tous les indices sont bien orientés.
L’attractivité d’un territoire, c’est vraiment, d’abord, aider l’existant à continuer d’exister. Ensuite, seulement, on peut penser à autre chose. La force d’un territoire réside dans les gens qui y sont, et les réseaux sont là pour aider à renforcer ce tissu économique. Du reste, pendant les trois années de ma présidence (jusqu’en juillet 2013, ndlr.), je souhaite qu’ELN s’ouvre aussi vers les autres réseaux et que nous réfléchissions ensemble sur notre valeur ajoutée respective et la façon dont nous pouvons, concrètement, venir en aide à nos adhérents en les valorisant par la mise en place de vraies relations business. Faire du business dans les réseaux est une bonne chose, à partir du moment où cela est fait dans un intérêt collectif et de manière saine.

Cette ouverture va-t-elle également se faire au-delà des frontières, vers le Luxembourg, par exemple?

«Bien sûr. Nous avons comme projet de préparer une manifestation commune avec des réseaux et des institutions luxembourgeoises, pour le début de l’année prochaine. Nous avons plein d’idées également en cours dans les domaines de la culture et du sport. Nous aimerions aussi favoriser le mariage d’entreprises des deux côtés de la frontière, par la réalisation d’actions communes et le développement de nos territoires.
Le Luxembourg est présent au sein de notre réseau. Nous avons certains adhérents qui sont d’ailleurs établis au Grand-Duché, comme la société Rotomade (entreprise de plasturgie établie à Bascharage, mais créée et gérée par un Lorrain, Antoine Machado, ndlr.), qui nous a très récemment rejoints. Nous avons d’ailleurs organisé une manifestation pour l’ensemble des membres dans les locaux de cette société, au début de l’année. Nous essayons de faire en sorte que les nouveaux adhérents puissent être ainsi mis en avant, ce qui permet une richesse dans les échanges entre des secteurs d’activité qui ne se connaissent pas forcément. Personnellement, j’ai découvert ce qu’était la plasturgie à cette occasion.»