Le terminal multimodal de Bettembourg, l'une des plateformes centrales de la logistique luxembourgeoise. (Photo: CFL)

Le terminal multimodal de Bettembourg, l'une des plateformes centrales de la logistique luxembourgeoise. (Photo: CFL)

Dire que la logistique luxembourgeoise est sur la bonne voie relèverait du jeu de mots facile. Mais sans opter pour un optimisme effréné, la 3e édition du «Logistics Day» a permis de mettre en évidence les éléments de développement du secteur. Et de replacer le Luxembourg sur la carte européenne où les concurrents – tant pays que régions – sont aussi nombreux que les routes et corridors.

L’événement était en soi le reflet de ce dynamisme progressif, marqué par un positionnement marketing récent puisque le Cluster for Logistics a seulement cinq ans, même si la logistique est une priorité gouvernementale depuis une dizaine d’années via le lancement de la nouvelle phase de diversification économique du pays.

Continuité et consolidation

Le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, est d’ailleurs venu le rappeler à l’audience lors de ce qui fut l’une de ses premières occasions de parler de cette façon au secteur depuis son arrivée au pouvoir à ce poste. Son intervention se plaçait dans la continuité de son prédécesseur, se félicitant des investissements actés par l’ancienne majorité afin que le Luxembourg devienne «un véritable hub multimodal et multi-produit en capitalisant sur sa position géographique centrale».

«La logistique emploie actuellement quelque 4% de la main-d’œuvre locale, notait en substance François Bausch. Nous devons améliorer l’offre de formation notamment à destination des personnes sans emploi qui pourraient correspondre aux besoins du secteur.» Charles Gosselin, membre du comité de Développement du Cluster for Logistics, indiquait à ce sujet dans son intervention que le Cluster envisageait de lancer, en collaboration avec le corps enseignant, un diplôme de technicien en logistique lors de la prochaine année scolaire.

Les labels, ici aussi

En rappelant que la «logistique est partout», le ministre a insisté sur l’importance du secteur sur la vie quotidienne des citoyens, en particulier dans les centres-villes, où la densité du trafic dépend par exemple des livraisons de produits.

Les conséquences environnementales étaient aussi au cœur du discours de François Bausch, qui relevait que «les nouvelles habitudes des consommateurs et la demande croissante pour les biens de production peuvent susciter des problèmes et faire baisser la qualité de vie». D’où l’appel adressé à l’attention du secteur pour souscrire au label «Lean and Green» en provenance des Pays-Bas et adopté dans d’autres pays d’Europe, désormais au Luxembourg.

Les entreprises qui veulent être estampillées aux couleurs vertes du label s’engagent à diminuer de 20% leurs émissions de CO2 dans un délai de cinq ans. Cette action, déjà en place en Belgique, fait partie des «bonnes pratiques» présentées lundi soir par Cathy Macharis, professeure à la VUB (Bruxelles) et spécialiste de la mobilité.

Son exposé replaçant la logistique dans le contexte général des interactions entre différents modes de transport a livré quelques réflexions intéressantes. Dont l’usage d’une calculatrice à destination des professionnels pour mesurer les coûts de leur logistique ou le recours – quoi que limité aux petits volumes – aux véhicules électriques.

 

 

«Le Luxembourg présente des particularités à différents égards, mais il est confronté aux mêmes tendances économiques et donc aux mêmes enjeux en matière de transports», déclarait la professeure. L’une des pistes d’amélioration concerne le transport de véhicule à vide, qui représente 20% du trafic en Europe. Pour optimiser ces ressources et réduire l’impact environnemental, il conviendrait d’imaginer des collaborations entre sociétés, même entre compétiteurs.

L’exemple de Procter & Gamble qui complète ses camions avec des produits Tupperware était cité. Les tests réalisés à Bruxelles autour d’une nouvelle forme d’acheminement des colis en ville via de plus petits véhicules ou un centre de dispatching itinérant l’ont été aussi. Mais ces bons exemples ne peuvent, à ce stade, devenir des généralités, faute de prise en compte suffisante de tous les interlocuteurs concernés par la chaîne logistique, des transporteurs aux citoyens en passant par les pouvoirs publics.

«L’accès aux données informatiques est crucial», estimait pour sa part Joan Amoros, secrétaire général de Ferrmed, une association née de la volonté du secteur, en particulier ferroviaire, d’améliorer sa compétitivité via le recours à des normes communes. «Nous avons besoin d’inciter les gouvernements nationaux et la Commission européenne à partager leurs informations concernant les flux de logistique, ce qui permettrait de concevoir des applications dont nous avons besoin.»

Augmenter la cadence

De compétitivité, il en fut aussi question lors de l’intervention d’Alain Krecké qui, deux mois auparavant, occupait la fonction de manager du Cluster for Logistics. «Nous voulons développer nos infrastructures de Bettembourg et les améliorer d’ici 2016 afin d’augmenter notre capacité jusqu’à 300.000 containers par an», déclarait le désormais head of sales and marketing de CFL Multimodal. «Grâce à notre réseau, nous pouvons connecter différents points importants en Europe, Bettembourg jouant le rôle de hub pour l’Europe du Sud et Duisburg pour les pays du nord.»

Face à l’engorgement des autoroutes et dans la mouvance de l’économie d’énergies, en particulier fossile, le transport multimodal alliant route et rail semble avoir le vent en poupe. La mise en place de trois trains hebdomadaires reliant Bettembourg à Lyon est en phase de finalisation, avec l’objectif à terme d’un train quotidien. La 4e connexion hebdomadaire entre Duisburg et Trieste en Turquie a été lancée ce mardi.

«Le transport multimodal est un sujet clé qui nécessitera à l’avenir un partenariat public privé», estimait, en ouverture de séance, le président du Cluster for Logistics, Carlo Thelen.

À l’instar d’autres secteurs, le Luxembourg devrait, dans ce cas aussi, opter pour des investissements de niche et de services à valeur ajoutée. La logistique «made in Luxembourg» sera d’ailleurs à l’affiche, entre autres, d’une mission économique du 6 au 9 mai en Pologne.