Le bourgmestre de Schengen, Ben Homan, met en exergue les valeurs positives de l'espace du même nom synonyme de levée de frontières pour la CEE de 1985. (Photo: Mike Zenari / archives)

Le bourgmestre de Schengen, Ben Homan, met en exergue les valeurs positives de l'espace du même nom synonyme de levée de frontières pour la CEE de 1985. (Photo: Mike Zenari / archives)

L’histoire a commencé en octobre dernier, lorsque le conseil communal de Schengen suivit le bourgmestre Ben Homan et adopta à l’unanimité une proposition d’ajouter le nom de la commune à celui de la Grande Région afin de la rendre plus identifiable. «Le nom de Schengen a une renommée internationale, qui pourrait profiter à l’ensemble de la Grande Région», justifie à l’époque Ben Homan dans les colonnes du Quotidien. Le bourgmestre a franchi une étape supplémentaire en soumettant la proposition au gouvernement luxembourgeois, d’après la Süddeutsche Zeitung.

Corinne Cahen, ministre à la Grande Région, confirme avoir transmis l’idée à ses partenaires de Wallonie, de Lorraine, de la Rhénanie-Palatinat et de la Sarre. «L’idée n’a pas enthousiasmé tout le monde», rapporte Roger Cayzelle, président de l’Institut Grande Région. «Je trouve que le nom n’est pas idiot, mais d’autres jugent le concept mal vu.» La symbolique des frontières ouvertes n’émeut pas tout le monde. Même au sein du gouvernement luxembourgeois, le nom suggéré n’emporte pas l’unanimité.

Quand le Grand Est brouille les cartes

«Tous nos partenaires de la Grande Région sont d’accord pour dire qu’il faut trouver un autre nom», souligne Corinne Cahen, jointe par Paperjam.lu. «Je n’ai fait que les sonder pour savoir ce qu’ils pensaient de ‘Grande Région Schengen’. Certains ont trouvé cela génial, d’autres moins bien, d’autres enfin n’aiment pas du tout.»

Un sondage discret car la ministre, toute déterminée qu’elle fût à rebaptiser la Grande Région, a de la mémoire. «La Sarre avait organisé un concours en 2003, 3.000 propositions ont été reçues et aucune retenue», rappelle-t-elle. L’autre contre-exemple plus récent vient de France et de la jeune «grande région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine», où une consultation publique et plusieurs groupes de travail d’horizons divers avaient fini par proposer un trio de noms que le public a retoqués, optant pour un quatrième sans âme, Grand Est.

Et justement, «le terme de ‘Grande Région’ est difficile à vendre depuis que la région Grand Est est apparue», estime Roger Cayzelle, avec des «grandes régions» partout en France et des «grandes régions» transfrontalières à travers l’UE.

Le seul critère qui me tiendrait à cœur serait un nom prononçable de la même façon en français et en allemand.

Corinne Cahen, ministre à la Grande Région

Les propositions qui circulent depuis vingt ans que la Grande Région existe – ses fondateurs auraient pu y penser plus tôt, plaisante Roger Cayzelle – se concentrent sur les massifs montagneux ou les fleuves. Grande Région Meuse? ou Meuse-Moselle-Sarre? Voire Grams (Grande Région Ardennes Moselle Sarre)?

«Le seul critère qui me tiendrait à cœur serait un nom qui fût le même et prononçable de la même façon en français et en allemand», tranche Corinne Cahen. Toutes les idées sont les bienvenues.»