Selon la Banque centrale du Luxembourg, la croissance européenne qui se généralise et se renforce «laisse envisager des évolutions positives dans les autres secteurs de l’économie luxembourgeoise.» (Photo: Maison moderne / archives)

Selon la Banque centrale du Luxembourg, la croissance européenne qui se généralise et se renforce «laisse envisager des évolutions positives dans les autres secteurs de l’économie luxembourgeoise.» (Photo: Maison moderne / archives)

Dans le Bulletin 2017/1 publié par la Banque centrale du Luxembourg ce lundi, les voyants sont toujours au vert, ce qui ne manque pas d’interpeller les analystes de la BCL: «Le niveau de croissance actuellement chiffré à 4,2 % en 2016 est quelque peu surprenant, dans la mesure où aucun indicateur d’activité mensuel ou trimestriel relatif aux secteurs phares de l’économie ne laissait supposer une progression aussi élevée.»

Ce taux de croissance du PIB réel est «en accélération» par rapport à 2015. Il marquerait la quatrième année consécutive portée par une croissance supérieure ou égale à 4%. La BCL attribue en grande partie ce niveau de croissance aux exportations nettes de biens et services.

Un secteur financier requinqué

Pour 2017, le pays devrait poursuivre sur sa lancée. La BCL anticipe une croissance du PIB de 4,6%, «soit un niveau plus élevé qu’anticipé en décembre dernier» (0,7 point de pourcentage). Depuis la fin 2016, la forte progression des marchés boursiers a directement – et favorablement – pesé sur le premier trimestre 2017 avec une hausse du patrimoine des fonds d’investissement et des résultats des banques.

«De manière plus générale, le secteur financier devrait ainsi retrouver en 2017 un dynamisme plus vigoureux, ce qui est important compte tenu du rôle de ce secteur dans l’économie», se réjouit la BCL, qui observe par ailleurs que la croissance européenne qui se généralise et se renforce «laisse envisager des évolutions positives dans les autres secteurs de l’économie luxembourgeoise».

Du reste, selon les enquêtes d’investissement menées en avril dernier auprès des chefs d’entreprises, la BCL indique que les dépenses d’investissement du secteur manufacturier pourraient progresser fortement en 2017, à un rythme qui n’a plus été observé depuis 2001.

Décélération à partir de 2018

Il n’est pas dit, pour autant, que la croissance se maintienne une fois de plus au-dessus des 4% pour les années suivantes.

Ainsi la Banque centrale anticipe-t-elle une légère décélération pour 2018 et 2019, avec des taux atteignant respectivement 3,9% et 3,6%, «dans un contexte de stabilisation de la croissance mondiale et d’une impulsion plus réduite des marchés boursiers.»

La BCL rappelle également ses calculs d’impact des mesures fiscales prises en début d’année, tout comme elle l’avait fait lors de son avis rendu sur le budget 2017. Cet impact serait d’environ 1,5% du PIB pour 2017 et de 1,7% pour 2018, dont approximativement les deux tiers bénéficieraient aux personnes physiques. «Ces allégements fiscaux augmenteront le pouvoir d’achat des ménages et la capacité d’investissement des entreprises, mais une partie de cette augmentation des revenus sera épargnée et n’aura donc pas d’incidence sur l’activité économique», prévient la BCL.

Une inflation à surveiller

Sur le front de l’inflation, les indicateurs sont moins enthousiasmants. En mai, le taux de variation de l’indice des prix à la consommation national s’était établi à 1,7%. Selon les projections de la BCL, l’inflation se situerait aux alentours de 1,8% en 2017, de 1,7% en 2018 et de 2,0% en 2019.

La Banque centrale identifie trois facteurs expliquant la forte accélération depuis le début de l’année: la dissipation des effets de base liés au recul du prix du pétrole en début d’année 2016; le paiement au 1er janvier dernier d’une tranche indiciaire et, enfin, une hausse projetée de l’inflation sous-jacente dans la zone euro.

En comparaison avec l’exercice de décembre 2016, les projections d’inflation ont été marginalement ajustées à la hausse pour l’année 2017 et légèrement à la baisse pour l’année 2018.

Structurellement favorable

La Banque centrale indique par ailleurs que par rapport à d’autres économies de la zone euro qui font face à des besoins d’ajustements internes ou externes importants, les caractéristiques structurelles du Luxembourg «demeurent relativement favorables». Du reste, fin 2016, la Commission européenne avait noté que le pays «n’était pas en déséquilibre au sens de la ‘procédure de déséquilibre macroéconomique’».

En revanche, trois indicateurs du tableau de bord établi par Bruxelles étaient dans le rouge: la dette du secteur privé, les crédits octroyés au secteur privé et les prix immobiliers.