Dominique Matera : « Le temps n’est  plus aux formations choisies au hasard. » (Photo : Julien Becker)

Dominique Matera : « Le temps n’est plus aux formations choisies au hasard. » (Photo : Julien Becker)

Monsieur Matera, quelles évolutions avez-vous constatées quant aux formations continues, ces dernières années ?

« Le nombre d’entreprises qui sollicitent le cofinancement étatique ne cesse d’augmenter. Actuellement, plus de 1.200 sociétés en béné­ficient chaque année, représentant quelque 150.000 salariés de l’économie privée. Si, au début, nous touchions pour beaucoup les grandes sociétés, aujour­d’hui, cette courbe s’infléchit au bénéfice des PME. Cette tendance s’explique aisément : le gisement des PME est important et nous avons encore un travail de sensibilisation et de promotion à effectuer à leur endroit. Le deuxième constat que les données mettent en exergue est en lien, je pense, avec la crise. En effet, le passage de 2008 à 2009 a montré une chute de tous les indicateurs : le taux de participation financière à la formation (ensemble de l’investissement divisé par la masse salariale), l’espérance de formation (nombre de jours de formation qu’un salarié peut espérer suivre en une année) et l’investissement direct moyen par salarié (investissement direct divisé par l’effectif) ont connu une diminution notable pour se stabiliser les années suivantes.

À l’évidence, les entreprises investissent moins d’un point de vue global, mais investissent différemment : les formations intègrent plus de participants sur une durée plus courte. Je pense ainsi que la crise a incité les entreprises à penser la formation d’une autre manière, à mieux la cibler. Le pendant de cela est que l’offre de formation doit évoluer. Les offreurs doivent s’adapter, être plus créatifs, plus exigeants aussi.
Dans ce contexte, comment voyez-vous l’avenir ? « La crise a été, je crois, un déclencheur qui a conduit à appréhender différemment la formation, en orientant un nombre toujours plus important de participants vers des formations qualifiantes et certifiantes, voire diplômantes.
En parallèle, les pouvoirs politiques ont la volonté de développer une stratégie nationale du lifelong learning. Pour ce faire, ils ont rédigé un livre blanc qui reprend un certain nombre de mesures, et plus particulièrement deux d’entre elles qui ont vocation, pour l’une, de concentrer les données sur une plateforme – ce que l’INFPC a déjà conçu au travers de son portail lifelong-learning.lu – et, pour l’autre, de développer la qualité des formations tout au long de la vie. Le temps n’est plus aux formations choisies au hasard.

Quels sont les profils recherchés au sein de l’INFPC ?

« Nos besoins RH sont en phase avec notre Observatoire de la formation. Nous recherchons ainsi, pour l’Observatoire, un profil scientifique. D’un autre côté, la stratégie nationale qui souhaite donner une nouvelle envergure à la formation continue a d’ores et déjà décidé de décliner les actions à entreprendre en plusieurs mesures. De leur future mise en œuvre, à définir par une commission consultative du lifelong learning, va dépendre notre action. Quand nous aurons davantage d’éclairages, nous pourrons peaufiner notre feuille de route. Peut-être faudra-t-il alors passer par de nouveaux recrutements.

Existe-t-il des aspects que vous changeriez pour améliorer encore votre secteur d’activité ?

« Le souci le plus important est de faire travailler tous les acteurs en consensus.

J’aimerais également pouvoir accentuer les échanges avec les entreprises afin d’apprécier la qualité de mise en œuvre de la formation au regard des efforts qui ont été réalisés par les entreprises, les pouvoirs publics et les organismes de formation. En ce sens, je souhaiterais recueillir plus d’informations sur la qualité de mise en œuvre des formations, un domaine à creuser pour estimer l’efficacité de la formation. Je considère en effet qu’il nous faut encore travailler sur l’amélioration des pratiques et les mesures de l’évaluation. Tout un chantier ! »