Christoph Lemke (SES, au premier plan): «Tout le monde doit avoir accès aux outils de formation dont il a besoin.» (Photo: Blitz / LSC)

Christoph Lemke (SES, au premier plan): «Tout le monde doit avoir accès aux outils de formation dont il a besoin.» (Photo: Blitz / LSC)

La deuxième édition du salon de la formation continue universitaire (FCU), qui s’est tenue ce jeudi à l’initiative de la Chambre de commerce, a permis de remettre un coup de projecteur sur un domaine d’activités encore méconnu de la part des entreprises.

«Sur 3.192 demandes d’aides à la formation continue introduites en 2013, 547 (soit 17%, ndlr) concernaient des demandes en formations universitaires de type bachelor, master ou doctorat», a indiqué Jerry Lenert, pédagogue au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en charge de la coordination du Centre de documentation et d’information sur les études supérieures, à l’occasion de la table ronde qui s’est tenue en ouverture de ce salon.

Pourtant, l’exigence du maintien – et du développement – des compétences des salariés, quel que soit leur secteur d’activité, constitue une évidence. La formation continue répond à cette exigence, et plus spécifiquement, la formation continue universitaire se positionne comme une solution attractive pour les entreprises.

«Les diplômes universitaires n’ouvrent pas toutes les portes en entreprise. C’est là que la formation continue universitaire intervient pour développer les soft skills et continuer à promouvoir les évolutions de carrière, y compris pour des gens qui ont démarré leur carrière sans le moindre diplôme», a précisé Valérie Massin, HR coordinator Luxembourg chez ArcelorMittal. «La formation complémentaire universitaire permet d’asseoir et de valider des connaissances précédemment acquises et de promouvoir l’évolution de carrière.»

Savoir faire passer le message

Miser sur les seules compétences techniques initiales ne suffit plus. Dans le secteur bancaire, où près de 25% des personnes employées ont un niveau de formation initiale inférieure au bac, la réalité quotidienne incite à une remise en question permanente.

«Nos clients sont à un niveau de connaissance qui n’était pas le même il y a 10 ans», constate Albert Mersch, head of HR business partners, directeur adjoint à la Bil. Le savoir, ce n’est plus à nous de l’enseigner. C’est le client qui l’amène! C’est pour combler ce gap que l’on a affaire à des universités au niveau régional, notamment sur le plan comportemental, savoir-faire et managérial. Mais la clé de tout réside dans la façon dont l’employé sera convaincu du bien-fondé et de l’utilité de cette formation, en termes de sécurisation d’emploi et d’employabilité sur le long terme. Comme on est, par définition, axé sur le court terme, on a parfois tendance à sauter cette étape-là.»

Autre secteur d’activité, mais approche similaire: chez SES aussi, on mise sur une symbiose optimale entre l’employé et son besoin en formation. «Dans la fixation des objectifs annuels que nous réalisons, nous demandons à chaque personne de définir deux objectifs pour leurs propres développements», explique Christoph Lemke, senior manager learning & development chez l’opérateur de satellites. «L’entreprise ne peut pas former tous les employés tout le temps. Mais elle doit faire en sorte que tout le monde puisse avoir accès aux outils de formation dont il a besoin. On touche évidemment le point de la responsabilité individuelle, mais à partir du moment où l’employé reconnaît le bénéfice qu’il peut tirer d’une telle formation pour lui et pour l’entreprise, il sera prêt à investir du temps et de l’argent dedans.»

Pour que la FCU soit efficace, il convient que l’université comprenne parfaitement l’entreprise et ses besoins. «On peut donner un savoir et un savoir-faire, mais la différence se fera au niveau de la transmission du savoir-être», assure Éric Tschirhart, professeur de physiologie et vice-recteur académique de l’Université du Luxembourg. «Cela permet d’assurer l’insertion du diplômé dans la vie active, de manière rapide, efficace et durable, ce qui est indispensable pour que les étudiants soient reconnus. L’université a un rôle essentiel à jouer en termes de formation continue, en particulier en matière d’économie, de gestion, de finance et d’IT. Il convient alors de trouver des solutions organisationnelles pour former les gens en horaires décalés afin de garder la possibilité de créer de la valeur au sein de l’entreprise.»

Une relation intense

Vu du côté de l’université, il n’est pas question d’accueillir ces «étudiants» à part, mais bel et bien de les insérer dans un cursus universitaire «classique». «Cela permet aux salariés de retrouver une certaine jeunesse environnementale avec des gens qui ont des nouvelles idées.»

«Une relation intense doit exister entre le prestataire de la formation et l’utilisateur final, c’est-à-dire l’entreprise», a complété Jerry Lenert.

La richesse de ces échanges, Tom Leick, administrateur de production des théâtres de la Ville de Luxembourg depuis 2006, l’a connue. Comédien de formation, titulaire d’un BA (Hons) Degree en arts dramatiques décroché au Drama Centre London, il s’est retrouvé en 2009 sur les bancs de la Sacred Heart University pour y suivre, pendant près de trois ans, un MBA en gestion.

«J’ai suivi cette formation, car je ne voulais pas suivre une formation dans le domaine de la culture, mais je voulais plutôt appliquer une formation en gestion au domaine culturel. C’était pour moi l’expérience la plus étonnante que j’ai réalisée: voir comment mon métier de comédien pourrait être utile dans le monde de l’économie ou du commerce, par une facilité de faire une présentation, mais aussi comment les outils de l’économie et du commerce peuvent être utiles dans le monde culturel. Tout au long de sa vie,on est en train de ramasser les petites pièces d’un puzzle et le développement personnel, social et humain est aussi important que les cours que l’on suit.»