Jérôme Grandidier: «Un incubateur pour faire pousser de jeunes structures.» (Photo: Julien Becker )

Jérôme Grandidier: «Un incubateur pour faire pousser de jeunes structures.» (Photo: Julien Becker )

Monsieur Grandidier, quel est l’événement le plus marquant des derniers mois, selon vous, dans votre secteur d’activité?

«La migration des besoins clients: jusqu’à présent, les grosses structures cherchaient surtout des m2 au sein des data centers; aujourd’hui, ces mêmes entreprises, tout comme les PME, souhaitent des solutions clefs en main (data center, connectivité, services annexes) qui puissent croître au rythme de leurs activités. Cette tendance me fait dire que nous rentrons vraiment dans le cloud, même si cette notion a été galvaudée. Je dirais aussi que la question de la protection des données a pris une nouvelle importance.

Quels sont les piliers sur lesquels vous comptez appuyer votre croissance?

«La connectivité (fibre optique), les data centers et les services autour de ces derniers (du services de base aux services complets fournis en outsourcing). Sur cinq années, nous sommes devenus, en partant de rien ou presque, le premier opérateur international du Luxembourg vers l’étranger. Notre croissance passe par l’étranger, comme elle est tributaire de l’attrait de l’extérieur pour le Luxembourg. Aujourd’hui, notre pays dispose d’infrastructures performantes (data centers et connectivité), d’une redondance et des compétences d’un haut niveau. Il lui manque encore un accès facilité aux financements pour les start-up. Pour favoriser l’implantation de jeunes structures, nous avons développé un incubateur. Certaines connaissent déjà un beau succès.

Quels sont les profils que vous avez le plus de mal à recruter?

«Nous n’avons pas de réelles difficultés à recruter. Nous allons chercher les talents au-delà de la Grande Région et les attirer au Luxembourg ne pose pas de problème: ils sont flexibles, mobiles et les distances ne leur font pas peur. Paris est à moins de deux heures, Londres joignable en une heure. Quant aux profils moins pointus, nous les recrutons dans le bassin régional puis nous les faisons évoluer en interne.

Quel type de manager êtes-vous?

«Je suis un manager collaboratif et horizontal, car si une personne fait mal son travail, les répercussions se ressentent sur toute l’entreprise. J’écoute mes collaborateurs, je bénéficie de l’expérience de tous pour en tirer une synthèse. Il ne s’agit pas d’un management strict et très hiérarchisé. Je m’applique à faire en sorte que tout le monde tire dans le même sens, en maintenant un environnement de travail agréable et serein.

Quelles sont vos principales qualités?

«La ténacité. Je pars du principe que lorsqu’un objectif est bien et juste, je vais jusqu’au bout. Je sais néanmoins me remettre en question.

Et vos principaux défauts?

«Je peux montrer trop de précipitation, victime de mon enthousiasme… Surtout à mes débuts, j’avais envie que les choses aillent vite. Mais je me suis amélioré. En revanche, je crains d’avoir un côté impulsif qui peut déranger…

Si vous aviez dû faire autre chose, qu’auriez-vous aimé faire?

«Plus jeune j’aurais aimé être avocat. Aujourd’hui, ce serait plutôt ambassadeur du Luxembourg en France. J’aime les relations politiques qui mêlent négociations, médiations, conciliations. Et puis, je dois avouer que la maison du Luxembourg en France est magnifique (rires).

Comment voyez-vous votre société dans cinq ans?

«Quand on a lancé notre projet il y a cinq ans, on nous a pris pour des fous. Aujourd’hui, nous avons atteint nos objectifs. Dans cinq ans, je souhaiterais que le Luxembourg soit devenu le cœur des data centers en Europe et de la connectivité. Et que Telecom Luxembourg soit un opérateur majeur de gestion, depuis ici, pour des données basées un peu partout.»