Bastien Larue: «Historiquement le cycle économique du Luxembourg est très comparable à celui de la zone euro.» (Photo: paperJam / Archives)

Bastien Larue: «Historiquement le cycle économique du Luxembourg est très comparable à celui de la zone euro.» (Photo: paperJam / Archives)

La croissance du PIB en 2016 et 2017 est nettement inférieure à celle de l’emploi. Quelles sont les principales explications?

En effet, la croissance du PIB en volume s’élève à 2,0% par an sur cette période, contre 3,2% pour l’emploi. Cette trajectoire du PIB, qui témoigne d’un ralentissement par rapport aux années précédentes (4% par an en 2014 et 2015), est surprenante. L’analyse montre que cette moindre croissance ne relève pas d’un mouvement général de ralentissement, mais principalement de phénomènes isolés.

Le retraitement statistique de quelques opérations exceptionnelles de groupes multinationaux présents sur le territoire du Grand-Duché ont eu un effet baissier notable sur la valeur ajoutée des services non financiers et par là même sur le PIB. On est donc face à un ralentissement qui relève plus de facteurs techniques que conjoncturels.

Doit-on anticiper une révision à la baisse des prévisions pour 2018?

La réponse est clairement oui, et deux arguments majeurs vont dans ce sens. Le premier, c’est que la croissance observée sur les deux premiers trimestres de 2018 tourne autour de 3% en rythme annuel, soit moins que les 4% escomptés dans la prévision établie au printemps 2018, et que l’on n’attend pas un renforcement significatif de cette dynamique sur le restant de l’année.

La deuxième raison, c’est que les perspectives de croissance de la plupart des pays européens ont été révisées à la baisse pour 2018, ce qui aura un impact direct et négatif sur la demande extérieure adressée au Luxembourg. 

Le Luxembourg doit-il craindre du ralentissement économique en zone euro?

Oui, car historiquement le cycle économique du Luxembourg est très comparable à celui de la zone euro. Le Luxembourg a certes enregistré une croissance plus forte que la zone euro sur les vingt dernières années, mais les phases conjoncturelles traversées (ralentissement, récession, reprise, etc.) sont globalement les mêmes. L’ouverture élevée de l’économie luxembourgeoise à l’international, avec une orientation des échanges largement concentrée sur ses partenaires de la zone euro, y est bien entendu pour beaucoup. 

La zone euro est effectivement entrée dans une phase de ralentissement, confirmée par des chiffres de croissance plus faible depuis le début de 2018 et le repli des indicateurs de confiance des acteurs économique. Ce ralentissement est pour le moment modéré, mais les risques baissiers entourant les perspectives sont plus élevés qu’avant, notamment en raison des tensions commerciales internationales actuelles.