Un fort taux d’emploi des femmes a eu un impact positif sur la croissance économique des pays nordiques.  (Photo: Licence C.C.)

Un fort taux d’emploi des femmes a eu un impact positif sur la croissance économique des pays nordiques.  (Photo: Licence C.C.)

Et si le fait de combiner un haut taux d’employabilité des femmes ainsi qu’une politique favorable à la famille pouvait aider la croissance? L’expérience depuis près de 50 ans des pays nordiques semble le montrer. Une étude de l’OCDE du 14 mai dernier montre que ces deux politiques combinées ont permis d’augmenter la croissance du PIB par habitant de 10 à 20%.

Danemark, Norvège, Suède, Finlande, ainsi que l’Islande ont fait beaucoup d’efforts pour que les femmes soient actives sur le marché du travail. Un pari gagnant selon l’OCDE: le PIB par habitant dans la région serait inférieur de 1.500 dollars en Finlande et jusqu’à 9.000 dollars en Norvège si le taux d’emploi des femmes était resté au niveau où il se situait au milieu des années 60. La Finlande avait déjà pris de l’avance en la matière, de fait les résultats sont moins importants, souligne l’étude.

«L’égalité entre les sexes est à la fois un droit humain fondamental et un facteur essentiel de croissance inclusive», a déclaré José Ángel Gurría, secrétaire général de l’OCDE, à l’occasion de la présentation du rapport à Montréal lors du Forum 2018 des politiques sociales de l’OCDE, avant d’ajouter: «Les pays nordiques se sont davantage rapprochés de l’objectif de l’égalité entre les femmes et les hommes que la plupart des autres pays de l’OCDE. L’élimination des dernières disparités permettrait d’obtenir de nouvelles retombées économiques et sociales, mais il faudra pour cela un engagement renouvelé.»

Au Luxembourg, 67,5% de femmes entre 20 et 64 ans travaillent

Alors que la moyenne du taux d’emploi des femmes est de 66,5% dans l’Union européenne des 28, le Luxembourg se situe un peu au dessus avec 67,5% de femmes entre 20 et 64 ans qui travaillent, contre 75,4% d’hommes, selon des chiffres d’Eurostat de 2017.

À titre de comparaison, au Danemark, ce taux est de 73,7% pour les femmes (80,2% pour les hommes), en Suède de 79,8% (contre 83,8% pour les hommes) et en Finlande, on compte 72,4% de femmes actives (contre 75,9% d’hommes).

Ces efforts des pays nordiques ont donc contribué à diminuer les écarts de taux d’emploi entre hommes et femmes, qui sont désormais les plus bas des pays de l’OCDE, à environ 4 points de pourcentage, contre 12 points en moyenne dans l’OCDE. Les mères sont plus susceptibles d’occuper un emploi à temps plein que partout ailleurs, et les couples se répartissent généralement les travaux rémunérés et non rémunérés de manière plus équitable que dans la plupart des pays de l’OCDE.

Il faut continuer une politique de réelle égalité, qui est une priorité pour ces pays.

Anik Raskin, chargée de direction au Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL)

Mais il ne faut pas se réjouir pour autant, car ces chiffres du taux d’emploi ne font pas la distinction entre emploi à temps plein et temps partiel. Ainsi, en moyenne, un tiers des femmes employées le sont à temps partiel.

Un facteur déterminant: «Il faut comparer ces chiffres avec des équivalents temps plein», relativise Anik Raskin, chargée de direction au Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL). «Est-ce que cela veut dire que les femmes des pays nordiques sont plus autonomes que les autres? Les Danoises sont à 30% à temps partiel, les Luxembourgeoises le sont à 25%. La différence, c’est que dans les pays nordiques les hommes aussi se mettent au temps partiel, 17% au Danemark contre 4% au Luxembourg. Mais je crois qu’il faut continuer une politique de réelle égalité, qui est une priorité pour ces pays. À titre individuel, il ne faut pas oublier que le temps partiel, ce sont des salaires moins élevés, et donc des retraites plus petites. J’aimerais voir l’état de richesse des individus plutôt que le PIB.»