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Le 4 septembre, le G20 va commencer à Hangzhou dans la banlieue de Shanghai, et le PC chinois a mis les petits plats dans les grands pour montrer «patte verte» au reste du monde pendant la durée du sommet: restriction très sévère de la circulation automobile, fermeture préventive des sites de production les plus polluants, etc. Au-delà de ces mesures autoritaires, le gouvernement chinois est bien conscient que son modèle économique basé sur une surconsommation du charbon, de loin l’énergie fossile la plus polluante, est une impasse.

Alors nous pouvons nous réjouir du fait que «la présidence chinoise a incontestablement joué un rôle très positif», comme le souligne Christophe Nijdam, secrétaire général de Finance Watch, une ONG installée à Bruxelles. La Chine a pu s’appuyer sur un momentum plus large qui a vu récemment plusieurs grandes institutions internationales lancer des initiatives importantes. L’Onu pousse aussi dans ce sens, comme l’a redit la semaine passée son nouveau président. Les Échos se réjouissent pour leur part de l’explosion du marché des green bonds, même s’il reste encore très modeste par rapport au marché obligatoire mondiale et la place financière luxembourgeoise compte bien jouer un rôle dans leur essor.

Par contre, ces obligations vertes le sont-elles vraiment dans les faits? Là encore - et ce débat est ouvert chaque fois que l’on évoque un produit de type investissement socialement responsable -, il y a à boire et à manger entre les produits sérieux et ceux qui relèvent du greenwashing. Le très sérieux FT est lui-même assez prudent: en effet, il n’existe pas de définition propre ni de label international permettant de qualifier une obligation verte. Pire encore, le chercheur indépendant Maxime Combes cite le cas de transnationales utilisant ces obligations vertes pour financer la construction de grandes installations qui vont causer bien plus de dégâts qu’elles vont apporter de solutions. Maxime Combes précise aussi que l’aspect social lié aux investissements dans les obligations vertes n’est abordé au mieux qu’à la marge.

Bref, s’il faut saluer cette initiative, nous devons rester encore très vigilants pour la mise en place de critères sérieux (y compris sociaux donc) concernant l’émission de ces produits financiers et garder aussi à l’esprit que la transition énergétique ne pourra pas se faire uniquement avec des instruments financiers, et surtout pas en espérant que la croissance (y compris verte) du PIB soit un modèle de sortie de crise. Le professeur Gael Giraux l’a remarquablement expliqué dans cet article: espérons qu’il soit entendu!