«Sans paraître trop prétentieux, notre objectif à moyen terme est de devenir le Intel Inside des grandes marques de chaussures», explique Malik Issolah, le responsable Marketing d’Epsilon. (Photo: Anthony Dehez)

«Sans paraître trop prétentieux, notre objectif à moyen terme est de devenir le Intel Inside des grandes marques de chaussures», explique Malik Issolah, le responsable Marketing d’Epsilon. (Photo: Anthony Dehez)

S’il y a 10 ans on inventait le smartphone, aujourd’hui l’avenir est à la smartshoe: voilà en substance comment Malik Issolah, 25 ans, a vendu sa petite entreprise au jury de cette demi-finale régionale de la Startup World Cup, qui se tenait dans les locaux d’EY Luxembourg. Originaire de Nancy, Epsilon produit des semelles intelligentes capables de chauffer les pieds ou d’analyser les appuis et la posture d’un individu en train de marcher ou de courir, grâce à une application.

Devenir le Intel Inside de la chaussure

La société, qui embauche déjà 19 personnes, a vendu 30.000 paires de semelles connectées en 2016 pour un chiffre d’affaires de deux millions d’euros et dit porter des discussions «avancées» avec Puma pour un transfert de technologie dans les chaussures de la marque allemande.

Forte d’une dizaine de brevets, la jeune pousse nancéienne n’a pas beaucoup de concurrents sur le marché et affiche une grande confiance. «Sans paraître trop prétentieux, notre objectif à moyen terme est de devenir le Intel Inside des grandes marques de chaussures», explique Malik Issolah, qui est le responsable Marketing de l’entreprise. «Notre fondateur n’a pas pu venir, car il recevait une grosse délégation américaine», ajoute-t-il sans donner plus de détails.

Seize finalistes à San Francisco

La start-up n’est toutefois pas une inconnue des grands rendez-vous technologiques internationaux. Présente au CES de Las Vegas en 2016, elle avait déjà beaucoup fait parler d’elle. Mais Epsilon n’a pas encore franchi l’Atlantique.

«Si nous gagnions le prix d’un million de dollars, nous ouvririons des bureaux aux États-Unis», a d’ailleurs indiqué Malik Issolah au jury, ajoutant que cela représentait de toute façon un objectif à court terme de l’entreprise.

Des semelles de 99 à 199 euros

Mais la compétition sera grande. Seize finalistes du monde entier devront défendre leur projet le 24 mars prochain à San Francisco. Organisée par Fenox VC, une société de capital-risque de la Silicon Valley, la Startup World Cup est aussi une bonne occasion de présenter un projet à des investisseurs friands des «early stages».

En attendant, les deux semelles produites par Epsilon, qui coûtent entre 99 et 199 euros, sont vendues en France dans les grandes chaînes de distribution de produits électroniques, comme Boulanger, et devraient bientôt être disponibles dans les magasins de sport.

L’Europe reste à la traîne

Au total, 10 start-up de la région se sont présentées durant la soirée. L’analyse des données était au centre des préoccupations de ces jeunes pousses, mais les domaines d’activité très différents.

Ainsi, Nomoko a présenté un capteur photographique de 1.500 mégapixels grâce auquel elle compte reproduire virtuellement les grandes villes et ainsi offrir une possibilité d’interagir avec la réalité, autant pour les développeurs de jeux vidéo que les architectes. Ou Sesamm, qui a conçu un algorithme capable de jauger l’humeur des marchés financiers grâce à l’analyse des émotions qui ressortent des commentaires et articles rédigés sur la toile.

La Startup World Cup a organisé trois demi-finales régionales en Europe, les deux autres étant au Royaume-Uni et en République tchèque. Les trois finalistes européens auront toutefois une lourde tâche. Selon l’un des participants à la demi-finale luxembourgeoise, les États-Unis restent en effet bien en avance dans ce domaine, notamment grâce à des investisseurs bien plus généreux qu’en Europe.