La Chambre de commerce soulève les enjeux de la représentativité des organes de décision de l’Uni et de sa légitimité à la tête du futur centre de gestion de la formation professionnalisante. (Photo: Mike Zenari / archives)

La Chambre de commerce soulève les enjeux de la représentativité des organes de décision de l’Uni et de sa légitimité à la tête du futur centre de gestion de la formation professionnalisante. (Photo: Mike Zenari / archives)

Le projet de loi déposé le 8 mai dernier par le ministre de l’Enseignement supérieur, Marc Hansen, vise à mettre au goût du jour la structure choisie dans la loi de 2003 créant l’Uni.

Introduit en pleine crise budgétaire de l’Uni, il mise sur une montée en puissance du conseil de gouvernance, qui sera désormais chargé de nommer le recteur, les vice-recteurs et les doyens, et d’engager le directeur administratif et financier. Le ministre de l’Enseignement supérieur transfère donc ses pouvoirs de nomination afin de marquer l’autonomie accrue à la tête de l’Uni – même si les membres du conseil de gouvernance demeurent désignés par le gouvernement.

Critiquée par la Chambre des salariés, cette refonte de la gouvernance reçoit un écho plus positif de la Chambre de commerce dans son avis de 9 pages. «La Chambre de commerce approuve certaines adaptations dans la mesure où elles permettent de consolider et de compléter les organes de décision en faveur d’une gouvernance plus claire et efficace de l’Université», indique l’avis de la Chambre patronale.

L’occasion n’a pas été saisie pour optimiser la représentativité socio-économique au sein des organes de l’Université.

Chambre de commerce

Elle insiste notamment sur l’«importance qu’elle accorde à une représentation des acteurs du secteur privé, au niveau des instances de décision en général et au sein du conseil de gouvernance en particulier», puisqu’«établir des liens étroits avec le monde de l’économie luxembourgeoise permettra à l’Université d’être en phase avec les besoins économiques actuels et futurs du Luxembourg».

À ce titre, la Chambre de commerce «regrette que l’occasion n’a pas été saisie dans le cadre du projet de loi sous avis pour optimiser la représentativité socio-économique au sein des organes de l’Université». Selon elle, les quatre membres du conseil de gouvernance extérieurs au monde universitaire sont en «déséquilibre représentatif» face aux cinq professeurs d’université qui complètent le conseil de gouvernance. «Au vu de l’importance de cet organe, une procédure serait à mettre en place, permettant à la communauté universitaire, à d’autres institutions nationales et internationales et aux acteurs de la société civile d’être consultés dans le processus de sélection», suggère la Chambre, qui avance l’idée d’un «conseil consultatif permanent, composé notamment de représentants de différents secteurs économiques et de la société civile, afin de pouvoir aviser et orienter, par un avis externe, en complément des avis internes émis par le conseil universitaire, les activités de l’Université».

La Chambre de commerce souligne aussi sa perplexité devant le «cadre réglementaire lourd et vaste» proposé par le projet de loi – mais qui devra être complété par un règlement intérieur fixant les «règles et responsabilités entre le conseil, le recteur et le directeur administratif et financier dans la gestion courante des affaires de l’université». Elle souhaite aussi davantage de flexibilité concernant le nombre de centres interdisciplinaires, limités à six, mais qui devraient pouvoir être aussi nombreux que l’Uni le désire. Ou encore concernant le nombre d’«unités d’enseignement» minimales que doivent prester les professeurs.

Un «statut singulier, voire monopolistique» pour l’Uni

Déplorant le statut «singulier, voire monopolistique» accordé à l’Uni, la Chambre de commerce rappelle surtout que l’enseignement supérieur ne se limite pas à cet établissement et déplore que le dispositif d’accréditation pour des institutions ou programmes étrangers soit aussi rigide et peu réactif.

«Compte tenu de la complexification croissante de l’économie, il s’agit désormais de favoriser l’émergence d’un système d’enseignement supérieur à la fois performant et diversifié pour mieux répondre aux multiples défis auxquels le Luxembourg sera confronté dans le futur», plaide la Chambre patronale. «Sans mettre en doute la position et la plus-value unique de l’Université à une échelle académique, la Chambre de commerce estime que, dans ce contexte, les formations supérieures à vocation professionnalisante représentent un deuxième pilier indispensable pour contrecarrer l’évolution inquiétante évoquée par de nombreux représentants d’entreprises, suivant laquelle les compétences des salariés sont de moins en moins en adéquation avec les besoins du terrain.»

Raison pour laquelle la Chambre de commerce a créé, conjointement avec la Chambre des métiers, l’Institut supérieur de l’économie (Isec), l’un des quatre établissements d’enseignement supérieur spécialisés avec BBI (School of International Hospitality & Tourism Business), UBI (United Business Institutes) et Lunex - International University of Health, Exercise & Sports SA.

D’autres acteurs, dont les chambres professionnelles font indéniablement partie, ont davantage de légitimité dans [l]e domaine [de la formation professionnalisante].

Chambre de commerce

Un paysage que le projet de loi prévoit de compléter avec la création d’un centre de gestion pour la formation continue et professionnelle universitaire, sous forme de GIE, amené à l’Institut universitaire international Luxembourg (lUIL). Un centre placé sous la surveillance de l’Uni et de son ministère de tutelle. Or, la Chambre de commerce «se doit d’exprimer son étonnement quant à ce projet qui n’a aucunement fait l’objet d’une consultation préalable avec les acteurs-clés de l’économie», souligne-t-elle. «Les domaines de formation visés par le futur centre restent inconnus. Selon l’avis de la Chambre de commerce, l’Université doit se concentrer avant tout sur son objectif primaire, qui est celui du développement de l’enseignement et de la recherche académique, voire des formations de haut niveau en tant que passerelles naturelles vers les doctorats et, in fine, les professions académiques ‘high end’.»

La Chambre patronale estime que «d’autres acteurs, dont les chambres professionnelles font indéniablement partie, ont davantage de légitimité dans [l]e domaine [de la formation professionnalisante] de par leur expérience et expertise historique, d’une part, et au vu de leur proximité avec le monde des entreprises, d’autre part. Ceci d’autant plus que les initiatives précitées, dont celles des chambres professionnelles, ne font pas appel aux subsides publics». Et de réclamer une «concertation étroite» entre les chambres professionnelles et l’Uni, aussi bien que l’implication des premières dans la gouvernance du futur centre de gestion pour la formation continue.