Maître Guy Castegnaro (Castegnaro Cabinet d’Avocats) (Photo: Olivier Minaire)

Maître Guy Castegnaro (Castegnaro Cabinet d’Avocats) (Photo: Olivier Minaire)

Flexibiliser la rémunération de ses collaborateurs... L’expression, qui grince aux oreilles des salariés et des syndicats, est plus agréable à celles des employeurs. Le but de cette pratique est a priori de motiver les salariés, mais également d’assurer une rémunération qui soit en adéquation avec leur utilité économique. Quoi qu’il en soit, la législation offre un certain nombre de possibilités de personnaliser la rémunération d’un employé.

Me Guy Castegnaro, avocat au barreau de Luxembourg et spécialisé dans les questions de droit social, confirme que les moyens ne manquent pas dans ce domaine. «La rémunération est souvent divisée en partie fixe et partie variable. Cette dernière dépend souvent de l’assiduité, de l’engagement et des résultats du salarié. Il y a une sorte de zone grise, qui vient du fait qu’il faut savoir si la partie variable, ou tout autre complément de salaire, doit être considérée comme un élément de salaire obligatoire… autrement dit, cette partie variable est-elle un droit acquis ou non?»

Au cours des derniers mois, de nombreuses polémiques se sont faites jour à propos du niveau du coût du travail au Luxembourg. Pour Me Castegnaro, il ne faut pas y lire une trop grande rigidité dans le cadre réglementaire dans son ensemble, mais une critique ciblée. «Quand les employeurs se plaignent du coût du travail, ils se plaignent essentiellement de l’indexation automatique des salaires qui est prévue par la loi et dont une réforme est actuellement en discussion.» Autrement dit, l’individualisation des rémunérations, qui est une tendance de fond dans de nombreuses entreprises, ne va pas ralentir, et ce d’autant que peu de secteurs les ont encadrées. «Les seules limites légales sont celles mises en place par la CSSF dans le secteur financier. Il s’agit de règles dans le cadre d’une nouvelle politique de rémunération visant les salaires et bonus importants dans la finance.» Il faut noter que dans ce même secteur financier, les négociations sur la convention collective dans le secteur bancaire voient les employeurs insister pour faire passer les rémunérations complémentaires au salaire dans la catégorie «personnalisées», alors que les syndicats s’y opposent fortement.

Le salarié a-t-il intérêt à réclamer, de son côté, une flexibilisation de son salaire? «Non, pas vraiment, reconnaît Me Castegnaro. Le salarié a surtout intérêt à jouer la carte des droits acquis… ce qu’il fait ou tente de faire d’ailleurs régulièrement. Une flexibilisation de la rémunération est souvent seulement intéressante pour les personnes ayant des fonctions très importantes et des rémunérations correspondantes.»
Reste une catégorie de «revenus» à ne pas négliger: les avantages non salariaux, comme la voiture, et tous les autres avantages en nature, qui ne sont pas à proprement parler des rémunérations, mais qui peuvent s’avérer, malgré tout, être des facteurs décisifs, notamment à l’heure de recruter un collaborateur.