Marc Nickts travaille à Sacem Luxembourg depuis 2006 et il en assure la gérance depuis 2010. (Photo: Mike Zenari)

Marc Nickts travaille à Sacem Luxembourg depuis 2006 et il en assure la gérance depuis 2010. (Photo: Mike Zenari)

Monsieur Nickts, pouvez-vous tout d’abord nous rappeler quelles sont les missions de la Sacem Luxembourg?

«La Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) Luxembourg est une gestion collective. Nous collectons à l’échelle du territoire luxembourgeois les droits des auteurs-compositeurs et éditeurs musicaux du répertoire mondial, et nous répartissons ensuite ces droits. Nous collectons ces droits pour l’exécution publique, c’est-à-dire quand les œuvres sont diffusées dans un lieu public, mais aussi quand les œuvres sont reproduites, par exemple sur un vinyle. Nous avons des contrats de réciprocité avec plus de 200 sociétés de droit d’auteur du monde entier qui viennent de 176 pays différents. Ceci nous permet de représenter le répertoire mondial sur le territoire luxembourgeois.

À quand remonte la création de cette société civile?

«La Sacem et la SDRM (Société pour l’administration du droit de reproduction mécanique des auteurs, compositeurs et éditeurs) se sont unies le 8 novembre 2002 pour créer une société de droit luxembourgeois: la Sacem Luxembourg. Cette société s’est constituée société civile, c’est-à-dire que nos membres sont les propriétaires de la Sacem Luxembourg, et a commencé ses activités le 1er janvier 2003. C’est une collaboration unique en Europe.

Combien de membres avez-vous?

«Lorsque nous avons créé la Sacem Luxembourg en 2003, nous comptions environ 200 membres. Aujourd’hui, nous avons plus de 800 membres actifs inscrits à la Sacem et nous traitons plus de 7.000 dossiers de clients utilisateurs. Bien que nous travaillions beaucoup avec le back-office de la Sacem en France et que nous avons un site internet qui permet d’optimiser les demandes de renseignements, nous accordons toujours une part importante au contact humain. Nous avons donc besoin de locaux qui nous permettent de mettre en œuvre ceci et de gérer les dossiers individuellement comme nous le faisons.

Aujourd’hui, nous avons plus de 800 membres actifs inscrits à la Sacem et nous traitons plus de 7.000 dossiers de clients utilisateurs.

C’est une des raisons pour lesquelles vous avez déménagé?

«Entre autres. Depuis 1978, la Sacem était hébergée dans un appartement transformé en bureau de la rue Goethe dans le quartier de la gare. Si le local convenait au début, il n’était tout de même pas parfait. Nous n’avions pas de salle de réunion par exemple. Or c’est un élément important, car comme nous représentons des auteurs-compositeurs de tous les horizons, il est important qu’ils puissent disposer d’un local pour se réunir et s’informer sur les actualités du droit d’auteur. Nous avons également une commission représentante des membres qui doit se réunir régulièrement et donc a besoin d’un lieu de réunion. Par ailleurs, l’appartement devenait vraiment vétuste et les travaux de rénovation représentaient un investissement important pour un local qui ne correspondait plus à nos besoins. Avec 100 m2, et une activité et un nombre de membres et de clients croissants, nous ne pouvions plus rester dans ces bureaux. Aussi, nous avons pris la décision de chercher un nouvel espace de travail.

Comment se sont alors déroulées vos recherches?

«Suite aux incidents que nous avons à la rue Goethe, nous avons décidé avec nos partenaires, qui sont la Sacem France et la SDRM (Société pour l’administration du droit de reproduction mécanique des auteurs, compositeurs et éditeurs) France, de chercher un nouveau local. Pour cela, nous avons d’abord analysé nos besoins et nos attentes en interne. La Sacem France, qui était déjà propriétaire de l’appartement rue Goethe où la Sacem Luxembourg était locataire, a souhaité poursuivre ce schéma. Nous avons donc cherché un bien en vente pour la Sacem France tout en sachant que nous en serons donc les locataires. Pour cela, nous avons mandaté un cabinet d’immobilier, Keops, en collaboration avec Inowai. Ce processus a duré plus ou moins deux ans. Nous avons visité une vingtaine de biens.

Quels étaient vos critères de recherche?

«Nous avions déterminé qu’il nous fallait entre 200 et 250 m2, en prenant en compte une marge d’évolution et de croissance pour les années à venir. Par ailleurs, il est écrit dans nos statuts que nous devons rester à Luxembourg-ville. Ce choix d’emplacement n’est pas lié à une question d’image, mais d’accessibilité afin que tous nos membres, qui sont répartis sur l’ensemble du territoire, puissent nous rejoindre facilement, aussi bien par des moyens de transport individuels que collectifs. En choisissant de nous installer au 76, rue de Merl, nous bénéficions d’une proximité avec les axes autoroutiers, la gare n’est pas loin et le bus s’arrête devant notre porte. Pour les voitures, bien que nous ne disposions pas de parking client, le P+R Bouillon n’est qu’à quelques mètres, accessible à pied, et offre donc une grande capacité de parking gratuit.

Aviez-vous fait en amont une étude de vos méthodes de travail pour les analyser et ainsi mieux déterminer votre situation et votre évolution potentielle?

« Bien évidemment, ce déménagement a été l’occasion pour notre équipe d’analyser notre travail quotidien, nos besoins. C’est un moment clé dans l’histoire de la Sacem Luxembourg. Nous sommes une petite équipe de sept personnes et chacun a sa spécialité. Nous avons donc profité de ce changement pour analyser nos habitudes de travail et avancer ensemble.

Si le cadre de la collecte des droits reste le même depuis plusieurs années, l’utilisation des droits a évolué, ce qui implique une évolution également dans nos méthodes de travail. Chacun a fait cette analyse pour son poste et s’est organisé pour atteindre les nouveaux objectifs à l’occasion de notre installation dans ces nouveaux locaux.

Pouvez-vous nous donner un exemple de changement?

«Nous avons par exemple consacré l’avant de notre local à l’accueil de nos sociétaires. Ils ont maintenant accès à un ordinateur où nous pouvons les former à la déclaration de leur œuvre en ligne, depuis leur ordinateur à la maison. Il y a une table et des chaises qui invitent à s’asseoir, à partager un moment ensemble, à dialoguer. Parfois, il y a même des nouveaux projets qui peuvent naître ici. Nous souhaitons être une maison des auteurs qui a la capacité de les accueillir et d’être un lieu de rencontre pour eux. Cela n’a jamais été possible auparavant. Au niveau de l’infrastructure informatique, nous bénéficions maintenant d’un système très performant et nous sommes reliés à la fibre optique, ce qui n’était pas le cas dans les anciens locaux. Cette dimension du réseau internet était importante dans nos critères de recherche, car nous travaillons constamment avec le back-office de la Sacem France, et cela nécessite une connexion performante.

Nous accordons toujours une part importante au contact humain.

Comment avez-vous conçu l’aménagement intérieur?

«La surface de ce rez-de-chaussée était vendue dans un état brut. Nous avons donc pu aménager l’espace tel que nous le souhaitions. Nous n’avons pas eu de contrainte par rapport à un aménagement intérieur déjà existant. Chacun a écrit ses attentes et nous avons rassemblé tous les souhaits. À partir de ces données, nous avons réalisé différentes configurations possibles. Puis, nous avons travaillé ces différentes propositions pour en trouver une qui convienne à tout le monde et qui corresponde au mieux à nos besoins. Pour la réalisation, je tenais à faire travailler des sociétés luxembourgeoises. Nous avons notamment travaillé avec la plâtrerie Irthum qui, au-delà des travaux de réalisation, nous a également accompagnés dans la conception des aménagements. Nous avons par exemple fait le choix d’installer des cloisons amovibles, ce qui nous permettra de modifier l’espace dans le futur si besoin.

Pour quelle configuration de bureaux avez-vous opté?

«Nous avons à la fois des bureaux partagés par plusieurs personnes quand le travail de ces personnes le permet, ou des bureaux individuels pour des postes comme la comptabilité qui nécessitent calme et concentration.

Avez-vous installé un système de sonorisation dans vos bureaux?

«Pas dans l’ensemble de l’espace, mais nous pouvons mettre de la musique dans l’espace d’accueil sociétaire et dans notre salle de réunion. Par ailleurs, tous les membres de l’équipe sont des passionnés de musique et l’écoutent individuellement et selon leurs souhaits.

Ce déménagement a-t-il été l’occasion d’une campagne de communication particulière?

«Le logo n’a pas changé depuis 2003, mais nous avons retravaillé nos brochures avec le studio Bakform. Nous avons aussi demandé à Mik Muhlen d’Omniscient Being de réaliser un graphisme à partir des notes de musique pour notre vitrine. Parallèlement à cela, nous avons fait une recherche d’anciennes partitions musicales que nous avons accrochées dans notre espace d’accueil. Avec ces partitions, nous souhaitons montrer que la création musicale a une histoire ancienne au Luxembourg et que nous avons des musiciens de renommée depuis plusieurs siècles. Pour communiquer sur le changement d’adresse, nous avons envoyé un courrier à nos membres et utilisateurs avec notre nouvelle brochure.

Ce travail a été fait en collaboration avec Mélanie Delannoy.

D’un point de vue financier, comment avez-vous géré ce déménagement?

«Nous n’avons pas le droit de faire de bénéfice dans notre activité. Donc le coût du déménagement a été planifié dans nos charges et cela avait été négocié au préalable avec mes associés.

Et si c’était à refaire, vous feriez les choses autrement?

«Peut-être ou peut-être pas. C’est encore trop tôt pour le dire. C’est un bâtiment tout neuf. Il faut donc y vivre et travailler pour expérimenter nos différentes routines et en tirer des conclusions.»

Parcours
Tout pour la musique
La carrière de Marc Nickts est linéaire et entièrement dédiée à sa passion pour la musique.

Depuis l’âge de 15 ans, Marc Nickts navigue dans le milieu de la musique luxembourgeoise. Diplômé d’une école de commerce, il a poursuivi avec des études de sociologie à Trèves et a également suivi de nombreuses formations pour jeunes adultes à la Chambre de commerce et en France. Après une première expérience comme indépendant, il rejoint la Sacem Luxembourg en 2006, son «premier vrai employeur». Il a d’abord occupé le poste de responsable des relations sociétaires et de la SDRM au sein de la Sacem Luxembourg, avant de devenir en octobre 2010 gérant de la Sacem Luxembourg. «C’est un métier que l’on n’apprend pas, explique Marc Nickts. Le droit d’auteur est un domaine bien particulier et j’ai donc suivi de nombreuses formations en interne, avec la Sacem France, pour apprendre ce métier. Ce qui me plaît dans ce métier est que je suis persuadé que la gestion collective est la meilleure façon de garantir une rémunération aux créateurs. De nos jours, la musique est omniprésente et chacun pense que la musique doit être soutenue. Mais dès qu’on pense économie de la musique, on oublie les créateurs. Et c’est précisément ce point qui me plaît le plus: le fait que je puisse m’investir à 100% pour les créateurs de musique qui sont trop souvent mis de côté dans la chaîne d’utilisation de la musique.»