Les collaborateurs de Dexia au Luxembourg ont presque tous passé un bon week-end. L’accord conclu avec la Commission européenne sur le plan de restructuration de la banque, suite aux aides publiques dont elle a bénéficié pendant la crise, a été rendu public vendredi. Il ne prévoit pas de coupes sombres au Grand-Duché, comme certains le redoutaient.
La cession de la participation de 50% dans RBC Dexia (société spécialisée dans la conservation et l’administration de fonds d’investissement détenue en commun avec Royal Bank of Canada) et la vente de Dexia BIL avaient successivement été évoquées. Il n’en est rien.
Le communiqué ne fait pas explicitement référence à ces deux entités, mais le paragraphe «perspectives d’avenir» est suffisamment clair pour qu’il n’y ait pas de doute sur la poursuite des activités grand-ducales à l’intérieur du périmètre de l’établissement: «A l’avenir, Dexia continuera à développer ses métiers principaux:
- Public and wholesale banking, particulièrement en France et en Belgique, ses marchés historiques.
- La banque de détail et commerciale en Belgique, au Luxembourg et en Turquie.
- L’asset management, l’assurance, et les services aux investisseurs (justement fournis par RBC Dexia, ndlr.).»
Plan de départs volontaires
Les termes de la restructuration sont pourtant assez draconiens, puisqu’ils prévoient notamment que le bilan de la banque franco-belge sera réduit de 35% d’ici à 2014 et que les coûts seront réduits de 15%.
Dans le cadre de cette politique de réduction des coûts, Dexia BIL confirme en revanche la deuxième tranche de son plan de départs volontaires annoncée en septembre dernier. Après la petite centaine de suppressions de postes en 2009, celle-ci prévoit 143 départs supplémentaires au Grand-Duché en 2010 et 2011, dont 128 chez Dexia BIL et 15 dans les filiales à 100% (Dexia Technical Services, Dexia Asset Management, Dexia Life & Pensions). La banque compte notamment sur les départs naturels, retraites et préretraites pour parvenir à ses fins.
Outre ce plan, Dexia BIL a procédé vendredi à trois licenciements individuels pour faute ("pour motif" en termes juridiques) au plus haut niveau de sa division banque privée. Ces mesures ont pris effet sur-le-champ. La banque reproche à ses anciens cadres, dont Eric Le Vernoy, responsable du département et membre du comité de direction, d’avoir préparé un projet personnel, incompatible avec leurs activités professionnelles.
Les deux autres licenciés sont Kris De Souter, responsable de la stratégie d'investissement et Laurent Nadin, responsable du data management pour l'activité banque privée. C'est Frank Wagener, le président du comité de direction, qui se charge lui-même de l'activité journalière de la banque privée, en attendant qu'Eric Le Vernoy ne soit remplacé. Agé de 58 ans, Eric Le Vernoy avait rejoint Dexia BIL le 1er mars 2007, après avoir effectué l'intégralité de sa carrière au sein du groupe BNP Paribas. "Il n'y aura de conséquences, ni pour la banque, ni pour les clients", rassure Tom Anen, responsable des relations presse de Dexia BIL. Les trois cadres n'ont pu être joints.
Le plan de restructuration confirme enfin que «Dexia renoncera à l’obligation convertible de 376 millions d’euros», à laquelle le Grand-Duché du Luxembourg était censé souscrire dans le cadre du plan de sauvetage de la banque à l’automne 2008.