Françoise Reuter: «Trop peu de clients sont prêts à se lancer dans une direction bien définie.» (Photo: Julien Becker)

Françoise Reuter: «Trop peu de clients sont prêts à se lancer dans une direction bien définie.» (Photo: Julien Becker)

Madame Reuter, quel est l’événement du secteur qui vous a le plus marquée ces derniers mois?

«L’Eurobest Festival of Creativity, à Helsinki en décembre 2014. J’ai été captivée par la capacité de certaines marques à communiquer avec rigueur et de façon conséquente, sur des positionnements et des messages clairs, limités à l’essentiel. Le marché a ses exigences et les agences ont le know-how pour y répondre. Cependant, à Luxembourg, trop peu de clients sont prêts à se lancer dans une direction bien définie, de façon systématique. On y favorise la publicité tactique, souvent au détriment d’une stratégie de communication globale et intégrée.

Quels sont les piliers sur lesquels vous comptez appuyer votre croissance?

«Le premier est sans nul doute la créativité: c’est l’idée qui compte, avec sa composante stratégique et sa dimension créative. Le deuxième repose sur notre volonté d’accentuer le dialogue entre marques et clients afin de créer l’engagement de ces derniers. La dimension mobile et sociale est prépondérante à ce niveau. Enfin, nous voulons renforcer encore notre capacité à conseiller plutôt que seulement répondre à une demande. Il faut nous imposer chaque jour davantage comme le partenaire d’une communication globale et intégrée, pertinente et créative.

Certains profils sont-ils difficiles à recruter?

«Des talents, il en sort chaque année des écoles. Mais la valeur ajoutée ne devient effective que lorsque le savoir théorique passe l’épreuve du monde réel. De ce fait, ce n’est pas tant une expertise précise qu’une personnalité curieuse et capable d’initiative que nous recherchons. Une personnalité avec une culture générale globale et locale, maîtrisant les langues, qui dispose du savoir, du savoir-faire et du savoir être. De tels profils existent mais sont difficiles à embaucher.

Quel type de manager êtes-vous?

«Je suis arrivée au management par étapes, ce qui m’a permis de développer mes compétences et ma maturité globale. Je connais vraiment le fonctionnement de l’entreprise (chose vitale pour un manager), les rôles et jobs de chacun. Dans nos métiers, l’équipe détermine le succès. Il est primordial qu’elle soit homogène, que chacun y trouve sa place, que l’ambiance soit bonne. Je veille donc à maintenir cette harmonie. J’opte pour une hiérarchie horizontale où chacun a son rôle à jouer.

Quelles sont vos principales qualités?

«J’aime le dialogue et l’interactivité. Je pense avoir les qualités d’écoute, de compréhension, de confiance, d’enthousiasme et de stimulation qui me permettent de donner en permanence de nouvelles impulsions, de nouvelles inspirations, de faire sortir les gens de leur zone de confort.

Et vos principaux défauts?

«Je suis impatiente! Les projets qui n’avancent pas, les discussions qui tournent en rond, cela m’exaspère. Et il m’arrive de manquer de diplomatie, raison pour laquelle je n’aurais pas pu faire de politique.

Si vous aviez dû exercer un autre métier, qu’auriez-vous aimé faire?

«Enfant, je voulais faire ambassadrice aux Seychelles… Plus sérieusement, j’aurais aimé devenir réalisatrice. Mais, pour des raisons de timing, cela ne s’est pas fait.

Comment voyez-vous votre société dans cinq ans?

«Une agence totalement intégrée, capable de conseiller globalement et avec une expertise réelle dans les différents domaines de communication. Une agence parmi les plus créatives et les plus efficaces, grâce à un accompagnement pointu à tous les niveaux. Enfin, une agence considérée comme un partenaire et non un fournisseur, un peu à la manière des grands bureaux de consultance…»