Les acteurs et l’apparence changent, mais la philosophie reste. La Banque centrale du Luxembourg, à la tête de laquelle Gaston Reinesch est arrivé en janvier 2013, fait valoir son statut d’institution indépendante du pouvoir exécutif en invitant le gouvernement installé en décembre à ne pas se laisser bercer par les doux signes de l’amélioration conjoncturelle.
La BCL indique ainsi que ses prévisions macroéconomiques de décembre 2013 sont susceptibles d’être légèrement revues à la hausse. Elle avait tablé sur une croissance entre 1,6% et 2,2% pour 2013 et entre 1,1 et 3,1% pour 2014. Mais au regard des évolutions favorables en janvier 2014 du marché de l’emploi, notamment de l’emploi frontalier, plus sensible à la conjoncture, de l’indice de confiance des consommateurs et des immatriculations de voitures neuves, les prochaines projections de la BCL, prévues en juin, pourraient s’avérer plus positives que prévu.
Ainsi, l’indicateur d’activité de la BCL, qui intègre l’information la plus pertinente d’une centaine de séries, indique que le glissement annuel du PIB au quatrième trimestre pourrait s’établir entre 1,4 et 2,5%. Par conséquent, le taux de croissance du PIB réel pourrait se rapprocher du haut de la fourchette pour l’année 2013. Le taux de croissance du premier trimestre 2014, en glissement annuel, s’établirait lui à 2,9% selon l’indicateur.
Pas d’excès d’euphorie
La BCL prévient par ailleurs contre tout excès d’euphorie: «La croissance réelle du Luxembourg se situe en tout cas nettement en deçà de la ‘croissance historique luxembourgeoise’. Cet ‘atterrissage’ vers un taux tendanciel plus bas est porteur de nombreux défis, dans le domaine des finances publiques notamment.»
La Banque centrale salue à cet égard les efforts faits par le gouvernement pour stabiliser la dette publique à 23% du PIB et le solde des administrations publiques à 0,2% du PIB, mais prévient, «la situation devrait se dégrader d’ici la fin de la législature en l’absence de mesures nouvelles». Une invitation donc à songer à la «révolution copernicienne» en matière de budget à laquelle le ministre de tutelle, Pierre Gramegna, avait fait référence.
L’étiolement des recettes de la TVA liée au commerce électronique à partir de 2015 et la progression des prestations sociales (qui passeraient de 22,8% à 23,3% du PIB de 2013 à 2015) font figure de réelles menaces sur les recettes sur lesquelles la BCL rappelle son droit de regard. «Comme l’affirme la Banque centrale européenne dans son avis du 18 décembre 2013 sur le projet de loi n°6597 relatif à la coordination et à la gouvernance des finances publiques, afin de mener à bien ses missions en matière de finances publiques, la BCL devra bénéficier d’un accès inconditionnel, en temps utile et automatique, à l’ensemble des statistiques des finances publiques», est-il indiqué dans le bulletin.
La BCL publie également dans ce bulletin ses nouvelles projections d’inflation, effectuées à taux de TVA constants, «faute d’information suffisamment précise à ce stade», le gouvernement n’ayant pas encore fait savoir quand les taux seraient augmentés de 2%. L’inflation serait donc modérée, autour de 1,6%, notamment sous l’effet de la chute des prix de l’énergie, estimée à -3,8% en 2014 (-2,7% en 2013).