Est-ce le début de la fin de la politique accommodante de la Banque centrale européenne? La réponse se voudrait prudente au vu de la communication lancée jeudi depuis Francfort. 

Au sortir de la réunion de son conseil des gouverneurs, la BCE a annoncé que le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement demeurera inchangé, à 0%. Il en est de même pour ceux de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt, respectivement à 0,25% et -0,40%. 

Mais les observateurs ont relevé une nuance dans la communication de l’institution présidée par Mario Draghi au sujet des «mesures non conventionnelles de politique monétaire». La BCE confirme certes le rythme de ses rachats de dettes publiques et privées, à hauteur de 30 milliards d’euros par mois «jusque fin septembre 2018 ou au-delà, si nécessaire, et, en tout cas, jusqu’à ce que le conseil des gouverneurs observe un ajustement durable de l’évolution de l’inflation conforme à son objectif», précise le communiqué de la BCE.

Mais il n’est plus question d’accroître le volume de ce programme, qui pèse déjà 2.400 milliards d’euros depuis son lancement en mars 2015. La mesure de «quantitative easing» avait déjà entamé une décrue en avril 2016 en passant de 80 à 60 milliards d’euros mensuels, puis à 30 milliards depuis janvier.

Prudence et patience

«La croissance récente de l’économie a été suffisamment suffisante pour permettre à la BCE d’abandonner son engagement d’augmenter si nécessaire l’ampleur et la durée de sa politique d’assouplissement monétaire», déclare en réaction à cette annonce Brendan Lardner, directeur EMEA de la gestion de portefeuille au sein de l’équipe Active Global Fixed Income chez State Street Global Advisors. «Si ses prévisions de croissance à court terme ont de nouveau été révisées légèrement à la hausse, ses perspectives sur l’inflation sont en léger repli. La Banque centrale européenne est de plus en plus convaincue que la croissance supérieure à la tendance devrait continuer, mais pas encore suffisamment pour signaler un changement majeur dans son orientation prospective («forward guidance») concernant la fin des rachats d’actifs et le calendrier de ses premières hausses de taux. Une certaine prudence reste de mise, la BCE attendant des signes plus nets d’une pression inflationniste plus forte avant de signaler toute nouvelle mesure vers une normalisation de sa politique monétaire.»