David Schmidt: «Une accélération de la relocalisation d’activités manufacturières dans les pays développés est possible.» (Photo: archives paperJam)

David Schmidt: «Une accélération de la relocalisation d’activités manufacturières dans les pays développés est possible.» (Photo: archives paperJam)

Les robots existent déjà depuis plusieurs décennies. Ils sont présents un peu partout dans l’industrie, bien qu’on les retrouve principalement sur les chaînes de montage automobiles, où ils sont généralement cantonnés à des tâches fixes et répétitives.
Ces dernières années, les progrès technologiques ont été si extraordinaires que les robots de toute dernière génération permettent désormais d’apporter une réponse aux besoins de plus en plus exigeants de l’industrie tant en termes de rapidité, que de précision, de fiabilité ou de flexibilité. Dans l’industrie des semi-conducteurs et de l’électronique grand public, l’assemblage de composants sans cesse plus miniaturisés, qui va bien au-delà des capacités des mains humaines, ou encore la contraction inexorable du cycle de renouvellement des produits, constituent des défis que seule la robotique est à même de relever.

Interagir avec l’homme

Les machines d’aujourd’hui ont considérablement gagné en fonctionnalité, en autonomie et en flexibilité. Munis de caméras, de détecteurs et autres capteurs en tout genre et dotés d’interfaces logiciel programmables, elles sont également capables d’interagir avec l’homme et leur environnement, si bien que leur champ d’action tend à s’étendre bien au-delà d’applications purement industrielles. Ainsi, les robots sont dorénavant destinés à envahir les secteurs des services, aussi bien celui de la santé, que de l’entretien et du nettoyage ou encore de l’aide à la personne.
Mais le facteur décisif pour l’essor des robots est sans conteste la chute vertigineuse de leur coût. Jusqu’il y a peu, le prix de la plupart des robots industriels restreignait leur utilisation aux secteurs dont le coût de la main-d’œuvre est élevé. Or, le coût moyen des robots s’est fortement réduit. Il a chuté de près d’un tiers au cours des 15 dernières années, à tel point que ces derniers commencent à pouvoir s’imposer dans les secteurs à bas salaire, comme le l’indique Louis-Vincent Gave de la société de recherche et de conseil GaveKal («Too Different for Comfort/The Rise of the Robots – Or Princing ‘Cheap Labor’ out of the Market», 2013).

Coût unitaire moyen: 50.000 dollars

Ce coût unitaire moyen, évalué à l’heure actuelle à environ 50.000 dollars, devrait encore certainement décroître avec l’arrivée sur le marché de robots «low-cost». C’est notamment le cas de «Baxter», le robot humanoïde doté d’une intelligence artificielle évolutive de la société américaine Rethink Robotics ou encore de «Universal 5» de la société danoise Universal Robots, dont les coûts d’acquisition respectifs se limitent à seulement 22.000 et 34.000 dollars.
L’émergence de ces robots d’un nouveau genre pourrait accélérer le mouvement de relocalisation d’activités manufacturières dans les pays développés et ainsi entraîner une réindustrialisation massive, à l’instar de celle induite aux États-Unis par le gaz de schiste. D’autant plus que l'inflation des salaires dans les pays à main-d’œuvre bon marché renforce de façon spectaculaire l’attrait de la robotisation.
Il est d’ailleurs remarquable de constater que cette tendance concerne également certains pays émergents. C’est notamment le cas en Chine, où l’entreprise Foxconn (du groupe taiwanais Hon Hai Precision Industry), le plus grand sous-traitant de l’industrie électronique et le plus grand employeur du secteur privé au monde, a annoncé son intention de remplacer à terme ses 1,3 million d’ouvriers par des robots de sa propre fabrication (les «Foxbots»). Ceci, toutefois, après avoir été à maintes reprises accusé d’imposer à son personnel des conditions de travail inhumaines.

Tous les secteurs d’activité

Aujourd'hui, les progrès gigantesques accomplis par l’industrie robotique et la chute phénoménale du prix des robots ouvrent la voie à une nouvelle ère industrielle, celle où les machines pourraient s’imposer dans à peu près tous les secteurs d’activité.
Selon la Fédération internationale de la robotique (www.worldrobotics.org), l'ensemble des robots en activité au niveau mondial représente un parc de 1,3 à 1,5 million de robots. La valeur de marché des systèmes robotiques actuellement installés s’élève à 26 milliards de dollars, alors qu’il n’était encore que d’environ 11 milliards en 2005. Pour sa part, le cabinet de consultance McKinsey estime que l’impact économique global de la «robotique avancée» pourrait se chiffrer à un montant annuel de l’ordre de 1.700 à 4.500 milliards de dollars à l’horizon 2025 (McKinsey Global Institute, «Disruptive technologies: advances that will transform life, business and the global economy», mai 2013).

Abstraction faite de la transformation profonde de notre mode de vie et de notre modèle de société potentiellement induite par le phénomène robotique, il est plus que probable que ce dernier constituera une thématique d’investissement majeure dans les années à venir.