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Entretien avec: Bob Kneip, directeur général

Quelles sont les particularités de votre agence, et comment se démarque-t-elle du reste du marché?

Bob Kneip: Nous nous consacrons exclusivement à la publicité et aux publications du marché financier. Quand quelqu'un nous demande une autre forme de support ou de communication, nous refusons en bloc. Nous ne faisons aucune exception, sauf bien entendu adapter des contenus dans le contexte d'une brochure ou publication basique. Mais il n'y a aucune création propre faite par nos soins. C'est donc d'une manière tout à fait simple que nous diffuserons la corporate de nos clients sur papier ou par le biais des médias électroniques. Pour être encore plus précis: notre activité se borne à la publication de rapports financiers, d'annonces et d'avis financiers. On pourrait dire que nous faisons pour la finance ce qu'un Dan Thill (dété publicité) fait en quelque sorte dans son domaine.

Quelle est votre concurrence directe sur le marché?

B.K.: Je pense que ce marché est tellement confidentiel qu'il n'y a aucune utilité d'en parler.

Quelles sont, selon vous, les caractéristiques spéciales du marché national global: son évolution, ses forces et ses faiblesses?

B.K.: Son grand avantage, c'est qu'on n'a pas trop de problèmes à en conserver une vue globale. C'est en même temps sa plus grande faiblesse, bien sûr. Pour se démarquer sur un marché très restreint, on doit faire preuve de plus de créativité. La Grande Région présente, par ailleurs, une opportunité sublime. Avec un vivier de 400.000 habitants, nous ne sommes peut-être pas mal lotis à l'intérieur de nos frontières, mais on ne se penche pas assez sur les deux millions et demi qu'il y a autour. Autre particularité: les qualités des agences luxembourgeoises ne sont pas reconnues à l'intérieur du pays au même titre que les agences étrangères. Nous restons donc en marge, car on est prêts à dépenser deux millions à Paris, mais pour le même travail livré par une société nationale, cent mille francs sembleront déjà beaucoup.

Trouvez-vous qu'en moyenne la pub' nationale tienne la route avec les campagnes internationales, et cela aussi bien en originalité qu'en qualités techniques, ou allez-vous vous réfugier derrière le bon vieil argument du manque de budgets confortables?

B.K.: A ce sujet je n'éprouve pas l'ombre d'un doute. A savoir que la créativité ici est excellente, et que nous n'avons pas besoin d'en avoir honte. Il y a bien sûr des gens dont la mémoire ne fait que focaliser sur quelques spots minables réalisés dans le passé, et à généraliser là-dessus.

Que pensez-vous de ce boom extraordinaire qui a fait que le nombre d'agences se sont multipliées à l'infini pendant les dix dernières années? Est-ce un enrichissement ou plutôt une tare?

B.K.: Cela doit simplement être une affaire d'autorisation de commerce, que l'on obtient plus simplement dans cette branche. Personnellement, comme je situe mon activité dans une niche particulière, je ne sens pas vraiment les effets de cette prolifération. Les contacts que j'ai avec le marché de la pub passent par les réunions de Markcom, et je constate qu'au sein des associations il y a très peu de changements. Le noyau reste plus ou moins le même.

Au niveau des concepts des campagnes, avez-vous l'impression qu'il y a occasionnellement plagiat sur des créations internationales?

B.K.: Il ne faut pas s'en prendre uniquement au marché national. Il y a aussi des choses qui se ressemblent de façon étrange dans les campagnes internationales. Nous sommes quand même pas mal de pays à avoir, ne serait-ce que partiellement, les mêmes références culturelles. Cela mène parfois aussi à des doubles emplois involontaires.

Par rapport aux régies publicitaires et aux médias, trouvez-vous la situation au Luxembourg: exemplaire, plutôt moyenne, carrément navrante?

B.K.: Disons que nous revenons de très loin, mais la tendance est à la hausse dans ce domaine.

Existe-t-il encore certains tabous au Luxembourg qui vous empêchent d'aller au bout de votre créativité, ou peut-on tout oser de nos jours au Grand-Duché?

B.K.: Tout en se référant à un code d'éthique, je pense que nous devrions quand même aller plus loin  et faire preuve d'un peu plus de culot. Malheureusement, nous ne le faisons pas.

Quel effet les nouveaux médias ont-ils sur votre travail'

B.K.: Nous les voyons comme un support supplémentaire, et non pas un substitut. Ce qu'on ne trouvait que sur papier jusqu'il y a peu, se trouve aussi maintenant sur le Net. Il s'agit donc là  d'un interface technique supplémentaire, ce qui ne change absolument rien à notre travail de base.

Le multilinguisme crée-t-il des problèmes concrets au niveau de la communication publicitaire, et si oui, lesquels?

B.K.: Pour nous, le multilinguisme est devenu un must depuis longtemps, une donne qui s'impose parce qu'elle crée une plus-value dans le travail que nous effectuons dans la Grande Région.

Quelles sont vos perspectives personnelles, et comment voyez-vous celles du marché publicitaire au Luxembourg en général'

B.K.: Pour le marché, elles sont bonnes en ce moment. Il suffit de regarder l'évolution des médias en général et d'un marché économique en plein essor. Mais bien sûr, rien ne vient tout seul, et il s'agit de continuer à s'accrocher