Une semaine après la décision de la CSSF de bloquer l’acquisition de KBL par Hinduja, la banque du boulevard Royal s’interroge encore en interne sur les vraies raisons de ce refus.
L’autorité de contrôle luxembourgeoise a seulement confirmé les informations diffusées mardi par le vendeur KBC mais ne souhaite toujours pas faire de commentaires.
Selon certaines sources, c’est la capacité de financement du groupe familial indien qui était en cause. D’autres évoquent les réticences exprimées par deux régulateurs de pays où l’établissement est présent. Là encore, la CSSF ne commente pas.
Interrogé à ce propos ce lundi en conférence de presse, Yves Mersch, le président de la BCL (Banque centrale de Luxembourg) a déclaré: «Je n’ai aucune raison de douter du sérieux des autorités luxembourgeoises. Je constate seulement qu’il a fallu presque un an pour prendre cette décision. Pour notre part, nous n’avons pas été amenés à examiner cette transaction.»
Des rumeurs ont également évoqué le fait qu’Hinduja traînait des pieds dans le but de faire capoter l’opération après avoir estimé que le prix à payer (1,35 milliard d’euros) était finalement trop élevé.
Hinduja avec Luxembourg For Finance
Mais cette dernière hypothèse ne semble pas devoir être retenue. Il est vrai qu’après le 21 mai, lorsque KBC avait annoncé l’accord de vente à Hinduja, KBL était restée plusieurs mois dans l’incertitude sur la stratégie du groupe indien.
D’abord prévu après l’été, le bouclage avait aussi été repoussé à plusieurs reprises.
Mais les deux parties travaillaient en fait concrètement au projet d’intégration. Ajay Hinduja se rendait régulièrement boulevard Royal.
Etabli en Suisse, le responsable du département des services financiers du groupe avait d’ailleurs participé du 7 au 11 février à la visite de Luxembourg For Finance aux Emirats Arabes unis, en Arabie saoudite et au Liban, en compagnie du Grand-Duc héritier Guillaume et de Luc Frieden, ministre des Finances.
Le CEO de KBL, Jacques Peters, faisait également partie du voyage. Il était accompagné de quatre autres dirigeants de la banque: Rafik Fischer, Serge D’Orazio, Luc Caytan et Sigfried Marissens.
Ils avaient d’ailleurs débuté leur périple par un crochet à Mumbai en Inde, pour y rencontrer le comité de direction du groupe Hinduja.
Au Moyen-Orient, les dirigeants de KBL avaient aussi commencé à profiter du réseau du groupe Hinduja pour y rencontrer des représentants d’autorités de réglementation et d’établissements financiers sur place.
De nombreuses perspectives s’offraient à KBL, qui doit maintenant se trouver un autre repreneur.